Cette newsletter vous a été transférée ? Et vous aimez tellement que vous souhaitez vous inscrire ? C’est ici ! 17 juillet 2023 ‘Nous ne sommes pas obligé·e·s d’accepter ce récit pour les femmes’ : Les réseaux d’extrême-droite qui veulent interdire l’avortement en Europe Par Megan Clement Bienvenue dans la newsletter Impact. Cette semaine, nous vous proposons un entretien avec l’autrice d’un nouvel essai d’enquête inédit sur l’avortement et l’extrême droite dans le monde. Vous n’avez qu’une minute pour lire ? Voici la newsletter en très – très – bref :
Et si vous voulez rester à jour sur les mobilisations féministes dans le monde, vous pouvez nous suivre sur Instagram et LinkedIn. Vous souhaitez nous soutenir ? C’est possible en commandant quelque chose de la boutique. Merci beaucoup ! Speak English ? La newsletter est aussi disponible en anglais : En 2017, la journaliste Sian Norris couvrait en Roumanie un sujet qu’elle croyait à priori simple et sans embûches : le référendum sur le mariage pour toutes et tous. Mais elle est tombée sur une histoire bien plus grande. “Toutes et tous les activistes n’arrêtaient pas de parler de grosses organisations américaines de défense de la ‘liberté religieuse’ qui s’impliquaient dans le référendum”, se souvient-elle. C’était déroutant pour la journaliste, qui voulait savoir pourquoi les groupes fondamentalistes chrétiens américains s’intéressaient à la politique intérieure de ce “petit pays européen et moderne”. Plus elle travaillait sur le sujet, plus elle voyait revenir les mêmes groupes d’influence. Ces réseaux étaient actifs contre les droits LGBTQIA+, mais aussi en Irlande en 2018 pendant le référendum pour décriminaliser l’avortement, et en Pologne, où le droit à l’avortement a été à nouveau restreint en 2021. En effet, partout en Europe et aux États-Unis, “l’extrême droite instrumentalisait l’avortement pour diffuser ses théories complotistes et, au final, renforcer une idéologie fasciste,” raconte Sian Norris. Dans son nouveau livre, Bodies Under Siege: How the far-right attack on reproductive rights went global, elle met à nu les réseaux qui font la promotion d’une idéologie extrémiste et contribuent à la normaliser partout dans le monde. Leurs racines remontent aux groupes fondamentalistes américains qu’elle a rencontrés pour la première fois en Roumanie, mais aussi à des oligarques russes et des aristocrates européen·ne·s qui Les résultats ont été dévastateurs. Roe v Wade a été annulé aux États-Unis, privant des millions de personnes de leur droit à l’avortement. En Europe, la normalisation de la politique nativiste qui s’oppose aux droits LGBTQIA+ et reproductifs a catapulté l’extrême droite à des postes de pouvoir en Italie, en Allemagne, en Finlande et en Espagne. En Hongrie, les citoyen·ne·s sont encouragé·e·s à dénoncer les familles de même genre aux autorités et la transition de genre a été interdite. Dans une interview avec la newsletter Impact, Sian Norris explique comment l’idéologie extrémiste et suprémaciste blanche autour de l’avortement et les droits LGBTQIA+ entre dans les sphères politiques traditionnelle en Europe, et comment riposter. Les abonné·e·s à la newsletter peuvent gagner un exemplaire de Bodies Under Siege en répondant directement à cet e-mail. Bonne chance! Megan Clement — Dans le livre, vous décrivez un processus par lequel les idées fascistes d’extrême droite passent de la frange extrémiste jusqu’à la politique dominante. Pouvez-vous expliquer comment fonctionne ce processus ? Sian Norris — La rhétorique extrémiste sur le droit à l’avortement, le rôle des femmes dans la société et le corps des femmes est en train de sortir des C’est affreux et horrible et extrêmement raciste et misogyne, et s’il n’y avait que 10 personnes sur Internet qui lisaient les manifestes merdiques les unes des autres, nous pourrions l’ignorer. Mais nous voyons de plus en plus la notion de grand remplacement utilisée par des politicien·ne·s traditionnel·le·s. En Hongrie, [Viktor] Orbán est à mon avis le point zéro de la normalisation de la théorie du grand Au milieu du processus, il y a des organisations qui blanchissent cette idéologie. L’un des principaux réseaux que j’examine dans le livre est Agenda Europe, qui s’est mis un peu en retrait maintenant. Ils et elles prennent ces idées – sur ce que devrait être le rôle des femmes, à quoi servent les corps des femmes, comment les femmes devraient être soumises à l’autorité masculine, comment les femmes ne devraient pas vraiment être dans la vie publique, comment l’avortement devrait être interdit, comment les droits des personnes LGBT devraient être annulés – et les rendent présentables et acceptables. Ils n’utilisent pas le langage du “génocide blanc” ou le langage que les groupes C’est un schéma dangereux – les États-Unis l’ont fait « avec succès », cela semble horrible d’utiliser ce terme parce que leur succès est si terrible pour les droits des femmes. Nous avons vu ces idées fascistes sur le corps et le rôle des femmes présentées par des organisations Megan Sian Norris — Ce mouvement suprémaciste blanc, néo-fasciste est en faveur de l’avortement, de la stérilisation et finalement du génocide pour les femmes noires et du monde majoritaire, et veut interdire l’avortement pour les femmes blanches. Ce que nous voyons dans les espaces les plus extrémistes, c’est cette idée que les femmes “nationalistes” devraient avoir autant de bébés que Photo : Jon Snedden Megan Clement — Vous avez passé du temps dans des endroits vraiment horribles pour cette enquête, et cela ressort vraiment. Sian Norris — C’est horrible et c’est pour ça que nous devons le prendre au sérieux. Les fondamentalistes d’extrême-droite disent que les femmes qui se font avorter sont égoïstes. Au Royaume-Uni, nous avons récemment vu un député conservateur parler de Megan Sian Norris — Du point de vue du Royaume-Uni, je dis souvent que la Grande-Bretagne n’est pas les États-Unis. La puissance de l’évangélisme religieux dans le nationalisme chrétien aux États-Unis est très différente de la plupart de l’Europe. En Europe, dans l’ensemble, les choses vont à peu près bien. Pourtant, nous assistons à des phénomènes comme la multiplication et le gain d’influence des “centres d’urgence grossesse” dans les systèmes de santé. [NDLR : les “centres d’urgence grossesse” sont des organisations créées par des groupes anti-avortement qui prétendent offrir des conseils sur les grossesses non désirées pour essayer de décourager les femmes d’avorter.] L’Italie est un très bon exemple, où les centres d’urgence grossesse sont implantés dans les hôpitaux, ce qui est vraiment terrifiant. Si vous tombez enceint·e, que vous ne voulez pas l’être, que vous avez besoin d’un avortement et que vous savez où vous faire avorter, alors vous savez quoi faire. Les personnes En Pologne, nous avons vu un recul du droit à l’avortement au cours des deux dernières années et sept femmes en sont En Grande-Bretagne, nous envoyons des femmes en prison pour avoir avorté, nous avons des lois sur l’avortement d’une autre époque. Même s’il est généralement possible d’avorter au Royaume-Uni, cela reste contesté et il n’est pas garanti que vous obteniez le soutien dont vous avez besoin. Je pense donc que nous devons toujours être conscient·e·s que ce Megan Clement — Quels sont les meilleurs moyens de lutter contre ces mouvements et ces tentatives de faire reculer les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+? Sian Norris — La meilleure partie de mon travail, c’est le fait que la plupart du temps, je parle à des gens qui font un travail incroyable dans des espaces vraiment contestés. J’ai récemment écrit un article sur deux organisations au Kenya, où l’avortement est reconnu comme un droit constitutionnel mais n’est autorisé que dans des circonstances très strictes. Elles donnent des C’est vraiment important de s’en souvenir, parce que nous sommes dans une période de recul des droits assez sévère et la situation est grave. Mais il y a un énorme potentiel de changement. L’Amérique latine en est l’exemple le plus poignant. Il y a un mélange de pressions juridiques et politiques, qui émanent de groupes comme Women’s Link Worldwide, qui lancent des procès et Megan Clement — Je pose à tout le monde cette question : qu’est-ce qui vous donne de l’espoir dans votre travail? Sian Norris — Il y a une forme de complaisance à supposer que le progrès va toujours dans un sens et on nous a montré assez catégoriquement que ce n’est pas le cas. Mais il y a du progrès et de l’énergie et nous ne sommes pas obligé·e·s de laisser gagner l’extrême droite. Nous ne sommes pas obligé·e·s d’accepter ce récit pour les femmes et le corps des femmes, nous Prête pour le coup d’envoi ? La newsletter Impact couvrira la Coupe du monde de football des femmes cet été ! Pourquoi ? Car le foot représente un enjeu féministe. Si nous avons vécu la même expérience, vous avez passé votre enfance à entendre que le football n’était pas fait pour les filles – que ce soit pour jouer ou même pour le regarder. Sauf que : le football est pour les filles, et pour les femmes, les personnes queers, les personnes non binaires et les personnes handicapées. En résume, le foot est pour tout le monde. Le foot est politique ; il reflète les questions féministes que nous rencontrons tous les jours, qu’il s’agisse de l’écart salarial, du calibrage du genre, de l’activisme contre le changement climatique ou du racisme. Ce n’est pas que politique, c’est aussi hyper rigolo. Si vous aimez le football (qui sur cette planète ne pourrait pas aimer Wendie Renard ou Megan Rapinoe ?), vous êtes au bon endroit. Mais si vous pensez que le football n’est pas fait pour vous, laissez cette newsletter et les footballeuses extraordinaires qui se rencontreront en Australie et en Nouvelle-Zélande essayer de vous convaincre. Cet été, il y aura des drames. Il y aura des histoires d’amour. Il y aura du thé. Il y aura des saltos arrière. Que voulez-vous de plus ? Notre couverture de la Coupe du monde débute avec le premier match, le 20 juillet. Première fois par ici ? Impact est une newsletter hebdomadaire dédiée aux droits des femmes et des minorités de genre dans le monde entier. Chaque mois, nous publions les dernières nouvelles sur les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, un entretien, un reportage et un édito écrit par notre rédactrice en chef. Ceci est la version française de la newsletter ; vous pouvez lire la version anglaise ici. Megan Clement est la rédactrice-en-chef de la newsletter Impact. Anna Pujol-Mazzini a relu et corrigé la traduction. Agustina Ordoqui prépare le bulletin mensuel et rédige les posts d’actualité sur les réseaux sociaux. La newsletter est financée par New Venture Fund et produite par Gloria Media, basée à Paris. Gloria Media est dirigée par sa fondatrice, Rebecca Amsellem. Gloria Media remercie ses partenaires pour leur soutien. Pour sponsoriser une newsletter, vous pouvez envoyer un mail ici. Le sponsoring n’a aucune influence sur le contenu de la newsletter. Abonnez-vous à nos autres newsletters : Les Glorieuses / Économie / Les |
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