Les Glorieuses est une newsletter hebdomadaire qui vous propose un regard féministe sur l’actualité. Notre devise : Liberté Égalité Sororité. Mercredi 10 octobre 2018 Les premières traces d’un homme qui dit à une femme de la fermer sont dans l’Odyssée. Ce n’est autre que Télémaque qui dit à sa mère, Pénélope : « Mère (…), retourne dans tes appartements, reprends tes travaux, ta toile, ta quenouille (…) discourir est l’affaire des hommes, de tous les hommes mais surtout de moi qui détiens le pouvoir dans cette maison » (Mary Beard, Les femmes et le pouvoir : un manifeste, Perrin, 2018). Si nous faisons de la parole des femmes dans l’espace public un événement, c’est bien Les dernières traces d’un homme qui dit à une femme de la fermer sont très probablement sur Twitter. La culture du silence imposée aux femmes fut en effet ébranlée au moment où un outil permettait à Le problème n’est pas Twitter, ou l’espace public, ou les différents champs au sein desquels les femmes n’ont pas une place ; le problème est que ces structures ont été créées avec une velléité de domination des femmes. « Comment Si dans la Grèce et la Rome antique la culture du silence s’accompagnait d’une inégalité politique (avec l’absence du droit de vote) ou d’une inégalité économique (impossibilité d’avoir un lien avec de l’argent sans l’intermédiaire d’une homme), celle-ci s’accompagne aujourd’hui d’un imaginaire collectif où les femmes sont de facto exclues des sphères de pouvoir. « Lorsqu’une femme est en passe d’accéder au pouvoir, le vocabulaire employé par les médias pour décrire cette incursion côtoie les métaphores qui soulignent que les femmes appartiennent à un monde autre. Comment briser cette culture du silence ? En parlant haut et fort ? Nous l’observons bien, un an après le début du mouvement #metoo, les témoignages de femmes se multiplient dans l’indifférence des structures qui pourraient les légitimer. Les « C’est la structure qu’il faut changer » nous dit Marie Beard. « Il n’est pas aisé d’adapter les femmes à une structure que l’on a par avance bâtie sur des codes masculins : c’est la structure qu’il faut changer. Cela suppose de penser autrement le pouvoir. Cela suppose de réfléchir en commun au pouvoir de ceux qui suivent, et pas supposément de ceux qui dirigent. Cela suppose surtout de La pensée de Mary Beard résume bien, à mon sens, l’enjeu des féministes. La révolution féministe n’a pas pour objectif de s’imprégner des codes des structures aujourd’hui en plus. Elle a pour vocation de repenser ces structures pour les adapter aux notions d’égalité et de solidarité. Finissons par ces mots de la poétesse Nayyira Waheed, « tout ce qui sommeille en vous. réveillez-le* ». * « everything that is sleeping in you. wake it up. » P.S. Vous avez kiffé cette newsletter ? Je vous conseille alors celles-ci : « Vous avez le pouvoir« , et l’imagination au pouvoir. |
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