Mercredi 8 septembre 2021 Le prochain Club des Glorieuses aura lieu le 5 octobre prochain à la librairie La Régulière (Paris 18). Ce sera une rencontre avec la chercheuse et autrice américaine Kristen R. Ghodsee. Les places sont très très limitées. Le retour du cintre
Mardi dernier, à 23:56 une dernière patiente a pu se faire avorter dans la clinique « Whole Woman’s Health » à Fort Worth, Texas. Quatre petites minutes plus tard, ce n’était plus possible. Aucune des cliniques au Texas ne proposait aux femmes cis un avortement possible après six semaines de gestation. Alors que ce n’est pas illégal. En effet, il existe un arrêt de la Cour suprême, Roe v Wade, qui interdit aux États de promulguer une loi remettant en cause le droit des femmes à disposer de leur corps depuis 1973. L’arrêt Roe v Wade a rendu anticonstitutionnel aux États-Unis les lois qui criminalisent ou restreignent l’accès à l’avortement. Mais c’était sans compter sur la ténacité des catholiques intégristes (pour les nommer) à restreindre la liberté des femmes. « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant », disait De Beauvoir. Comment le Texas a-t-il fait passer une loi révoquant, sans le rendre illégal, le droit aux femmes d’avorter presque totalement ? Suppléer au pouvoir du gouverneur Et oui, une personne peut attaquer autant d’individus qu’elle le souhaite et une autre peut être attaquée par un nombre incalculable d’individus. Avec cette loi, ce n’est plus l’État du Texas qui a la prérogative de poursuivre chaque individu ayant avorté après six semaines mais c’est n’importe quel individu. Et c’est tout le problème. Pour celles et ceux qui viennent de s’inscrire, j’illustre chaque semaine la newsletter avec un collage. La raison est assez simple : j’adore découper des choses. Voilà, c’est dit. Une guerre de quatre hommes contre les femmes Derrière cette loi, ce sont quatre hommes : Jonathan F. Mitchell, Mark Lee Dickson, Bryan Hughes et Greg Abbot. C’est Jonathan F. Mitchell, 45 ans, avocat qui a suggéré à son client Mark Lee Dickson, 36 ans, un pasteur baptiste obsédé par l’avortement, de rendre les individus et non l’État responsables des actions en justice liées à l’avortement, pour contrer les prérogatives de la Cour suprême. C’est Bryan Hughes, membre de la NRA, association qui lutte pour le droit de posséder et de porter des armes et membre de l’église épiscopale de Saint Peter, qui a introduit cette loi, dite « loi du battement de cœur » devant le Sénat du Texas. Après son vote, c’est le gouverneur du Texas, Greg Abbot, catholique pratiquant, qui l’a promulguée. Ce sont quatre personnes qui ne sont jamais tombées enceintes qui ont fait passer cette loi liberticide. Épuiser pour mieux régner Mais les membres de la Cour suprême ne sont pas stupides. Ils voient bien que c’est une tactique juridique pour restreindre les droits des femmes. Oui. Sauf que sur les neuf membres de la Cour suprême, six sont Républicains dont trois nommés par Trump : Brett Cavanaugh, Neil Gorsuch, Amy Coney Barrett. Ces derniers sont farouchement Aujourd’hui, les cliniques ont tellement peur, notamment pour des raisons économiques, d’être poursuivies qu’elles arrêtent d’elles-mêmes de proposer des avortements. Les 24 cliniques au Texas pratiquant des avortements ont fermé leurs opérations pour les avortements après six semaines. Quelles sont les options pour les activistes féministes, comme on peut entendre dans The Daily ? Adam Liptak, journaliste couvrant la Cour suprême des États-Unis pour le New York Times, répond : « Il y a deux possibilités. La première est que le procès sur lequel la Cour suprême a statué est toujours d’actualité et cette décision peut faire l’objet d’un nouvel appel devant la Cour suprême. La deuxième est qu’une personne pratiquant des avortements décide de pratiquer un avortement à une femme ayant huit ou dix semaines de gestation et soit poursuivie en justice. Alors, elle soulèvera comme moyen de défense que la loi du Texas est inconstitutionnelle […] et le tribunal pourrait trancher la question sur le fond. » Est-ce que cela peut réellement se produire ? Adam Liptak en doute. « Il semble que les cliniques respectent la loi, elles ne veulent pas prendre le risque qu’elles et leur personnel puissent être poursuivis, peut-être plusieurs fois pour le même acte. Il est tout simplement trop risqué de prendre cette chance. » Il est rare de savoir qu’on est enceinte avant six semaines de gestation, surtout si on a un cycle menstruel irrégulier. C’est pourquoi cette interdiction concerne environ 90 % des avortements pratiqués. Dans les faits, ce sont les femmes pauvres qui en feront les frais, car elles ne pourront pas se permettre de se rendre dans une clinique clandestine. Il est aberrant de penser qu’une femme qui ne veut pas être enceinte va soudain changer d’avis car elle ne peut pas avorter. Une femme qui ne veut pas être enceinte fera tout pour ne pas être enceinte. Elle ira même, comme cela a été si souvent le cas, jusqu’à utiliser un cintre. Le prochain Club des Glorieuses aura lieu le 5 octobre prochain à la librairie La Régulière (Paris 18). Ce sera une rencontre avec la chercheuse et autrice américaine Kristen R. Ghodsee. Les places sont très très limitées. « Avoir 20 ans en Afghanistan » La newsletter Les Petites Glo fait sa rentrée avec un numéro consacrer aux jeunes filles en Afghanistan. La grande victoire des femmes de chambre qui ont lutté contre l’industrie hôtelière, l’enquête de la newsletter IMPACT. Wetoo, le festival féministe et familial de Pantin se tient ce week end. La performativité, fléau des espaces de sociabilité militants sur XY media. Les soeurs qui veulent vous aider à cuisiner des recettes asiatiques (The Cut). Une vague canadienne porte de nombreuses femmes autochtones à des postes de pouvoir (Radio Canada). Malala : J’ai survécu aux talibans. J’ai peur pour mes sœurs afghanes (New York Times). Vous voulez connaître le secret de longévité des couples qui sont ensemble depuis plus de 10 ans ? Le voici. Maltraitance économique : la face cachée des violences conjugales (Libération). La masculinité toxique empoisonne aussi… la planète (Libération). « Un langage qui utilise le masculin comme valeur par défaut est exclusif » (Le Monde). *** Un mot de notre partenaire, Lancôme *** Du 6 au 12 septembre ont lieu les Journées Nationales d’Action contre l’Illettrisme. L’occasion de mettre en lumière ce fléau qui reste tabou et méconnu de l’opinion en France malgré les 2.5 millions de personnes qui en souffrent. En 2018 à l’échelle internationale, Lancôme a choisi de s’engager auprès de femmes dont l’indépendance et l’expression sont entravées, en créant le programme « Write Her Future » en partenariat avec l’ONG CARE. En France, c’est avec l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme que Lancôme a co-construit un programme qui met l’accent sur l’usage du numérique pour réapprendre aux jeunes femmes à lire et à écrire et ainsi, les aider à sortir à la fois de l’illettrisme et de l’illectronisme. Ce programme a déjà bénéficié à 700 femmes à fin 2020. Les Glorieuses est une newsletter produite par Gloria Media. |
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