Interdiction de l’avortement aux États-Unis et à Malte ; des progrès en Sierra Leone et en Allemagne ; des avantages pour les travailleur·euse·s domestiques en Espagne, et plus encore
Par Agustina Ordoqui 11 juillet 2022 ÉTATS-UNIS : Suite à la décision de la Cour suprême d’annuler le jugement Roe v Wade, 26 États américains sont en passe d’interdire ou de restreindre l’avortement, sans aucune exception pour le viol ou l’inceste dans certains cas. Les tentatives d’interdiction de l’avortement ont été temporairement bloquées par les tribunaux dans certains États, dont le Kentucky et la Louisiane. Dans l’Ohio, une fille de 10 ans, tombée enceinte à la suite d’un viol, a été contrainte de se rendre dans l’Indiana pour se faire avorter. Entre-temps, la demande de pilules abortives est montée en flèche. Depuis le 24 juin, des milliers de personnes ont manifesté aux États-Unis et dans le monde entier pour soutenir le droit de choisir. SIERRA LEONE : Le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, a annoncé son soutien à un projet de loi visant à dépénaliser l’avortement lors de la Conférence Africaine sur la Santé et les Droits Sexuels. En Sierra Leone, une loi datant de 1861 n’autorise l’avortement que lorsque la vie, la santé physique ou la santé mentale de la patiente est en danger. En 2015, la loi sur l’avortement sécurisé a été adoptée au Parlement, mais le président de l’époque, Ernest Bai Koroma, a refusé de la promulguer. Le nouveau projet de loi – la loi sur la maternité sans risque et la santé reproductive – va maintenant être soumis au Parlement pour approbation. La Sierra Leone a l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde : 1,120 mères meurent pour 100,000 naissances. MALTE : Une femme état-unienne qui a souffert de complications de grossesse potentiellement mortelles à Malte a dû être transportée par avion à Majorque, en Espagne, afin de mettre fin à sa grossesse. Andrea Prudente, qui était enceinte de 16 semaines, était en vacances avec son partenaire lorsqu’elle a commencé à saigner abondamment et a dû être hospitalisée. Les médecins et médeciennes ont refusé d’interrompre la grossesse, alors que le fœtus n’avait aucune chance de survie et que la vie de Prudente était en danger. Malte est le seul pays de l’Union européenne qui interdit l’interruption de grossesse en toutes circonstances. Suite à la controverse, 135 médecins et médeciennes maltais·es ont signé une pétition demandant que l’interdiction soit revue. Le gouvernement maltais a annoncé qu’il examinerait l’effet de la loi sur l’avortement sur les médecins et médeciennes. SALVADOR : Une femme ayant subi une fausse couche a été condamnée à 50 ans de prison, la peine maximale du système pénal salvadorien, pour homicide aggravé. L’accouchement de « Lesli », 19 ans, a commencé sans qu’elle ne s’en rende compte et elle a fait une fausse couche. Elle a d’abord été emmenée dans un hôpital, puis transférée en prison. En mai, une autre femme, « Esme », a été condamnée à 30 ans de prison pour avoir fait une fausse couche. L’avortement est totalement interdit au Salvador et la pression de la loi est telle que les femmes sont fréquemment dénoncées aux autorités par le personnel médical pour avoir fait une fausse couche. En novembre de l’année dernière, la Cour interaméricaine des droits humains a recommandé que les femmes qui avaient été emprisonnées pour avoir avorté ou fait une fausse couche soient libérées. Ceci étant, la persécution des femmes qui ont mis fin à leur grossesse, volontairement ou involontairement, se poursuit. Heloísa Marques pour Impact x Les Glorieuses ALLEMAGNE : Les médecins et médeciennes allemand·e·s ne seront plus potentiellement condamné·e·s à une amende pour avoir fourni des informations concernant la possibilité d’avorter, après que le parlement ait approuvé une réforme de la loi du pays datant de l’époque nazie. Les parlementaires ont voté pour la suppression du paragraphe 219a, qui interdisait la « promotion de l’avortement ». En Allemagne, l’avortement est actuellement légal jusqu’à 12 semaines ou en cas de risques pour la santé ou de viol. La personne enceinte doit assister à une séance de conseil juridique et attendre trois jours avant de subir la procédure. COLOMBIE : Le gouvernement du président sortant Iván Duque a ordonné à la Cour Constitutionnelle colombienne d’étudier les demandes de citoyen·neıs qui s’opposent à la dépénalisation de l’avortement, qui a eu lieu en février de cette année. La requête a été faite par le Ministère de la Justice le 25 juin, la même semaine que la Cour suprême américaine a annulé le jugement Roe v Wade. Cependant, le nouveau président, Gustavo Petro, et la vice-présidente, Francia Márquez, prendront leurs fonctions en août. Tous deux sont pro-choix. En juin également, Petro a reçu le rapport final de la Commission de la Vérité en Colombie, créée dans le cadre de l’accord de paix de 2016, qui a pour la première fois abordé les violences reproductives et sexuelles commises par les guérillas et les organisations paramilitaires pendant le conflit armé colombien. POLOGNE : Le Comité pour l’Avortement Légal sans Compromis a présenté au Parlement polonais, en juin, une initiative visant à reconnaître le droit à l’avortement jusqu’à 12 semaines. Cependant, la chambre basse a rejeté le projet de loi avec 175 député·e·s en faveur et 285 contre. La Pologne interdit l’avortement sauf en cas de viol, d’inceste ou de risque pour la vie de la patiente. L’avortement en cas d’anomalie du fœtus a été interdit en janvier 2021. Deux femmes sont mortes des suites de cette loi depuis cette date. AUSTRALIE : L’Australie pourrait augmenter le congé parental payé à 20 semaines pour les partenaires. Actuellement, les partenaires ont le droit à deux semaines au salaire minimum national, payées par le gouvernement fédéral. L’Australie offre un congé maternité pouvant aller jusqu’à 12 semaines, composé de 60 jours payés et de 30 jours de congé parental payés flexibles. Le ministre du Travail, Tony Burke, a par ailleurs déclaré que sa première démarche parlementaire serait d’introduire un projet de loi d’ici la fin de l’année offrant dix jours en cas de violences familiales et domestiques. Cette loi bénéficierait à plus de huit millions d’Australien·ne·s. ESPAGNE : Les travailleur·euse·s domestiques et les aides-soignant·e·s auront droit à des allocations de chômage grâce à la ratification de la Convention 189 de l’Organisation Internationale du Travail par le Congrès, qui stipule que les travailleur·euse·s domestiques doivent bénéficier des mêmes droits et conditions de travail que les autres professions. Plus d’un demi-million de travailleur·euse·s domestiques auront accès à l’assurance chômage et à d’autres droits. Selon des données d’Oxfam, un·e travailleur·euse domestique espagnol·e sur trois vivait en dessous du seuil de pauvreté avant la pandémie, tandis qu’un·e sur six était en situation d’extrême pauvreté. Le Ministère du Travail a déclaré qu’il œuvrait pour que le règlement entre en vigueur avant les vacances d’été au mois d’août. THAïLANDE : Un projet de loi légalisant le mariage et les unions civiles entre personnes de même sexe a été adopté en première lecture par la Chambre des représentant·e·s de Thaïlande. L’initiative a été introduite par l’opposition et a reçu 212 voix en faveur, 180 contre et 12 abstentions. Elle doit maintenant être soumise à nouveau pour une deuxième puis dernière lecture, et devra ensuite être examinée par le Sénat et la Cour Constitutionnelle. Le projet de loi a été débattu aux côtés de trois autres initiatives : deux, soumises par le gouvernement thaïlandais, ne reconnaîtraient que les unions civiles entre personnes de même sexe. Si une version de la loi est adoptée, la Thaïlande deviendra le deuxième pays d’Asie à autoriser les unions entre personnes de même sexe, après Taïwan. Le 5 juin, Bangkok a célébré sa première marche des fiertés depuis 16 ans. Cet édition d’Impact a été préparé par Agustina Ordoqui, Megan Clement et Steph Williamson. Impact est produite par Gloria Media et financée par New Venture Fund Abonnez-vous à nos autres newsletters : Les Glorieuses / Économie / Les Petites Soutenez un média féministe indépendant en rejoignant Le Club. |
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