Shirley Goldfarb est avant tout une peintre qui se questionne sur le monde qui l’entoure. « Je suis une femme riche sans argent » écrit-elle dans ses carnets. Frédérique Villemur, historienne de l’art analyse l’écriture et la peinture de Goldfarb comme « un acte de résistance face à la société capitaliste (au pouvoir de l’argent elle oppose sa glorieuse pauvreté), et face au machisme (Shirley décrit le voyeurisme mâle aux terrasses de café), comme au marché de l’art et à ses institutions (elle s’est tant amusée à Paris, dit-elle, qu’elle en a oublié de rentrer en Amérique pour devenir célèbre) » (Shirley Goldfarb : un journal, une œuvre, 1971-1980, Villemur, Le femmes parlent d’art, vol.1 2011).
« J’aime : le fait que Roland Barthes s’essaye dans le même café que moi, et me sourie à l’occasion.
J’aime : le temps où j’ai à faire ou ne pas faire toutes les choses que j’ai à faire ou ne pas faire.
J’aime : l’acte de peindre chaque jour sur une grande toile à l’infini des touches de couleur. Chaque touche signifiant quelque chose de fabuleux, mêle si je ne sais pas
exactement quoi.
J’aime : les garçons, les jolis garçons que je connais et qui me connaissent. J’ai et Tom parmi ceux-là – peut être les plus importants en ce moment. Nous nous sommes assis ensemble, nous avons ri ensemble, nous ne ferons certainement rien de sexuel ensemble. C’est pourquoi nous pouvons être ensemble – nous savons qu’il n’y a pas d’issue. »
Le sentiment de liberté est omniprésent dans ses journaux, tout au long de sa vie. « Je suis le genre de personne qui doit être libre de vivre, sans avoir à se sentir responsable de quiconque, hormis d’elle-même » (1971). Il s’impose comme une revendication, en tant que femme mais aussi (et surtout) en tant qu’artiste. La liberté est, pour Goldfarb, un but et non un moyen : « Une juive errante qui ne sait où aller. Si je souhaite être libre – libre pour quoi faire – juste libre de penser que je suis libre. » Quelques jours avant de mourir, c’est encore la liberté qui envahit ses pensées : « Je ne dois renoncer à rien ni à personne. Mon moi théâtral… mon moi artistique… de toute façon nous surmonterons… parce que nous ne savons pas commencer renoncer ! ».