Chères Glorieuses, Chers alliés des Glorieuses, Vous êtes une femme cisgenre et vous prenez un antipsychotique, un antihistaminique, ou un médicament pour le coeur ? Il y a de fortes chances que ce médicament ne soit pas toujours efficace. Je m’explique. Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes en France. Une de leurs causes, l’hypertension artérielle, est en forte hausse chez les femmes et notamment les femmes âgées et d’origine afro-américaine. Et l’une des raisons principales est l’existence d’un environnement pharmaceutique sexiste. Si on en croit la Fédération française de cardiologie, les femmes sont de Oui, une des raisons pour lesquelles les femmes ont plus de maladies cardio-vasculaires est l’évolution de facteurs exogènes. Mais ce n’est pas si simple que ça. Les maladies cardio-vasculaires tuent plus de 16 femmes par minute dans le monde car la norme médicale est un homme de 70kg. Selon Caroline Criado Perez, tout commence avec la formation. « Historiquement, on a supposé qu’il n’existait aucune différence fondamentale entre les corps des hommes et des femmes, à part leur taille et leur fonction de reproduction, et donc, pendant des années, la formation médicale a été axée sur la ‘norme’ masculine. » En résumé, tout ce qui ne ressemblait pas à un homme de 70kg « était qualifié d’ ‘atypique’ ou d’ ‘anormal’ ». L’autrice ajoute que lorsque les femmes sont mentionnées dans les manuels d’enseignement, elles sont enseignées comme étant une variation du standard, de la norme, de l’homme pesant 70kg (Invisible women -exposing data Dias in a world designed for men). Sauf que les hommes et les femmes sont différent·e·s et ne pas étudier ces différences est dangereux. Les femmes ne sont pas seulement en moyenne plus petites ou plus légères que les hommes. Leurs cellules sont différentes, leurs hormones sont différentes. Et ces différences ne sont pas prises en compte, ou trop peu, lors de la création de médicaments. Vous êtes une femme et vous prenez un antipsychotique, un antihistaminique, ou un médicament pour le coeur ? Il y a de fortes chances que ce médicament ne soit pas toujours efficace. On y revient, les raisons sont les suivantes. Les femmes ne sont pas seulement Le problème ne s’arrête pas là. Lorsque les femmes sont inclues dans les essais cliniques, on leur demande d’être au début de leur phase folliculaire. Oui, cette fameuse phase où les hormones sont les plus proches des hormones « normales ». Pardon je me suis trompée d’adjectif, cette fameuse phase où les hormones sont les plus proches des hormones « masculines ». En effet, « lorsque les femmes participent à des essais, elles ont tendance à être testées au début de la phase folliculaire de leur cycle menstruel, lorsque les niveaux d’hormones sont au plus bas – c’est-à-dire lorsqu’elles ressemblent superficiellement à la plupart des hommes. L’idée est de ‘minimiser les impacts possibles de l’œstradiol et de la progestérone sur les résultats de l’étude’ » . Sauf que, manque de chance, les personnes menstruées ne sont pas toujours au stade folliculaire lorsqu’elles prennent des médicaments. Par conséquent les femmes prennent des médicaments qui ne sont pas adaptés à l’évolution de leur taux hormonal. L’efficacité de ces médicaments varie ainsi en fonction du cycle menstruel mais aussi en fonction de l’âge de la personne. Une femme ménopausée ne va pas répondre de la même manière qu’une femme menstruée. Certains essais cliniques incluent les femmes je vous rassure, tout n’est pas perdu. Mais les membres de l’équipe de recherche « omettent » de séparer les données des hommes de celles des femmes. C’est un vrai problème. Comme le dirait Jeffrey Mogil, neuro-scientifique à l’Université McGill : « Ce n’est pas seulement scientifiquement idiot et un gaspillage d’argent, c’est aussi une question d’éthique ». Que trouve-t-on lorsqu’on dissocie les données selon le sexe ? Que les médicaments ne sont pas efficaces de la même manière. Ainsi, les médicaments couramment utilisés pour l’hypertension sont moins efficaces chez les femmes que chez les hommes. « Pour les femmes, les médicaments pour la tension artérielle (développés avec des sujets masculins) ne fonctionnent pas aussi efficacement, mais un entraînement contre résistance pourrait bien faire l’affaire, suppose Criado Perez. Sauf que nous ne pouvons le confirmer parce que toutes les études ont été faites sur des hommes. » Est donc d’emblée écartée la population la plus à risque : les femmes âgées de plus de 80 ans. Comme Si tous les médicaments n’ont pas été testés d’un point de vue genré, « jusqu’à présent, des effets sur le cycle menstruel ont été observés pour les antipsychotiques, les antihistaminiques, les traitements antibiotiques et les médicaments pour le cœur ». Il existe un chantier sexiste à dépoussiérer : les médicaments. « Les femmes meurent et le monde médical est complice. Il faut qu’il se réveille ». C’est sur ces mots glaçants que l’autrice Caroline Criado Perez conclue son chapitre sur la dangerosité d’écarter les femmes de la recherche médicale et sur les mêmes que je conclurai cette newsletter. « Les femmes meurent et le monde médical est complice. Il faut qu’il se réveille » 1. Les Petites Glo parlent cette semaine de sororité et de soutien, la newsletter va vous donner envie d’appeler vos ami·e·s pour leur envoyer de l’amour. 2. Si les établissements sont prêts à offrir gratuitement du papier toilette, pourquoi pas des protections périodiques ? 3. Le grenelle contre les violences 4. Dans cet épisode du podcast « Des hommes violents » une survivante prend la parole, un témoignage lançant et poignant. 5. « Les femmes sont à la mode » ? Le Temps revient sur cette phrase qui ne veut strictement rien dire. 6. Adèle Haenel porte plainte contre le réalisateur Christophe Ruggia. 7. Dans les années 50 qui étaient les femmes que la justice condamnait ? La mise en place d’une justice « éducative » 8. Des new-yorkaises inventent le préservatif pour boisson. Un « gadget » qui permet de s’assurer de la sécurité de ses verres 9. Une femme sur trois dans le monde a subi des violences sexuelles ou physiques : cette infographie révèle les chiffres alarmants des violences faites aux 10. Les femmes doivent travailler plus dur que les hommes, c’est un fait. La sénatrice Amy Klobuchar revient sur sa place de femme dans la politique. // Club des Glorieuses // Nous vous recevrons dans nos locaux le 28 Novembre dès 19h30 (15, rue de la Fontaine au Roi) pour une soirée « speed-dating », destinée à briser la glace pour faciliter les liens dans le formidable et glorieux réseau que nous formons. Pour s’inscrire c’est là ; pour voir l’événement sur Facebook c’est là. //La mère Lachaise// Partez à la rencontre des femmes illustres qui reposent au cimetière du Père Lachaise et (re)découvrez cet espace unique de Paris. Cette visite est un hommage à celles qui ont Le sac parfait pour contenir le budget que le gouvernement alloue aux violences faites aux femmes et commises par les hommes 🙄 #grenelleviolencesconjugales Rebecca Amsellem est une activiste féministe franco-canadienne, créatrice de la newsletter Les Glorieuses et fondatrice de Gloria Media, société de production de newsletter. Elle est également docteure en économie. Sa thèse, « Museums go international : new strategies, business models » est publiée aux Éditions Peter Lang (au cas où ça intéresse quelqu’un·e). |
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