On marche sur nos œufs par Rebecca AmsellemMercredi 16 janvier 40 millions de « likes » pour un œuf sur Instagram et pourtant les femmes ne sont toujours pas libres de faire ce qu’elles veulent des leurs en France. C’est ce que la journaliste Myriam Levain raconte dans « Et toi tu t’y mets quand ? » (Flammarion, 2018). A 35 ans, elle décide de se faire congeler les ovocytes. « Dans la salle d’attente, je pense à ce que je vais raconter [au docteur]. ‘Bonjour je viens La vitrification des ovocytes est le processus de congélation des ovocytes d’une femme cisgenre en vue d’une éventuelle fécondation, mais plus tard. Il s’agit de ponctionner des ovocytes après une stimulation ovarienne (à base de piqûres hormonales), de sélectionner ceux qui sont mûrs, de les laver, de les mettre dans des pailles et hop, au congelo. L’âge idéal pour le faire est entre 33 et 35 ans (avant ça ne sert à rien et après c’est plus compliqué – mais pas impossible non plus). Comme le dit le Dr Grinberg, on ne sait pas faire rajeunir des ovocytes mais on sait figer le temps. (« Congélation d’ovocytes, un bébé pour plus tard ? », Interception, France Inter). Chaque année, ce sont un peu plus de mille femmes qui vont à l’étranger (Belgique, Suisse, Espagne) pour congeler leurs ovocytes pour environ 2,500 euros (hors frais de transport et d’hébergement). Pourquoi à l’étranger ? Car cette vitrification est illégale en France sauf pour les femmes qui doivent subir un traitement risquant d’endommager leur fertilité. Pourquoi les femmes souhaitent congeler leurs ovocytes ? Certaines, comme Anne-Sophie, parce qu’elles angoissent à cause de l’horloge biologique. La jeune femme de 38 ans (le prénom a été changé) raconte : « depuis que j’ai décidé de le faire, je me sens mieux, j’ai fêté mes 38 ans sinon j’aurai attendu que ça soit passé » (même enquête de France Inter). Mais c’est surtout pour avoir le choix. « « J’aimerais bien mettre toutes les chances de mon côté pour un jour avec le choix » ajoute-elle. C’est une question de choix donc. Comme pour toutes les questions féministes. Et on ne peut pas dire que les lois ont toujours été en faveur du choix des femmes. Car tout le monde n’est pas de cet avis. « Mon sentiment est partagé, il est assez compliqué ». Alors que la vitrification des ovocytes semble être au programme de la nouvelle loi Bioéthique et que le Comité consultatif national d’éthique a donné un avis favorable, la Ministre de la santé Agnès Buzyn ne semble pas vouloir miser sa retraite sur sa légalisation. « Je suis plutôt favorable à ce qui ouvre et donne plus de liberté ». Thank God. « Mais je souhaiterais qu’il y ait quand même des garde-fous pour que toutes les femmes à l’âge de 30 ans en France ne décident pas de congeler leurs ovocytes pour faire des enfants à 40 ans mais s’inscrivent bien dans des grossesses plus précoces » (21 octobre, Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro). Encore une fois, on utilise l’argument du « elles vont aller trop loin » pour limiter le choix des femmes. Légaliser la congélation des ovocytes permettrait également d’égaliser les « conditions procréatives ». Camille Froidevaux – Metterie, citée par Myriam Levain dans « Et toi tu t’y mets quand ? » dit ainsi : « L’autoconservation ovocytaire permet de transformer la potentialité maternelle en possibilité maternelle. Elle met en acte, elle réalise – au sens premier du terme – la liberté abstraite qu’ont les femmes de choisir le moment de leur grossesse. Elle renvoie donc à un autre enjeu féministe que celui de la liberté, elle signale l’importance nouvelle que revêt l’égalité des femmes et des hommes face au projet parental. » En effet, au delà de la question de choix, c’est une question d’égalité. Cette légalisation est à mon sens fondamentale non plus d’un point de vue éthique ou sanitaire (la pratique existe déjà, montre les bienfaits sur les personnes concernées) mais d’ordre social et économique. Qui peut aujourd’hui décider librement de congeler ses ovocytes et éventuellement de les utiliser ? Les femmes aisées. Celles qui peuvent se payer les visites chez la ou le gynécologue et avoir accès aux informations, celles qui peuvent se payer les traitements hormonaux, les infirmières qui font les piqûres (sauf si on le fait soi-même), les échographies pelviennes, celles qui peuvent être disponibles de partir en Espagne dès que les ovocytes sont prêts à être ponctionnés. Pas toutes les femmes donc. Légaliser cette pratique permettrait à toutes les femmes d’y avoir accès. Non pas pour systématiquement repousser l’âge où on aura son premier enfant (il n’y a que 10% des femmes qui se font congeler les ovocytes qui les utilisent) mais pour avoir le choix de ne pas y penser pendant toute sa vingtaine ou de paniquer à l’approche de la trentecinquaine. Pour donner l’opportunité à toutes les femmes d’avoir le choix. Loi bioéthique, les femmes comptent sur vous. P.S. Cette newsletter vous a plu ? Est-ce que vous connaissez celles-ci ? Amour, Gloire et Liberté ! A mes soeurs blanches. |
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