29 septembre 2020 Welcome back Les Petites Glo pour une nouvelle saison de la newsletter où on apprend à changer le monde avec Chloé Thibaud. Changer le monde, oui. Même quand on n’a ni pouvoir ni argent. Si on vous a transféré cet email, vous pouvez vous inscrire – gratuitement – ici. “Nous devons être nombreuses à crier que nous ne sommes pas d’accord et que nous ne laisserons plus rien passer !“ Ces mots sont issus d’un tract distribué par Rachèle, l’héroïne du nouveau roman d’Illana Cantin, Rose Rage. Après la sortie de son premier livre en 2018, Georges, le monde et moi, dans lequel la jeune autrice française racontait l’histoire d’amour bouleversante de deux adolescents, elle revient avec une intrigue qui ne pourrait pas mieux coller à l’actualité (sérieusement, Illana, tu as des dons de voyance ?). Rose Rage se déroule au sein du lycée Olympe de Gouges et commence juste après qu’une élève, Ameline, a été renvoyée. La raison ? Quelques jours plus tôt, un mec de sa classe lui touche les fesses en cours de gym sans que personne n’y trouve à redire (pas même le prof), puis d’autres garçons ne cessent de lui faire des remarques sexistes, si bien qu’un jour, à la cantine, après une énième insulte, elle frappe l’un de ses bourreaux et finit en conseil de discipline, pendant que ses camarades masculins coulent des jours heureux sans recevoir la moindre punition. Ça vous rappelle quelque chose, les Petites Glo ? En faisant défiler les pages de ce roman, j’avais l’impression de suivre en direct les événements qui se sont déroulés dans nos collèges et lycées français ces dernières semaines (j’en parlais dans ma newsletter de rentrée, à (re)lire ici). Sauf qu’en plus de raconter avec une grande justesse comment les consciences féministes s’éveillent chez les adolescent·e·s, Illana Cantin semble proposer à ses lectrices un véritable plan d’action. Sa narratrice, Rachèle, est la responsable du journal du lycée. Après l’expulsion d’Ameline, elle a une idée : appeler toutes les filles et les femmes de l’établissement à faire grève, c’est-à-dire à ne pas aller en cours ou à ne pas faire cours, puis à se réunir à l’extérieur tant que justice ne sera pas rendue. “Nous ne pouvons accepter que notre lycée renommé se fasse le représentant d’un monde où il est possible pour des garçons de se frotter à des filles, et où ces garçons s’en sortent avec une tape sur la poitrine,“ écrit-elle sur le tract. Loin de moi l’idée de vous spoiler mais, grâce à leur persévérance et après plusieurs jours de grève et de blocage, Rachèle et ses sœurs d’armes obtiennent gain de cause. Là, vous pensez peut-être : “C’est bien beau tout ça, mais le bouquin dont elle nous parle, c’est de la fiction.“ En fait, pas tant que ça. La première grève des femmes a eu lieu au printemps 1966 en Belgique, où des milliers d’ouvrières de la Fabrique Nationale d’armes de Herstal avaient décidé de cesser toute activité pour réclamer un salaire égal à celui des hommes. Dix ans plus tard, le 24 octobre 1975, 90 % des femmes islandaises ont fait la grève, aussi bien sur leur lieu de travail qu’au sein de leur foyer, laissant ainsi le pays paralysé. Plus récemment, le 14 juin 2019, une grève féministe nationale s’est tenue en Suisse et nous avons, en France, repris cette initiative lors de nos marches du 8 mars. Vous l’aurez compris : la grève a une dimension hautement symbolique. Faire grève, c’est créer collectivement une rupture brutale dans le quotidien pour réveiller le monde autour et c’est aussi refuser certaines règles, certaines lois qui régissent ce quotidien. Deux semaines après le #lundi14septembre, j’ai voulu prendre des nouvelles d’Anaïs et Clara, instigatrices du mouvement et élèves de terminale au lycée Edouard Branly, à Boulogne-sur-Mer. Dès le vendredi 11 septembre, elles avaient lancé une manifestation contre le sexisme à l’œuvre dans leur établissement. “J’avais pensé à la grève, m’a confié Clara, mais je m’étais dit que ça aurait moins d’ampleur qu’une manifestation parce que les parents ne laissent pas forcément leurs enfants ne pas aller en cours… Suite à ce qui s’est passé et à l’impact que ça a eu dans les médias, le principal nous a dit qu’il allait mettre en place une sensibilisation au sexisme dans le lycée. Pour l’instant, on n’a pas trop de nouvelles mais si rien ne change, on compte bien retourner le voir pour lui rappeler ses promesses et lui dire qu’il n’a rien fait.“ Plusieurs élèves du lycée Edouard Branly (Boulogne-sur-Mer) De son côté, Clara serait prête à passer à la vitesse supérieure si les paroles de l’administration ne se changent pas rapidement en actes : “J’adhère complètement à l’idée de faire grève si la manifestation ne suffit pas. Vu que ça embêterait vraiment l’établissement, ils n’auraient pas le choix de réagir, on l’a bien remarqué là, dès que la presse est venue nous voir, ils nous ont pris un peu plus au sérieux. Le ministère de l’Éducation nationale a fait une visioconférence avec notre lycée et des représentants doivent venir à Branly pour mettre en place des projets, changer le règlement intérieur, voire carrément voter une loi. On espère vraiment que le buzz qu’on a réussi à créer va aboutir sur quelque chose. En tout cas, ça nous a donné du courage et de la force, et même si les gens peuvent se dire qu’on n’a que 16 ans, on ne va rien lâcher !“ Les Petites Glo, que vous vous inspiriez de Rose Rage ou de la rage bien réelle d’Anaïs, Clara et toutes les autres, agir ne demande pas grand chose : un compte Twitter, Insta ou TikTok, quelques pancartes fabriquées avec les moyens du bord, de la volonté et beaucoup de sororité. La génération crop top vient de nous le prouver. PS : Illana Cantin a dédié son roman à sa petite sœur, écrivant en début d’ouvrage : “À Louna, pour que tu grandisses sans jamais craindre de parler.“ Puissent cette newsletter et la communauté des Glorieuses vous aider, vous aussi, à grandir sans jamais avoir peur de vous exprimer et de vous faire respecter. Un mot de notre partenaire, Hachette Romans Un partenariat qui a du sens, haut en féminisme, en représentation et en culture ! Chez Hachette Romans, on publie des livres qui éveillent au débat, qui rendent heureux et qui ouvrent l’esprit. Mais surtout des livres qui parlent de féminisme, qui décomplexent et prônent l’empowerment. Avec Hachette Romans, nous voulons offrir des role models aux futures générations de femmes. Parce que nous affirmons qu’il n’existe pas une féminité, mais qu’il tient à chaque femme de définir la sienne. Et que nous continuerons de militer pour faire entendre les voix des plus jeunes féministes d’entre nous. Parce que la révolution, c’est avec nous qu’elle commence. Les recommandations de Chloé À celles qui ont 14 ans ou celles qui ont le double mais s’en souviennent comme si c’était hier, je vous prie d’écouter le magnifique podcast de Lucie Mikaelian, Mes 14 ans. En douze épisodes d’une quinzaine de minutes chacun, la journaliste replonge dans le journal intime qu’elle tenait à l’époque du collège et raconte sa découverte de la sexualité et de l’amour. J’en ai pleuré. “Est-ce que ça fait mal d’avoir ses règles ?“, “À quel âge on les a ?“, “Ça va durer toute la vie ?“ Tchika, le magazine d’empouvoirement réservé aux 7-12 ans, consacre son sixième numéro aux premières règles. À commander d’urgence pour vous, vos petites sœurs ou vos cousines ! Rendre l’école plus queer et aborder les questions LGBTQIA+ dans les cours d’éducation sexuelle, c’est l’objectif de l’association Queer Education, créée en 2019. Le magazine Néon a interviewé un prof qui milite au sein de ce collectif et défend pour chaque enfant et chaque ado “le droit de réinventer le genre et de sortir des cases dans lesquelles on l’a enfermé·e“. L’artiste américaine Cindy Sherman est exposée à la Fondation Louis Vuitton, à Paris, depuis le 23 septembre. Elle est connue pour ses mises en scène déroutantes dans lesquelles elle se déguise, se maquille étrangement, pour déconstruire les stéréotypes féminins. C’est la première rétrospective qui lui est consacrée en France depuis près de 15 ans et je suis certaine que vous allez adorer. Enfin, un documentaire sur la légende du jazz Billie Holiday sort demain au cinéma. Disparue en 1959, elle a été l’une des premières artistes à protester en musique contre le racisme et le lynchage des Noirs aux États-Unis. Ne le manquez pas ! #CONCOURS – Rendez-vous ce vendredi matin sur l’Insta Les Petites Glo pour tenter de gagner trois exemplaires de Rose Rage pour vous et deux de vos ami·e·s ! En direct de l’Instagram des Petites Glo |
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