IRAN ET ETATS-UNIS — Le Prix Nobel de la Paix a été attribué le vendredi 6 octobre 2023 à Narges Mohammadi, militante et journaliste iranienne, actuellement emprisonnée en Iran. Elle est récompensée « pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous et toutes », a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen. Narges Mohammadi est militante et journaliste mais aussi vice-présidente du Defenders of Human Rights Center. Le prix Nobel d’économie a été décerné à Claudia Goldin pour ses travaux sur les inégalités salariales et la situation des femmes sur le marché du travail. Elle est la première femme à remporter seule ce prix. Rebecca Amsellem explique l’importance de sa victoire dans cette newsletter des Glorieuses.

INDE — L’Inde a adopté le Women’s Reservation Bill  – projet de loi sur les quotas réservés aux femmes – qui stipule qu’un tiers des sièges au Parlement National et des États doivent être réservés aux femmes. Actuellement, seulement 15% des sièges à la chambre basse et 14% à la chambre haute sont occupés par des femmes. Le projet de loi a été présenté pour la première fois en 1996 et son adoption a échoué  à six reprises. Le 21 septembre 2023, il a obtenu 454 voix pour et 2 contre à la chambre basse, tandis que l’ensemble des 214 législateurs de la chambre haute a  voté pour. Cette décision a été largement saluée, mais il faudra quelques années pour que le quota soit pleinement mis en œuvre, cela ne s’appliquera donc pas aux élections de l’année prochaine.

IRLANDE DU NORD — Les footballeurs et footballeuses d’Irlande du Nord recevront désormais un salaire égal. Bien qu’elle n’ait pas participé à la Coupe du monde, l’équipe féminine est récemment entrée dans l’histoire en se qualifiant pour la première fois pour le championnat d’Europe en Angleterre. Cette mesure suit l’exemple du reste du Royaume-Uni. L’Angleterre respecte l’égalité salariale pour les joueuses de football depuis 2020, tandis que le Pays de Galles l’a annoncée au début de l’année. En septembre, les joueuses écossaises ont remporté un litige contre leur fédération, qui n’offrait pas aux femmes et aux hommes ni les mêmes salaires ni les mêmes conditions de travail.

COLOMBIE — Dans le cadre des accords de paix entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (les FARC), la Juridiction spéciale pour la paix a commencé à enquêter sur les crimes sexuels commis à l’encontre des femmes et des personnes LGBTQIA+ pendant le demi-siècle de conflit armé qu’a connu le pays. On estime à plus de 35,000 le nombre de victimes de crimes sexuels commis par les forces de sécurité ou les guérilleros entre 1957 et 2016, qu’il s’agisse de viols, d’abus ou d’avortements forcés. Près de 90 % des victimes sont des femmes ou des jeunes filles. La première partie de l’enquête se concentrera sur 3,000 cas qui ont été documentés par la Commission de la vérité.

PAKISTAN — Le Pakistan délivre à nouveau, depuis le mois de septembre, des cartes d’identité aux personnes transgenres. Les autorités avaient cessé d’enregistrer les personnes transgenres depuis le 13 juin après que la Cour fédérale de la charia à Islamabad ait statué que l’auto-identification de genre n’était pas conforme à leur interprétation des principes islamiques. Les bureaucrates ont désormais reçu pour instruction de rétablir l’option « X » sur les cartes d’identité, après que le sénateur et militant Farhatullah Babar ait fait appel de cette décision. La Cour suprême n’a pas encore rendu de décision sur la loi transgenre du pays. Adoptée il y a 5 ans, la loi intitulée “Transgender Persons (Protection of Rights) Act” autorise le changement de sexe et donne aux personnes transgenres le droit de voter, d’hériter, de postuler à des emplois publics, d’avoir un permis de conduire et de détenir un passeport sans avoir recours à une chirurgie de confirmation de genre. La loi interdit également la discrimination dans les écoles, les lieux de travail et les espaces publics.

L’ILE MAURICE — La Cour suprême de l’île Maurice a jugé inconstitutionnelle et discriminatoire une loi coloniale interdisant les relations sexuelles consenties entre hommes. Elle a également  et a déclaré que l’interdiction constitutionnelle de la discrimination fondée sur le sexe devait être interprétée de manière à inclure l’orientation sexuelle. Deux affaires ont été portées devant les tribunaux. La première a été portée par l’activiste Abdool Ridwan Firaas Ah Seek avec le soutien du Collectif-Arc-en-Ciel. La seconde concernait quatre homosexuels qui se plaignaient que leur sexualité était considérée comme un crime. Les relations sexuelles entre homosexuel·le·s sont interdites par le code pénal de 1838, qui criminalise la sodomie avec une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement. Les hommes, les personnes non binaires et les personnes transgenres étaient tous et toutes concernés par cette loi.

BRÉSIL — La présidente de la Cour suprême du Brésil, Rosa Weber, a ouvert le vote en vue de la dépénalisation de l’avortement jusqu’à la 12e semaine. Weber, qui soutient que l’interdiction de l’avortement prévue par le code pénal est inconsitutionnelle, a demandé aux juges de statuer sur leur position lors d’une session virtuelle le 22 septembre. Le vote a été interrompu après qu’une session en présentiel ait été demandée. Une nouvelle date doit être programmée. La criminalisation de l’avortement “impose des rôles sociaux aux femmes, sans aucun respect ni considération pour leur liberté et leur autodétermination, les éloignant ainsi d’une citoyenneté pleine et égale”, a déclaré Weber, qui souhaite que le Brésil suive les traces du Mexique et de la Colombie. En février 2022, la Cour suprême de Colombie a dépénalisé l’avortement, tout comme le Mexiqueen septembre. Au Brésil, l’avortement est passible d’une
peine de prison pouvant aller jusqu’à quatre ans, il est autorisé uniquement en cas d’anomalies du foetus, de viol ou s’il y a un risque pour la mère.

GROENLAND ET DANEMARK — 67 femmes autochtones demandent des dommages et intérêts au gouvernement danois du fait d’un programme de contraception forcée au Groenland. Au moins 4,500 femmes autochtones se sont vu poser des stérilets sans leur consentement dans les années 1960 et 1970. Ces femmes, qui n’étaient pas conscientes du traitement qu’elles recevaient, ont souffert pendant des années de saignements, de douleurs abdominales et d’infections. Elles affirment aujourd’hui que le gouvernement danois a violé leurs droits humains afin de contrôler la taille de la population du Groenland et demandent une indemnisation avant de saisir la justice. Le Groenland, ancienne colonie et actuellement territoire semi-souverain du Danemark, compte 56,600 habitants.

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PS : La newsletter est également disponible en anglais.