Mercredi 29 septembre 2021 – Vous connaissez la talentueuse humoriste Fanny Ruwet ? J’ai eu la chance d’être invitée dans son podcast, « les gens qui doutent ». Pour l’écouter, c’est ici. Yentl, encore et toujours.
« Quatre femmes sur cinq négligent leur santé. » Le résultat de l’enquête Elabe pour Axa Prévention publiée ce lundi est clair : les femmes courent un danger non négligeable en privilégiant le bien-être de leurs proches et en allant voir un.e médecin qu’en dernier recours. Au cœur de l’étude se trouve le syndrome de l’infirmière. Car les femmes vont aisément chez un.e professionnel.le de santé lorsqu’il s’agit d’accompagner un enfant mais vont préférer l’automédication lorsqu’il s’agit d’elles-mêmes. Le principal frein, c’est le temps. « Les femmes ont progressé sur le plan professionnel, elles ont gagné en responsabilité, mais sur le plan domestique et parental, ça stagne », affirme au Parisien la maîtresse de conférence Muriel Salle. Elles n’ont pas le temps. Mais ce que l’étude ne dit pas c’est que, lorsqu’elles font le déplacement, le miracle n’existe pas. Elles n’entrent pas dans ce monde merveilleux où chaque douleur est prise en compte, chaque symptôme est reconnu, chaque maladie peut être traitée par une médecine adaptée. Non, lorsque les femmes entrent dans le monde médical, les préjugés continuent. « Pourquoi est-ce que les gens qui veulent la vérité ne la croient jamais quand ils l’entendent ? » Yentl est alors travestie en Anshel lorsqu’elle prononce ses mots (suivez mon raisonnement, il y a un lien avec le paragraphe précédent je vous le promets). Après la mort de son père, elle avait décidé de s’habiller en homme, de quitter son shtetl, et d’aller étudier le Talmud dans une Yeshiva, école juive religieuse dans laquelle les hommes passent leurs journées à étudier les textes sacrés juifs. Car le faire, en tant que femme, était résolument interdit. Car « les livres sacrés sont réservés aux hommes » Ceci n’est pas une scène du film Yentl mais il y a Barbra Streisand et c’est la personne la plus extraordinaire de la terre. Le personnage de Yentl, imaginé par le prix Nobel Isaac Bashevis Singer et interprété par Barbra Streisand, est entré dans l’imaginaire collectif en laissant son nom à un syndrome. En effet, la cardiologue américaine Bernadine Healy a nommé le syndrome de Yentl en 1971 pour exprimer la différence de prise en charge entre les femmes et les hommes en cardiologie. Ce qu’elle dit est simple : vous avez mal quelque part ? Vous devez aller vous faire soigner ? Dans ce cas, il vaut mieux être un homme. Pourquoi ? Il existe un biais sexiste venant du fait que les femmes sont peu étudiées en recherche médicale. Les symptômes couramment associés à certaines maladies cardiaques, comme avoir son bras gauche paralysé ou alors ressentir une douleur dans la cage thoracique avant une crise cardiaque, sont plus susceptibles de se réaliser sur les sujets hommes. Les symptômes dont les femmes font l’expérience ne sont pas les mêmes et il est donc plus compliqué de dépister des signes avant-coureurs de crise cardiaque chez les femmes. Cette différence de traitement ne s’arrête pas là. La douleur semble être une émotion dont la légitimité n’est accordée qu’aux hommes. Des préjugés sexistes entraînent une prise en considération plus légère de désordres comme la dysménorrhée ou encore les douleurs d’accouchement (Lennane K. J., Lennane R. J., « Alleged Psychogenic Disorders in Women. A Possible Manifestation of Sexual Prejudice », N Engl J Med, in La Revue médicale suisse). À ces préjugés sexistes s’ajoutent des préjugés racistes identifiés sous le nom de syndrome méditerranéen. Les stéréotypes racistes entraînent une mauvaise prise en charge médicale des personnes racisées et conduisent à des drames médicaux. Yentl a vécu la vie qu’elle souhaitait en se faisant passer pour un homme. C’était en Pologne, en 1873. Un bail donc. (Les jeunes qui lisent la newsletter, ne me jugez pas sur l’emploi du mot « bail » s’il vous plaît.) Lorsque la cardiologue Bernadine Healy a identifié le problème, nous étions en 1971. L’étude a montré que 81 % des femmes prennent en charge la santé de leurs proches avant la date d’avant-hier. Les causes sont identifiées, les solutions existent. N’attendons pas encore vingt ans pour créer une santé réellement inclusive pour les femmes. Ma sélection d’articles « Je ne peux pas parler pour toutes les femmes en Afghanistan, mais pour celles que je connais, je peux dire que les femmes afghanes sont imparables – elles sont comme ça depuis des années. Je connais des femmes qui ont transformé leurs sous-sols en écoles pour éduquer les filles et les garçons sous le précédent… » La nouvelle newsletter Impact est sortie et on peut la lire là en français et ici en anglais. Hier, c’était la journée internationale de lutte pour l’avortement, l’occasion de relire quelques newsletters des Glorieuses sur le sujet : Comment l’anxiété sociale des jeunes s’est aggravée pendant la pandémie. Ils s’attendaient à ce que la vingtaine soit une période pour les amis et le passage à l’âge adulte. Au lieu de cela, ils ont dérivé dans l’isolement. Aujourd’hui, des milliers de jeunes ont du mal à se socialiser à nouveau (en anglais). La pandémie du coronavirus a exacerbé la perte de toit pour de nombreuses personnes, notamment les femmes racisées, qui ont été parmi les plus durement touchées par les pertes d’emplois (en anglais). Les Glorieuses est une newsletter produite par Gloria Media. |
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