Par Agustina Ordoqui

9 mai 2022

ÉTATS-UNIS : La Cour Suprême a voté pour l’annulation de Roe v. Wade, la décision qui protège le droit à l’avortement aux États-Unis, selon une copie divulguée d’un projet d’opinion majoritaire de la cour. Le document divulgué a suscité des manifestations à travers les États-Unis. Les activistes anti-avortement travaillent déjà à encourager les candidat·e·s présidentiel·le·s républicain·e·s à promulguer une interdiction fédérale de l’avortement si la décision historique est annulée. En avril, la Floride a restreint l’accès à l’avortement après 15 semaines, et l’Oklahoma a adopté une loi qui interdirait l’avortement après six semaines. Dans le Kentucky, un juge fédéral a stoppé une loi restreignant l’avortement, tandis que le Tennessee a adopté un projet de loi interdisant la distribution de médicaments abortifs par courrier ou par téléconsultation.

ÉTATS-UNIS : La Global Gag Rule, une politique qui restreint le financement de l’aide américaine aux ONG fournissant des services liés à l’avortement dans le monde, pourrait avoir causé 108 000 décès de mères et d’enfants et 360 000 nouvelles infections au VIH entre 2017 et 2021, selon une nouvelle recherche. La Global Gag Rule a été promulguée par tous les présidents républicains depuis Ronald Reagan, et a été annulée tout récemment par Joe Biden au début de son mandat.

TURQUIE : Le procureur du Conseil d’État de Turquie a jugé le 28 avril que la décision du président Recep Tayyip Erdoğan de retirer le pays de la Convention d’Istanbul est illégale, et a exhorté le gouvernement à annuler son décret, publié l’année dernière. La Convention d’Istanbul est un traité européen visant à prévenir et à combattre la violence à l’égard des femmes. Début avril, le bureau du procureur a entamé des poursuites judiciaires contre We Will Stop Femicide, l’un des initiateurs de l’action en justice, l’accusant de commettre des « crimes contre la moralité » et de « désintégrer les familles ». L’ONG compte les féminicides et sensibilise à la violence sexiste depuis 2010. L’année dernière, elle a dénombré 280 féminicides et 217 morts suspectes de femmes.

MEXIQUE : Des manifestant·e·s ont protesté dans tout le Mexique pour demander justice après le meurtre de Debanhi Escobar. Le corps de la jeune fille de 18 ans a été retrouvé le 21 avril dans la citerne d’un motel de l’État de Nuevo León (nord), près de l’endroit où elle avait disparu deux semaines plus tôt. Des appels à l’action ont également été lancés sous le hashtag #DóndeEstán (#OùSontElles), mettant en lumière les cas de femmes disparues. En 2021, 1 006 féminicides ont été signalés au Mexique. 

ÉGYPTE :  La journaliste et écrivaine égyptienne Rasha Azab a été déclarée non coupable de tous les chefs d’accusation par le tribunal économique du Caire après avoir été accusée par le réalisateur Islam Azazi de calomnie, de diffamation, de dommages financiers et de harcèlement délibéré. Azab risquait jusqu’à deux ans de prison et une amende de 3 200 dollars. En décembre 2020, Azab, connue pour son travail en faveur des droits humains, a partagé les histoires de six femmes qui ont affirmé avoir été agressées sexuellement par le cinéaste, dont une allégation de viol. 

Heloísa Marques pour Impact x Les Glorieuses

INDONESIE : Le parlement indonésien a adopté une loi visant à prévenir et à punir les actes de violence sexuelle, y compris les abus physiques et verbaux, la torture sexuelle, la contraception forcée, la stérilisation forcée, le mariage forcé, l’esclavage et l’exploitation sexuels, et le cyber-harcèlement sexuel. La loi prévoit également la création d’un fonds pour les victimes de violences sexistes. Le projet de loi a été initialement proposé par la Commission nationale sur la violence à l’égard des femmes en 2012 et était resté en suspens depuis, mais le cas récent d’un directeur d’école qui a violé 13 élèves mineures et mis enceinte huit d’entre elles a mobilisé l’opinion publique sur la violence sexuelle dans le pays. L’homme a été condamné à mort une semaine avant l’approbation du projet de loi.

BRÉSIL : 92% des 5,7 millions de travailleu·rs·ses domestiques brésilien·ne·s sont des femmes, dont 65% sont noires, selon les conclusions d’une nouvelle étude. La plupart ont plus de 40 ans et leurs revenus sont inférieurs au salaire minimum (1 212 reais, soit environ 214 dollars). Une autre étude, publiée l’année dernière, a montré que les femmes noires sont non seulement économiquement précaires, mais qu’elles constituent également l’un des groupes les plus sous-représentés en politique : elles représentent 28% de l’électorat, mais seulement 6% des élus aux élections municipales de 2020.

SINGAPOUR : En avril, le parlement de Singapour a approuvé plusieurs réformes visant à soutenir le « développement des femmes ». Il a notamment été recommandé d’augmenter l’aide financière aux personnes qui prennent soin de leurs proches et d’introduire des modalités de travail flexibles pour permettre aux hommes d’assumer davantage de tâches de soins. Les femmes âgées de 21 à 35 ans pourront congeler leurs ovules pour des raisons non médicales et indépendamment de leur statut marital. Toutefois, elles ne pourront utiliser leurs ovules congelés que si elles sont mariées à un homme : la mesure ne s’applique pas aux femmes célibataires, ni aux couples de même sexe, qui ne peuvent pas se marier légalement à Singapour. Les mesures entreront en vigueur au début de 2023. 

SOMALIE : Saadia Yasin Haji Samatar est la première femme à devenir vice-présidente de la Chambre du peuple de Somalie. Samatar jouera un rôle clé dans la politique du pays, car il s’agit d’une république parlementaire où les deux chambres du pouvoir législatif élisent le président. La Somalie dispose actuellement d’un quota de 30 % de femmes au parlement. Toutefois, à la suite des élections de cette année, seuls 41 des 223 membres (18 %) de la chambre basse et 14 des 54 membres de la chambre haute (26 %) sont des femmes. 

ITALIE : Le football féminin en Italie devient professionnel à partir du 1er juillet. Fin avril, le Conseil Fédéral de la Fédération Italienne de Football a achevé l’approbation des règlements nécessaires pour reconnaître la Serie A comme professionnelle à partir de la saison prochaine, et verser aux joueuses un salaire correct. Il s’agit d’une victoire majeure dans le contexte de la croissance que connaît l’équipe nationale féminine depuis la Coupe du Monde en France en 2019.