Cette newsletter vous a été transférée ? Et vous aimez tellement que vous souhaitez vous inscrire ? C’est ici ! Mercredi 21 décembre 2022 Cette newsletter grandit grâce à vous <3. Si vous connaissez une personne que cela peut intéresser, vous pouvez lui recommander ou transférer cette newsletter. Publier, c’est gagner. Entretien avec l’autrice Erica Jong Lorsque Le Complexe d’Icare est publié en 1973, c’est une révolution. Nous sommes en pleine libération sexuelle aux États-Unis et pourtant, il semble que c’est la première fois qu’un personnage féminin parle à la première personne de ses désirs sexuels. Les premiers volumes du journal d’Anaïs Nin ont bien été publiés quelques années plus tôt, mais dans une version très expurgée par son premier mari, Hugh Guiler. Le Complexe d’Icare a une autre saveur, la langue est crue, les mots précis, les désirs décrits. Le livre commence dans un avion à destination de Vienne. Isadora Wing, journaliste juive new-yorkaise de 29 ans y Depuis sa publication, Le Complexe d’Icare (Éditions Robert Laffont) s’est vendu à plus de 20 millions d’exemplaires dans le monde. Pour la dernière newsletter de l’année, j’ai la joie de vous proposer un échange avec son autrice, Erica Jong. Cette dernière a récemment publié Monsieur le Président suivi de Écrire pour vivre aux Éditions du Portrait. La version originale de l’échange, qui a eu lieu par mail, est disponible en bas de la Rebecca Amsellem En guise d’épigraphe pour votre texte, Écrire pour vivre, vous citez l’écrivain Amos Oz : « Enfant, j’espérais devenir un livre en grandissant. Pas un écrivain, un livre : les hommes se font tuer comme des fourmis. Les écrivains aussi. Mais un livre, même s’il est méthodiquement détruit, il en restera toujours quelque part un exemplaire qui ressuscitera sur une étagère, au fond d’une étagère dans quelque bibliothèque perdue, à Reykjavik, Valladolid ou Vancouver. » Quel livre rêveriez-vous d’être ? Erica Jong Quel est l’un de mes livres Rebecca Amsellem Ce livre, Le Complexe d’Icare, est le deuxième livre féministe que j’ai lu dans ma vie. Ce fut une étincelle qui précipita ma conversion féministe. Peu de temps auparavant, j’avais lu Les Journaux d’Anaïs Nin et trouvé dans ces deux textes de nombreuses similitudes. La première serait que le personnage principal parlait si ouvertement et si intelligemment de sexe. La seconde était que « libération » et « bonheur » ne vont pas toujours de pair. Avez-vous été influencée par les œuvres Erica Jong J’ai toujours aimé son travail. Il est différent du mien mais j’ai toujours aimé la façon dont elle pensait la plénitude de la vie. Rebecca Amsellem « Les succès peuvent s’avérer aussi éprouvants que les échecs. Je me suis sentie publique – comme une grenouille (mes excuses à Emily Dickinson). Chacun me jugeait à l’aune de mes débuts. Or j’étais si jeune, si novice encore. On me renvoyait systématiquement au “fameux bouquin”. » Comment avez-vous surmonté la peur d’être constamment jugée à l’aune de ce premier succès ? Erica Jong Je n’ai jamais surmonté cette peur. La peur est toujours là. Je pense que lorsque vous écrivez très honnêtement sur la vie, la peur ne disparaît jamais parce que tant de gens peuvent mal interpréter ce que vous écrivez – et ils le font toujours. Rebecca Amsellem Est-ce que les gens vous écrivent encore pour vous dire l’effet que Le Complexe d’Icare leur a fait (évidemment puisque je viens de le faire) ? Erica Jong Oui. Les hommes comme les femmes. Des jeunes qui découvrent le livre m’écrivent pour me dire qu’il est toujours d’actualité. Les personnes âgées redécouvrent le livre et me contactent. Rebecca Amsellem Vous proposez une série de conseils dans ce nouvel ouvrage, l’un d’eux est « Oubliez les critiques ». Vous ne les lisez jamais ? Erica Rebecca Amsellem Vous dites aussi : « Il n’y a pas de règles. » Cela signifie-t-il que vous pouvez écrire sur tout ce qui vous arrive même si cela passe outre l’intimité de votre entourage ? Erica Jong Je pense que chaque écrivain·e qui Rebecca Amsellem Vous parlez de moments où vous vous êtes sentie pétrifiée à l’idée de « mettre le moindre mot sur la page ». Avez-vous une sorte de rituel pour surmonter cette peur ? Erica Jong Non. Je sais juste que chaque écrivain·e qui essaie d’écrire la vérité ressent cela et je sais que nous ressentons tous et toutes cela. Nous ne voulons pas forcément communiquer cette vérité, mais nous savons que nous devons le faire. Rebecca Amsellem Dans ce texte, vous citez une allocation donnée devant des Erica Jong Présenter une idée au public, c’est déjà gagner. Cela signifie que vous avez surmonté la peur d’écrire, que vous avez diffusé l’idée et que d’autres personnes réagissent. C’est cela gagner. Notre victoire est de diffuser ces idées. Rebecca Amsellem Je pose cette dernière question à toutes les personnes que j’interviewe. Si nous vivions dans cette société féministe inclusive dont nous avons envie et que cela se produit, et quel est le détail que vous voyez qui vous fait réaliser que nous atteignons cela ? Erica Jong Parfois, nous pensons que nous allons l’atteindre, mais nous ne l’atteignons jamais tout à fait. C’est ce que je pense. On ne l’atteint jamais tout à fait. Il y a toujours un autre niveau à atteindre et vous pouvez être… Eh bien, plus vous y pensez, plus vous avez peur. *** Notre partenaire, Bold by Veuve Clicquot, vous présentent les deux gagnantes des Prix Bold *** Véra Kempf a 32 ans. Elle est la cofondatrice de Singulart, galerie d’art en ligne travaillant main dans la main des artistes du monde entier pour proposer leurs œuvres. Singulart est particulièrement attentif au travail des femmes artistes que l’on trouve encore rarement dans les collections des musées, la galerie compte 49% de femmes dans les artistes représentées. Véra Kempf est lauréate du Bold Woman Award, prix de la maison Veuve Clicquot.
Julie Davico-Pahin est la fondatrice d’Ombrea, entreprise qui propose des panneaux intelligents pour ombrager les cultures. Ces panneaux sont plus spécifiquement utilisés pour la viticulture et l’arboriculture. Julie Davico-Pahin est également à la tête de French Tech Aix-Marseille et elle est lauréate de Bold Future Award de la maison Veuve Clicquot. Les choses que je recommande Le calendrier de l’avent des Glorieuses Pour égayer le mois de décembre, nous vous avons préparé une petite surprise : un calendrier de l’avent avec chaque jour des livres – BEAUCOUP de livres – et des pièces de théâtre à gagner. Pour jouer, c’est ici. Saviez-vous que nous pouvons remercier les féministes pour Le projet GenderedNews mesure les inégalités de mention et de citation des hommes et des femmes dans les articles publiés par les principaux journaux L’Iran utilise le viol comme arme pour réprimer les émeutes (en anglais). Du 9 décembre 2022 au 4 février 2023, le collectif Lusted Men et la 110 La newsletter Les Glorieuses prend des vacances, je serai de retour le 11 janvier. Interview of Erica Jong, writer. Erica Jong What’s one of my favorite books? Ummmm… To play it safe, I’ll choose one of my own books. I’ll say, “FEAR OF FLYING.” Rebecca Amsellem Your book, The Fear of Flying, was the second feminist book I have ever read. It was a spark Erica Jong I always loved her work. It’s not like mine but I always loved the way she thought of the wholeness of life. Rebecca Amsellem “Successes can be as difficult as failures (it may not be the exact translation as I translated it from the French translation). I felt public – like a frog (my apologies to Emily Dickinson). Everyone judged me on the basis of my Erica Jong I never got over the fear. The fear is still there. I think when you write very honestly about life, the fear never goes away because so many people can misinterpret what you write — and they still do. Rebecca Amsellem Do people still write to you to tell you the effect The Fear of Flying did to them (obviously since I just did it, sorry for that) ? Erica Jong Yes. Men and women alike. Young people just discovering it write to me and tell me it Rebecca Amsellem You offer a series of advice, one of them is “Forget the reviews”. You never read them ? Erica Jong It’s impossible to avoid reviews. Someone always quotes them to you …. Especially the bad ones. You want not to read them but you can’t achieve that. People always get to you. Especially if they’re really mean People like being mean to writers because so many people want to be writers that it’s like their revenge. Rebecca Amsellem You also say, “There are no rules”. Does it mean you can write about anything that happens to you even if it Erica Jong I think every writer who ever lived breaks through that intimacy. It’s impossible not to. Rebecca Amsellem You are talking about moments when you felt petrified at the idea of ”putting the slightest word on the page”. Did you have some kind of ritual to overcome this fear ? Erica Jong No. I just know that every writer who tries to write the truth feels that way and I know that we all feel that way. We don’t want to give it up to the world but we have to. Rebecca Amsellem In this text, you quote an allowance given in front of students: Erica Jong Putting an idea out in the public is winning. It means that you’ve overcome the fear and you’ve put the idea out there and other people react. It is winning. Our winning is putting it out there. Rebecca Amsellem I ask this last question to all the people I interview. If we did live in this inclusive feminist society that we’ve been craving for and it’s happening, and what’s the one detail that you see that makes you realize that we reach this? Erica Jong Sometimes we feel we will reach it but we never quite reach it. That’s what I think. We never quite reach it. There is always another level to go to and you can be …. Well, the more you think about it, the more afraid you get.
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