Mercredi 14 août 2019 Qui est l’autrice de la newsletter de la semaine ? Après la chute par Julie Bernier Chère Julie, Aujourd’hui nous sommes le 29 décembre 2070, et je te souhaite un joyeux anniversaire. J’ai, enfin tu as, enfin nous avons 75 ans ! Je sais que t’es très étonnée de recevoir cette lettre parce que – bah déjà je t’écris du futur et c’est pas chose courante – mais aussi parce que tu ne pensais pas vivre si longtemps. Eh bien félicitations, tu l’as fait ! Attention, ne te méprends pas, tout n’a pas été tout rose dans ta vie, et le monde que t’as connue quand t’étais petite est loin d’être celui dans lequel j’évolue aujourd’hui. Mais à Quand la finance s’est effondrée en 2021, l’argent a commencé à perdre de sa valeur. Petit à petit, l’Etat a perdu le contrôle en essayant de se maintenir à tout prix. Un acharnement thérapeutique à la faveur de la croissance, de l’accumulation, la compétition, la souffrance et le darwinisme social, qui n’a pourtant pas suffit à faire perdurer le capitalisme. Et c’est là que tout s’est effondré. La chute de la société thermo-industrielle a été prétexte à des lois toujours plus liberticides, injustes et anti-démocratique, et finalement, l’éveil T’étais pas là pour le vivre, tu t’étais enfuie dans le fin fond de la France pour vivre dans ton petit coin en attendant que ça arrive. T’avais baissé les bras. Je t’en veux pas, je sais bien que t’as essayé de toutes tes forces de convaincre le plus de gens possible de faire les bons choix jusqu’à ce que tu perdes espoir, mais avec le recul, j’aurais bien aimé prendre part à cette révolte. Sur certains territoires, les gens se sont serrés les coudes pour assurer les besoins primaires de tous. Très vite, des réseaux de voisinage se sont créés, chaque parcelle de jardin et L’hiver, pour faire face aux manques d’énergie et aux températures extrêmes, les familles se sont regroupées pour vivre ensemble et surtout accueillir les personnes les plus fragiles et isolées. On a fait en sorte de n’oublier personne. C’est dans la coopération qu’on a trouvé notre force. Les On avait peur que les températures extrêmes nous fassent crever la dalle. Mais crois-le ou non, encore une fois, la nature s’adapte. On a commencé à replanter des centaines de graines différentes grâce à la résistance d’un réseaux qui cachait depuis des années un immense stock de graines paysannes interdites aux agriculteurs, et on a observé leur évolution. Année après année, certaines se sont endurcies, Si ça peut te rassurer, t’as réussi à fabriquer le foyer dont tu rêvais : une petite maison en bois-terre-paille d’une vingtaine de mètres Tu vas être tellement émue de voir ce que l’intelligence collective est capable de faire. Ensemble, des micro-communautés vont réinventer de nouvelles sociétés inclusives, équitables, manuelles, créatives et libres. Je te parle pas de lois sur un papier. Je te parle d’une vraie liberté, et donc d’une vraie égalité. Pas des soit-disant libertés données aux dominés par les dominants pour justifier leurs privilèges. Et au-delà de nos idéaux et de nos valeurs, toi qui vient de te mettre à la permaculture, tu seras bouleversée de voir à quel point sa philosophie a inondé notre quotidien. Chaque prise de décision dépend du respect de la terre, des écosystèmes En parlant de relations de dominations, tu te demandes sûrement si la fin du capitalisme a mis fin au patriarcat. (Sinon, c’est que ma lettre est arrivée trop tôt, et si t’as 16 ans, t’as probablement aucune idée de ce que je te raconte depuis le début). Eh bien de ce côté là aussi, il y a du mieux, du vraiment mieux. Nous devons toujours faire attention que la culture de la domination ne re-germe pas dans les processus de décision et de répartition des tâches; ou encore qu’une Tu diras à mamie que t’as pas changé d’avis finalement, sur le fait de ne pas avoir d’enfant. D’ailleurs, de nombreux couples ont décidé de ne pas enfanter, que ce soit pour réguler la population mondiale, ou dans la peur de ce que leur vie serait. Mais ne t’inquiète pas, tu es merveilleusement bien entourée. Aujourd’hui tout le monde te considère comme une véritable bible du vivant. Tu as, comme tu l’imaginais, passé ta vie à comprendre le rôle de chaque espèce dans nos écosystèmes pour mieux les protéger; et à Au fil du temps, nous avons ouvert nos bras à de nombreuses personnes venues d’Afrique majoritairement, fuyant les répercussions climatiques directes d’un centenaire capitalo-industriel poussé à l’extrême. Le climat ici est devenu beaucoup plus difficile également au début du siècle, mais les arbres ont été nos meilleurs alliés quand les températures sont devenues presque insoutenables. Si j’ai un conseil à te donner aujourd’hui, c’est d’arrêter de puiser ton énergie performatrice dans le rejet, la colère et l’opposition, sans jamais prendre le temps d’imaginer un futur vraiment enviable, au-delà du socle existant. Sinon t’existeras que dans la lutte, et la lutte à plein temps, c’est épuisant. Crois moi, je me suis tellement rongée l’os dans l’incompréhension et la haine que j’ai fini par renoncer et fuir. Mais c’est pas la solution. T’auras beau partir loin pour créer ton petit îlot de sobriété et d’auto-suffisance, tu réaliseras très vite 2 choses. La première, c’est qu’on a besoin de collaboration Je t’en prie, prends le temps d’imaginer ce que l’avenir pourrait être. Je te demande pas de considérer l’utopie comme une fin, mais comme un moyen. Un moyen de confronter tes actions à un imaginaire enviable pour t’assurer que chacune de tes décisions contribuent à mettre une pierre à l’édifice de ces lendemains. Laisse toi rêver, et Crois le ou non, de Durablement tienne, Julie. ![]() Les utopies précédentes 1. « Le féminisme a sauvé mon cul » par Mauvaise fille. L’autrice raconte qu’une révolution sexuelle a rendu les cours d’éducation sexuelle obligatoire dans les écoles. Et 20 ans plus tard, tout a changé. 2. « Le livre de Ruth, an 2052 » par Illana Weizman. L’autrice imagine un monde ayant connu une véritable révolution judaïque. 3. « Capillaire » par Patricia Louisor-Brosset. L’autrice raconte comment les femmes se sont rasées la tête pour lutter contre le patriarcat. 4. « Le temps est bon, le ciel est bleu, nous avons rien à faire, rien, que d’être heureux 5. « L’égalité des mots » par Ouafa Mameche. L’autrice propose une nouvelle écriture des trajectoires des femmes dans le monde du rap.
Pour toute question : [email protected].
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