Chères Glorieuses, Je ne sais pas vous mais moi, je n’arrive à rien. Nada. Alors que j’adore passer ma journée dans les livres, terminer une page devient une mission quasi impossible. Chaque feuille est entrecoupée de deux – voire trois– coupures pour vérifier les dernières nouvelles sur les réseaux sociaux. Rien de plus qu’il y a 16 secondes apparemment – me répond « muettement » le réseau choisi pour la pause. Et c’est l’éternel recommencement. Je sais combien de pains au levain cette connaissance a réalisé dans les dernières vingt-quatre heures, je suis au courant de toutes les frasques de Trump et de toutes les tentatives de Macron pour se faire voir comme l’homme providentiel dans les yeux des Français.e.s. Je sais qui s’habille et qui reste en pyjama. Malgré tout ce savoir, je me sens noyée par des messages qui me disent que je n’en fais pas assez. « Les rituels quotidiens des génies créatifs pour être productifs » ; « 21 livres à lire au moins une fois dans votre vie », « Hop hop hop, les enfants sont couchés, plus d’excuses pour ne pas s’épiler ». Malgré son caractère très réaliste, le dernier est faux, je précise. Les autres, non. En somme, on a l’impression que tout le monde est engagé pour sauver le monde ou écrire un chef-d’œuvre pendant qu’on galère à ne pas ouvrir la bouteille de vin avant 17 h 30. Si l’injonction à la productivité est épuisante en temps normal, elle est éreintante en période de pandémie. La notion d’injonction à la productivité fait référence aux éléments externes – entourage, société, réseaux sociaux – qui nous encouragent à penser que la valeur d’une personne est corrélée à ce qu’elle produit et de ce qu’elle fait. Cette injonction on se l’applique dans un premier temps à nous-même. Exemple : « Hum, et si je profitais de ce confinement pour apprendre à chanter. » Je me suis vraiment dit ça. Moi. Alors qu’il n’y a aucune possibilité pour que je sache chanter juste un jour. Cette injonction nous entraîne à combler chaque temps « mort », chaque « vide » pour que le rien n’existe pas. Collage par moi-même, parce que je suis la première à céder à cette injonction finalement. Sommes-nous en train de perdre notre temps si nous ne faisons « rien » ? Oui, selon les critères de notre société prépandémique. Nous existions au regard de notre production, de nos impôts, de nos enfants, de nos hobbies. Celles et ceux qui étaient salué.e.s et « liké.e.s » avaient accepté ce système nous poussant à produire toujours plus, à être visible toujours plus. J’en parle comme si cette époque était révolue alors que l’injonction à la production est toujours là. Mais là où l’ennui était proscrit, il devient une possibilité acceptée et peut-être même voulue. Susan Sontag écrivait dans son journal qu’[Arthur] Schopenhauer était un des premiers à écrire sur l’ennui, le classant dans la « douleur » comme l’un des jumeaux maléfiques de la vie. La douleur est réservée aux démunis tandis que l’ennui est réservé aux nantis ? « C’est une question de richesse », ajoute-t-elle. Sontag continue d’écrire dans son journal : « L’ennui est une fonction de l’attention. Nous apprenons de nouveaux modes d’attention – disons, favorisant l’oreille plus que l’œil – mais tant que nous travaillons dans l’ancien cadre d’attention, nous trouvons X ennuyeux… par exemple écouter le sens plutôt que le son (étant trop orienté message). Peut-être après la répétition de la même phrase ou du même niveau de langage ou d’image pendant longtemps – dans un texte écrit ou un morceau de musique ou un film donné, si nous nous ennuyons, nous devons nous demander si nous fonctionnons dans le bon cadre d’attention. Ou – peut-être que nous fonctionnons dans un cadre droit, où nous devrions fonctionner dans deux simultanément, réduisant ainsi de moitié la charge sur chacun (en tant que sens et son) ». La notion de productivité est toute relative, rappelons-le. Ainsi l’ennui peut être production. C’est ce que rappelle l’autrice irlandaise Anne Enright dans le « Honnêtement, il y a beaucoup à dire sur le fait de traîner toute la journée, de chercher des recettes et ne pas les faire, de ne pas se soucier de peindre le salon ni d’écrire un roman. Au milieu du désordonné moment où il ne se passe rien –appelé votre milieu d’après-midi, vous pourriez obtenir quelque chose – une pensée à noter, un bon paragraphe, un potin pour envoyer un texto à un.e ami.e. L’ennui est un état productif tant que vous ne le laissez pas vous envahir. Essayez de ne pas confondre l’envie de faire quelque chose avec l’idée que vous êtes inutile. Essayez de ne pas confondre l’envie de contacter quelqu’un avec la pensée que vous n’êtes pas aimé. Faites la chose ou ne la faites pas. Les deux sont ok. » Ces temps, caractérisés par l’incertitude du dénouement, précipitent le bouleversement de notre façon de travailler, de notre vision du monde ou encore de nos valeurs. Ne nous laissons pas définir par le nombre de tâches accomplies sur notre liste de choses à faire ou par le fait qu’on ait choisi – ou non – de s’habiller aujourd’hui. Cette période est également l’occasion de regarder vers l’avenir en se rappelant que la société telle qu’elle était n’était pas si séduisante. L’injonction à la productivité n’en est qu’un exemple. 1/ A quoi sert la téléconsultation d’un·e médecin ? CELA PERMET de 1) ne pas aller voir son médecin de ville quand il n’est pas disponible 2) désengorger les hôpitaux 3) avoir une ordonnance rapidement. Plus d’infos ici. (Information Partenaire) 2/ L’ONU lance un appel mondial à protéger les femmes de l’explosion de violences conjugales et familiales. 3/ Le confinement est un privilège de classe et un privilège de race. Si nous n’avons pas de statistiques ethniques en France, celles qui viennent des Etats-Unis sont choquantes : 70% des personnes tuées par le Coronavirus à Chicago sont noires. 4/ Dans la newsletter Les Petites Glo, Chloé Thibaud s’est interrogée sur le mythe de … la virginité. Normalement, c’est écrit pour notre communauté d’ados engagées mais je pense que cela peut déculpabiliser beaucoup d’entre nous. 5/ « D’un point de vue économique, les femmes en couple gagnent en moyenne, non pas 25 %, mais 42 % de moins que leur conjoint, alors qu’une femme célibataire gagne en moyenne « seulement » 9 % de moins qu’un homme célibataire. » C’est ce qu’on apprend dans cet entretien de Céline Bessière, sociologue et co-autrice de l’ouvrage Le Genre du capital. 6/ Avant d’être une série, Fleabag était un one woman show. Et le spectacle est désormais en ligne au prix de son choix pour aider à lever des fonds pour plusieurs organisations anglaises à but non lucratif. https://ondemand.sohotheatre.com 7/ CONCOURS/Aujourd’hui on vous propose de gagner un des trois lots des produits Love&Green. RDV sur notre page Instagram pour participer. (Information Partenaire) 8/ Les travailleuses du sexe sont les premières à faire les frais du confinement et nous (coucou l’Etat) avons le pouvoir de les aider. 9/ Rebecca Solnit a écrit un essai brillant (que j’ai lu en 6 heures trente vue ma concentration actuelle) pour le Guardian. S’il est trop tôt pour savoir de quoi demain sera fait, ce n’est pas une raison pour critiquer la vie d’avant, celle qui nous a mené à ce confinement. 10/ Pour celles et ceux intéressé·e·s par l’histoire de l’art, le MOMA offre des cours gratuits sur la mode, la photographie, l’art contemporain… 11/ Women support Women // FEMBOX est une box bimestrielle féministe pour décomplexer sur les règles, la sexualité, selflove, empouvoirement, etc … La première box de mai aura pour thème notre cher et tendre clitoris <3 Pour participer au crowdfunding de sa fondatrice, c’est là (Information Partenaire) 12/ Podcast – La virilité a un problème avec l’amitié et c’est d’autant plus compliqué quand nous sommes en pleine pandémie. C’est le sujet du podcast « Man Up » de Slate (en anglais). Pour une « VF » du thème, je vous conseille le premier épisode du podcast « Les couilles sur la table » de Victoire Tuaillon avec Mélanie Gourarier, chercheuse au CNRS, anthropologue. Elles parlent, entre autres, d’homo-sociabilité et d’amitié virile UN MESSAGE DE NOTRE PARTENAIRE LIVI LIVI EST UNE APPLICATION qui permet de consulter un·médecin en quelques minutes, en vidéo, quand votre demande ou votre état de santé COMMENT CELA FONCTIONNE-T-IL ? 1) C’est une application, donc on la télécharge sur son smartphone, 2) on entre quelques informations personnelles (pas tout son dossier médical hein) et on choisit le motif de la consultation 3) On remplit un questionnaire en ligne spécifique au motif de consultation 4) On attend que la ou le médecin nous rappelle (on peut carrément faire CELA PERMET de 1) ne pas aller voir son médecin de ville quand il n’est pas disponible 2) désengorger les hôpitaux 3) avoir une ordonnance rapidement. C’EST PLUS CHER ? Non. LIVI applique les tarifs de l’Assurance Maladie, pour un médecin en Secteur 1. Le site de Livi 👉 https://www.livi.fr |
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