La réalité vers la fiction… comment comprendre 10 millions de Français·e·s par Rebecca Amsellem Lire en ligne ici https://lesglorieuses.fr/realite-vers-fiction/ « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus », écrivait Hannah Arendt dans Les Origines du totalitarisme (Gallimard) à propos du nazisme et du stalinisme. Ce que dit Arendt et qui peut nous permettre de comprendre un peu pourquoi près de 10 millions de personnes ont voté pour le Rassemblement national au premier tour des élections législatives est que « La préparation est couronnée de succès lorsque les gens ont perdu tout contact avec leurs semblables aussi bien qu’avec la réalité qui les entoure ; car en même temps que ces contacts, les hommes perdent à la fois la faculté d’expérimenter et celle de penser », continue Arendt. En disant cela, la philosophe affirme que les raisons évoquées pour comprendre le choix de cet électorat comme les inégalités sociales et économiques ou encore la perte de confiance dans les institutions ne sont C’est bien l’isolation d’un côté et de l’autre l’impossibilité de distinguer fait et fiction, vrai et faux, qui est à l’origine d’une montée au pouvoir d’idées extrémistes, racistes. Nous pouvons potentiellement tout croire, j’en avais un peu parlé ici et là (oui, cette question m’obsède un peu). « Ce que les masses refusent de reconnaître, c’est le caractère fortuit dans lequel baigne la réalité. Elles sont prédisposées à toutes les idéologies parce que celles-ci expliquent les faits comme étant de simples exemples de lois et éliminent les coïncidences en inventant un pouvoir suprême et universel qui est censé être à l’origine de tous les accidents. La propagande totalitaire fleurit dans cette fuite de la réalité vers la fiction, de la coïncidence vers la cohérence. Aussi, pour paraphraser la philosophe, échapper à la réalité car elle n’est plus supportable est une aubaine pour un parti d’extrême droite. Si cette distinction fait partie intégrante de toute stratégie politique visant à faire voter l’électorat contre son propre intérêt, c’est la notion de sens commun qui fait advenir une forme de salut. « La principale infirmité de la propagande totalitaire, c’est qu’elle ne peut satisfaire le désir qu’ont les masses d’un monde complètement cohérent, compréhensible et Et c’est le sens commun qui peut nous en sauver. Pour Arendt, il s’agit d’un raisonnement partagé par un grand nombre de personnes aux Des choses que je recommande « Ce matin, la France s’est réveillée face à une nouvelle réalité politique désastreuse. » Ma collègue Megan Clement propose une analyse plus que pertinente sur cet entre-deux-tours dans Impact. Elle répond à l’argument répété inlassablement, « l’extrême droite au pouvoir, on n’a jamais essayé ». Oui, on a essayé et elle montre les résultats. Il ne reste que quelques jours avant le second tour – pour ma part, je vais tenter de convaincre une (1) personne qui ne vote jamais de le faire. Si on s’y met tous et toutes, on peut peut-être faire décroître considérablement l’abstention et montrer la solidité du front républicain. Débat de l’entre-deux-tours : ne laissons pas Jordan Bardella invisibiliser Marine Tondelier. Collage réalisé par mes soins
|
Inscrivez-vous à la newsletter gratuite Les Glorieuses pour accéder au reste de la page
(Si vous êtes déjà inscrit·e, entrez simplement le mail avec lequel vous recevez la newsletter pour faire apparaître la page)
Nous nous engageons à ne jamais vendre vos données.