Bienvenue dans la newsletter Les Petites Glo où on apprend à changer le monde même quand on n’a ni pouvoir ni argent. Recommandez cette newsletter à votre ami·e pour qu’il ou elle fasse bouger les choses aussi. Nous avons également trois autres newsletters qui pourraient vous intéresser, Les Glorieuses mais aussi la verticale Economie et IMPACT. Mardi 19 janvier 2021 À la force de vos sourires“Par ce simple changement de position, le regard qu’elle portait sur lui s’était transformé. De jeune sans-abri il avait pris le statut de jeune homme, avec tout ce que cela lui conférait. Elle chassa ses pensées inconvenantes. On ne trouvait pas un SDF intéressant, du moins pas de cette façon-là. Bientôt ce serait quoi ? Sexy ? Et pourquoi pas, il a bien le droit de l’être.“ Noémia est étudiante en deuxième année de droit, elle a 19 ans et de longs cheveux noirs. Tous les jours, elle croise Tristan devant le supermarché de son quartier. Il a 21 ans et un bonnet Pikachu. Ça ne passe pas inaperçu. Quand la jeune fille décide soudainement de lui offrir une crêpe au sucre, de poser les yeux sur lui, de le regarder – vraiment -, Tristan se sent exister. “Exister pour quelqu’un“, écrit Célia Samba, l’autrice de La rue qui nous sépare. Dans ce premier roman poignant, elle a choisi un thème qui est encore peu abordé en littérature ou au cinéma : la vie dans la rue. Le prénom de son héroïne, Noémia, est un clin d’œil au roman de Delphine de Vigan, paru en 2007, No et moi (magnifiquement adapté au cinéma en 2010 par Zabou Breitman). Il raconte l’amitié entre une ado de 13 ans, Lou, et une jeune sans domicile fixe de 18 ans, No. Jusqu’à maintenant, c’était la seule œuvre que je pouvais citer sur le sujet. Dans le roman de Célia Samba, il ne s’agit pas d’amitié mais d’amour. C’est triste à dire mais, à première vue, cela paraît encore plus improbable. Tomber amoureuse d’un SDF, c’est possible? Avant d’oser adresser la parole à Tristan, Noémia s’interroge : “Peut-être devrait-elle changer de chemin ? S’interdire de songer à lui ? Fuir avant de s’attacher ? Aucun risque, elle ne s’attachera pas à un SDF, ce n’était pas envisageable.“ Les questions posées par La rue qui nous sépare sont autant de claques qu’on se prend directement dans la figure. Car il faut bien l’avouer : la majorité d’entre nous ne prête aucune attention aux SDF. Selon la fondation Abbé Pierre, ils seraient pourtant 300.000 en France. Comment ne pas les voir ? La dernière enquête, menée par l’Insee, datait de 2012 et recensait 141.500 personnes vivant dans la rue. En à peine dix ans, donc, les chiffres ont doublé. Et avec la crise du Covid-19, les sans-abri sont plus invisibilisés que jamais. C’est face à ces terribles constats que Célia Samba a décidé d’écrire. Aujourd’hui âgée de 23 ans, elle est étudiante en cinquième année de médecine. Oui, vous avez bien lu : on peut suivre les études les plus exigeantes de la Terre et publier un premier roman dans une grande maison d’édition. Lors de notre échange, elle m’a d’ailleurs lancé : “Quand j’étais petite, j’avais trois rêves : devenir médecin, publier des romans et trouver un mari !“ Avant d’ajouter : “Pour les deux premiers, je suis toujours très motivée…“ Cette femme est géniale. L’idée de La rue qui nous sépare lui est venue en 2013. “Pendant l’hiver, j’ai croisé un homme sans-abri qui avait un bonnet Pikachu et à qui j’ai offert une crêpe, comme dans le premier chapitre de mon roman, m’a-t-elle confié. Je me suis dit que lui et moi avions sûrement vécu cette scène de manière extrêmement différente : moi, j’allais rentrer au chaud à 200 mètres et vivre ma petite vie, et lui était dehors et ne savais pas où il dormirait le soir même. J’étais déjà sensibilisée à ce problème : d’une part, parce qu’en habitant à Paris je croisais tout le temps des SDF ; d’autre part, parce qu’à cette époque-là je faisais des maraudes pour leur venir en aide. J’ai décidé, en choisissant la médecine et en écrivant ce livre, d’œuvrer pour rendre la société dans laquelle on vit un peu meilleure…“ Il aura fallu huit ans pour que son texte voie le jour. En septembre 2019, Célia a découvert le concours “Nos futurs“ organisé par Hachette Romans sur le thème de l’engagement. “J’ai proposé mon texte à la dernière minute, trois jours avant la fin des candidatures. Quand les résultats sont tombés, c’était une période très anxiogène, en plein pendant le premier confinement. J’étais loin de chez mes parents, pour ne pas les contaminer, car je travaillais à l’hôpital. Je me posais des tas de questions quant à mon rôle en tant que personnel soignant. En apprenant que j’avais gagné, ma joie a été immense.“ Si je me permets cette digression sur le parcours personnel de Célia, c’est parce qu’il m’est apparu comme “une histoire dans l’histoire“, une vraie source d’inspiration. Et en ces temps difficiles, il n’est jamais vain de vous rappeler que s’accrocher à ses rêves finit toujours par payer. Nina (à droite) aux côtés de Junior, Virginie et Cédric, membres de l’association “La Cloche“ L’engagement peut prendre différentes formes. Pour Célia Samba, il passe par l’écriture et la médecine. Pour moi, en tant que journaliste, il consiste souvent à choisir de mettre en lumière un sujet plutôt qu’un autre, donner la parole à telle ou telle personne. Pour Nina, 20 ans, l’engagement se traduit par des missions associatives. Étudiante à Sciences Po, elle est également bénévole depuis ses 18 ans à La Cloche, une asso qui lutte contre l’exclusion des personnes sans abri. “Je fais partie du programme Le Carillon dont le but est de créer un réseau de commerçants solidaires. Je démarche des commerçants de tous les arrondissements de Paris pour qu’ils mettent à disposition des services (recharger son téléphone, par exemple) ou des produits (que ce soit des sandwichs ou simplement proposer un verre d’eau). On organise des rencontres de rue pendant lesquelles on échange avec les personnes sans domicile fixe et on leur donne des bons qu’elles présentent ensuite à ces commerçants, comme une monnaie d’échange.“ Depuis qu’elle a rejoint cette structure, le regard de Nina a complètement changé. “Je suis sortie de mes fantasmes, des images négatives que j’avais. Parler avec ces personnes qui sont littéralement ignorées m’a fait redescendre sur Terre. Retrouver ce regard humanisant fait autant de bien aux bénévoles qu’aux bénéficiaires Et j’ai appris beaucoup de choses grâce aux gens que j’ai rencontrés : je me souviens d’une fois, en centre d’accueil, où j’ai parlé pendant plus d’une heure et demie avec un homme qui s’y connaissait beaucoup en Egypte ancienne. Notre conversation n’était pas différente de celles que je peux avoir avec des camarades de Science Po, en fait.“ À vous qui me lisez et qui, je l’espère, découvrirez La rue qui nous sépare, Célia Samba aimerait que vous reteniez ceci : “Quels que soient notre situation et notre âge, on peut toujours faire quelque chose pour l’autre, même une petite chose. Quand on a 12-13 ans, pas de salaire, on ne peut pas forcément donner des sous, mais l’essentiel est de dire bonjour, de sourire et de regarder ces personnes dans les yeux. Ce n’est pas parce qu’on a une histoire difficile, qui nous a conduit dans cette situation, qu’on mérite d’être ignoré par ses semblables.“ Il y a une citation connue de l’Abbé Pierre que Célia reprend dans son roman : “Un sourire coûte moins cher que l’électricité, mais donne autant de lumière.“ Les Petites, vous êtes capables de changer le monde. Changer le monde à la force de vos sourires. ⚡L’actu de la semaine : #EtudiantsFantômesLe 5 novembre 2020, j’écrivais la newsletter Les jeunes vont mal, personne n’en parle. Depuis ce cri d’alerte, malheureusement, la santé mentale des étudiant·e·s est plus que jamais menacée et plusieurs jeunes ont mis fin à leurs jours ces dernières semaines. Cette situation est intolérable. Début janvier, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a annoncé que les cours ne pourraient pas reprendre en présentiel à l’université. Pour beaucoup d’entre vous, l’incompréhension et le dégoût sont grandissants quand, au lieu de proposer des solutions concrètes pour réduire cette détresse psychologique, le gouvernement semble s’inquiéter davantage de l’ouverture des stations de ski aux vacances de février. Certes, un numéro vert a été mis en place pour les étudiants en situation d’urgence (le 0 806 000 278), mais vos témoignages et les centaines de tweets partagés à ce sujet prouvent que cela est loin, très loin, d’être suffisant. Face à ces constats, le mouvement #EtudiantsFantomes a été créé afin de dénoncer l’invisibilisation des étudiant·e·s dans la crise du COVID-19, et un sit-in a eu lieu hier Place du Panthéon, à Paris. Sur sa page Instagram, Shanley, activiste féministe et co-organisatrice de l’événement, expliquait ceci : “Ce sit-in a pour but de montrer à quel point nous sommes fatigué·e·s, fragilisé·e·s et infantilisé·e·s. C’est la raison pour laquelle nous resterons assis·es, statiques et passifs (…). Il s’agit d’un mémorial pour les personnes suicidées et un hommage à tous·tes celles et ceux qui tentent de survivre en détresse psychologique et précarité financière. Frédérique Vidal devra faire face à notre vulnérabilité puisqu’elle-même et ce gouvernement nous traitent comme des fantômes. Regardez-nous et répondez-nous, car nous ne partirons pas tant que vous n’aurez pas pris de décision concrète sur l’avenir des étudiant·e·s ainsi que leur survie.“ Les Petites Glo, ne restez pas seul·e·s si vous vous sentez mal. N’hésitez pas à rejoindre des associations étudiantes ou à consulter un·e spécialiste de santé pour lui confier ce que vous ressentez. Les recommandations de ChloéDepuis samedi, des victimes d’inceste dénoncent ce qu’elles ont vécu à travers le hashtag #MeTooInceste. Ces centaines de témoignages nous rappellent que nous devons toutes et tous nous mobiliser contre les violences sexuelles. Et dans ce combat, la première étape, c’est la prise de parole. Des distributeurs gratuits de protections périodiques bio seront installés au printemps dans tous les lycées d’Ile-de-France. C’est une première victoire, mais nous espérons que cette initiative locale sera bientôt menée à l’échelle nationale ! #stopprécaritémenstruelle Quand j’étais petite, on lisait tou·te·s le fameux Guide du zizi sexuel de ZEP. Il vient d’être réédité et Clémence Boyer s’est demandé ce qui avait changé entre la version 2001 et la version 2020. Petits spoilers : le guide présente Nadia en couverture aux côtés de Titeuf et inclut désormais une pleine page intitulée “C’est quoi un clitoris ?“. ON AVANCE ! En parlant de ça, au Brésil, l’artiste Juliana Notari a créé “Diva“, une sculpture géante en forme de vulve, pour “lancer le dialogue sur les questions traitant des problématiques de genre d’un point de vue féminin ”. Elle ne rentrerait pas dans mon salon mais je la valide à fond. “On peut avoir chauffé un mec pendant toute une soirée, on peut déjà être en train de s’embrasser, être au lit, on peut dire non et on peut dire stop à n’importe quel moment.“ Camille Aumont Carnel, créatrice du compte @jemenbatsleclito, parle de consentement dans une vidéo d’une dizaine de minutes réalisée par Brut. À voir, revoir, partager, et repartager. Les personnes à qui je donne la parole dans cette newsletter vous invitent souvent à utiliser les réseaux sociaux pour vous engager. À ce sujet, vous pouvez lire cet article de Cheek Magazine : “Militer en ligne, c’est déjà militer“, par Aline Baudry-Scherer. Enfin, je relaie un appel à projets pour le Prix de la Relève Féministe Chantal Rogerat Apostolo qui vise à transmettre la culture de l’égalité femmes-hommes aux jeunes générations. Vous pouvez participer dès l’âge de 15 ans et la date limite d’envoi de vos propositions est le 8 février 2021. #CONCOURS – Gagnez un exemplaire de La rue qui nous sépare en participant à notre concours ! par @ladyist Un mot de notre partenaire, Hachette RomansPour le lancement de La rue qui nous sépare, l’équipe Hachette Romans est heureuse de s’associer à La Cloche pour lutter contre l’exclusion des personnes sans-abris. Pour chaque livre acheté = 1 euro reversé à l’association pour soutenir ses actions ! Un partenariat qui a du sens, haut en féminisme, en représentation et en culture ! Chez Hachette Romans, on publie des livres qui éveillent au débat, qui rendent heureux et qui ouvrent l’esprit. Mais surtout des livres qui parlent de féminisme, qui décomplexent et prônent l’empowerment. Avec Hachette Romans, nous voulons offrir des role models aux futures générations de femmes. Parce que nous affirmons qu’il n’existe pas une féminité, mais qu’il tient à chaque femme de définir la sienne. Et que nous continuerons de militer pour faire entendre les voix des plus jeunes féministes d’entre nous. Parce que la révolution, c’est avec nous qu’elle commence. Le Club des GlorieusesLes prochains rendez-vous #Club sont fixés aux jeudi 21 janvier et au jeudi 25 février ! Vous pourrez bientôt réserver vos places ! (Gratuit pour les membres du Club et 15 euros pour les non membres). *** Offre de janvier*** Le carnet Les Glorieuses offert pour toute commande d’un abonnement Deluxe. Les dernières newsletters Gloria Media“Ce n’est pas de l’art, c’est un en-cas“, Les Glorieuses, 13 janvier 2021. L’acte radical de créer un monde à soi, Les Glorieuses, 6 janvier 2021. Génération intranquille, consciente et indignée, Les Petites Glo, 5 janvier 2021. Petit, mignon et rose, Economie, 27 décembre 2020. La parole étudiante se libère enfin #VousAussi, Les Petites Glo, 22 décembre |
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