Alors que l’âge moyen du début de la ménopause, un processus qui peut durer jusqu’à cinq ans, est de 51 ans, il se trouve que de plus en plus de personnes ménopausées travaillent en entreprise. Au Royaume Uni, ces personnes représentent même la population active qui augmente le plus rapidement. Comme tout ce qui est lié au fonctionnement du corps dit “féminin”, la ménopause est une période de la vie profondément taboue, à l’intersection des discriminations liées au genre et à l’âge.

Les différents symptômes physiques et mentaux dont les personnes ménopausées font l’expérience ont un effet négatif sur leur productivité, ce qui est exacerbé par un manque d’adaptation de la part de leurs entreprises. Cela coûte cher à la fois aux personnes ménopausées et aux employeurs : 59% des personnes faisant l’expérience de symptômes lors de leur ménopause déclarent que cela a impacté négativement leur capacité à travailler, et une personne sur quatre aurait pensé à quitter son travail à cause de ça.

“Chaque personne fait l’expérience de la ménopause d’une façon unique”, explique Deborah Garlick. Deborah Garlick est directrice de Henpicked : Menopause in the Workplace et autrice de Menopause. Elle a élaboré des directives à l’attention des entreprises afin d’accueillir au mieux cette période de la vie de leurs employé·e·s. “Mais les symptômes les plus communs sont la fatigue et les bouffées de chaleur. Des symptômes psychologiques dont on parle moins mais qui sont très importants peuvent également affecter le travail : la
difficulté à se concentrer et une mémoire fluctuante, l’anxiété et le manque de confiance en soi.” Une étude réalisée au Royaume-Uni sur plus de 900 femmes cis actives a démontré qu’elles considéraient que ces derniers étaient ceux qui affectaient le plus leur performance au travail.

Briser le tabou

“La plupart des personnes en pleine ménopause n’osent pas en parler, car il y a beaucoup d’idées reçues autour de cette période de la vie”, affirme l’autrice. “Les gens l’associent avec le fait d’être beaucoup plus âgé·e que dans la réalité, que cela signifie que la personne arrive à la fin de sa carrière, et qu’elle ne va plus aussi bien travailler.” Il est alors difficile pour les personnes en ménopause de parler de leurs difficultés à leurs employeurs, leurs collègues ou leurs N+1.

Pour celles qui le font, c’est parfois
compliqué : un rapport publié par le Trades Union Congress raconte qu’une personne sur cinq ayant discuté avec leurs employeurs a fait face à des critiques, des moqueries ou du harcèlement. 45% des personnes interviewées dans cette enquête ont déclaré que leurs employeurs ne comprenaient pas les problèmes qui pourraient aller avec la ménopause. Les hommes, plus particulièrement les hommes jeunes, étaient désignés comme la population avec laquelle il était le plus difficile d’en discuter.

“Tout cela vient d’un manque d’éducation
globale autour de la ménopause et du cycle menstruel, on croit que c’est la marque de la fin de la vie d’une personne, mais ce n’est que le milieu”, affirme Deborah Garlick. “Ce manque d’éducation signifie aussi que certaines personnes ne vont pas réaliser qu’elles commencent leur ménopause, dont le processus peut parfois débuter bien longtemps avant la fin des règles. L’éducation est la clé pour briser ce tabou.”

Afin de pallier ce manque, Henpicked propose des formations en entreprise sur le sujet de la ménopause.
“Nous proposons à la fois des formations pour les employés, afin de les éduquer sur la façon de recevoir la parole autour de l’expérience de la ménopause, mais aussi pour comprendre ce processus, et des formations aux membres des ressources humaines afin d’adapter le lieu et le rythme de travail des personnes concernées”, explique sa directrice. “Cela peut aller d’adapter les horaires de travail à des choses très simples et pratiques, comme le fait de fournir un ventilateur pour les bureaux. Une seule heure de formation peut faire une grande différence.” Henpicked décerne même des certifications aux entreprises “ménopause-friendly”, dont la première promotion sera annoncée le 25 juin.

Elle cite notamment l’exemple d’HSBC UK, qui a récemment changé ses uniformes afin de les rendre plus respirables et adaptables aux changements de morphologie qui surviennent à la ménopause.“On nous dit souvent que les gens apprécient que leurs employeurs prennent leur santé au sérieux, et que ces personnes ont l’impression que leur employeur sera là pour elles si
elles rencontrent un problème durant leur ménopause”, raconte Deborah Garlick. “Se former sur le sujet ne peut être que bénéfique pour une entreprise : cela permet de se rapprocher d’une partie de leurs employé·e·s souvent laissée de côté, cela réduit les congés maladie et la baisse de performance, et cela participe à créer un environnement de travail proprement inclusif.”

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