Cette newsletter vous a été transférée ? Et vous aimez tellement que vous souhaitez vous inscrire ? C’est ici ! 10 avril 2023 Le micro-état qui distribue des contraceptifs gratuits à tous·tes et le pays qui interdit l’avortement en toutes circonstances Par Agustina Ordoqui Lisez les dernières nouvelles sur les droits des femmes dans le monde, y compris :
Pour lire ces nouvelles au fil de l’eau, suivez-nous sur Twitter et sur Instagram. Speak English ? La newsletter est aussi disponible en anglais : OUGANDA — Le parlement ougandais a adopté en mars un projet de loi qui criminalise les personnes LGBTQIA+. D’après cette loi, toute personne qui s’identifie comme lesbienne, gay, bisexuel·le, transgenre, queer ou « toute autre identité sexuelle ou de genre contraire aux catégories binaires de l’homme et de la femme » pourrait être condamnée à 10 ans de prison ou même condamnée à mort. D’après Human Rights Watch, le projet de loi interdit également de toucher une autre personne « avec l’intention de commettre un acte d’homosexualité ». Le texte, qui fait monter d’un cran la persécution par le gouvernement des minorités sexuelles et de genre., est une version mise à jour d’un projet de loi anti-gay de 2014 qui avait été annulé par les tribunaux. L’année dernière, Sexual Minorities Uganda, une organisation de défense des droits LGBTQIA+, a été contrainte de fermer. Lisez notre entretien avec la militante LGBTQIA+ Kasha Jacqueline Nabagesera, qui explique la nouvelle loi anti-gay ougandaise. AFGHANISTAN — Les autorités talibanes ont arrêté lundi à Kaboul le fondateur de PenPath, un projet visant à aider les enfants en zones rurales à avoir accès à l’éducation en Afghanistan. Matiullah Wesa a été arrêté alors qu’il sortait d’une mosquée après la prière. La veille, PenPath avait partagé une vidéo de femmes qui réclamaient le droit à l’éducation. L’ONU a exhorté les Taliban à fournir des informations sur la détention de Matiullah Wesa. Depuis que le groupe armé extrémiste a pris le pouvoir en août 2021, les femmes afghanes ont peu à peu perdu leurs droits. Les filles sont interdites de cours depuis septembre 2021, tandis que les femmes ont été exclues de l’université en décembre. PenPath a été fondé en 2009, et après l’interdiction des filles et des femmes d’aller à l’école, elle est devenue un symbole de la lutte contre le régime patriarcal extrémiste des talibans. La bibliothèque Zan, l’un des derniers espaces permettant aux femmes de lire et d’étudier librement, a été forcée de fermer mi-mars. LUXEMBOURG — Le Luxembourg offre désormais des moyens de contraception gratuits pour tous·tes. La caisse nationale de santé a commencé à rembourser les contraceptifs tels que la pilule, la pilule du lendemain, les patchs et les anneaux contraceptifs, les injections, les implants ou les vasectomies. Cette nouvelle mesure a été annoncée par le gouvernement suite à l’application d’une loi adoptée il y a cinq ans et qui avait dû être reportée en raison de la pandémie de Covid-19. La mesure n’inclut pas les préservatifs, qui sont disponibles gratuitement dans les hôpitaux et autres lieux publics. ANDORRE — L’activiste Vanessa Mendoza Cortés a dénoncé l’Andorre après de la 52e session du Conseil des droits humains des Nations unies pour l’avoir persécutée à coups de procédures judiciaires pour s’être exprimée sur le droit à l’avortement. L’avortement est interdit en toutes circonstances dans la petite principauté, “obligeant les femmes et les jeunes filles à se rendre en Espagne ou en France”, elle a déclaré au Conseil. Vanessa Mendoza Cortés, présidente de l’ONG Stop Violències, est accusée d’avoir commis un crime “contre le prestige des institutions” pour avoir critiqué le gouvernement lors d’une session précédente du Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes en 2019. Elle est en liberté provisoire et risque une amende pouvant aller jusqu’à 30 000 euros. HONDURAS — Le Honduras va recommencer à vendre la pilule du lendemain, après l’avoir interdite pendant 14 ans. La décision a été prise par Xiomara Castro – la première femme présidente du pays – dans un décret publié à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Jusqu’à présent, le Honduras était le seul pays d’Amérique Latine à interdire totalement l’utilisation de la contraception d’urgence. En 2009, un décret présidentiel l’a interdite, affirmant qu’il s’agirait en réalité de pilules abortives. C’est faux : même si les pilules empêchent une grossesse jusqu’à cinq jours après un rapport sexuel non protégé, elles ne sont plus efficaces après une fécondation. L’avortement est totalement interdit dans le pays. EL SALVADOR — Le procès Beatriz et al contre l’état du Salvador a commencé auprès de la Cour interaméricaine des droits humains. “Beatriz” était une femme de 22 ans qui s’est vu refuser un avortement en 2013. Elle avait reçu un diagnostic de lupus érythémateux disséminé, une maladie auto-immune, et avait déjà vécu une grossesse à risque. Sa deuxième grossesse mettait sa vie en danger et n’était pas viable : le fœtus n’avait pas de cortex cérébral. Beatriz a déposé une demande d’avortement auprès de la Cour constitutionnelle du Salvador, mais le tribunal a rejeté sa requête. L’avortement est totalement interdit au Salvador, même en cas de risque pour la vie de la patiente ou si la grossesse n’est pas viable, et peut être puni d’une peine de prison. Beatriz a été forcée d’accoucher par césarienne et le bébé est mort cinq heures plus tard. Elle est décédée en octobre 2017 dans un accident de voiture, c’est donc sa famille qui a poursuivi son combat. Ses proches accusent le Salvador de violations des droits humains et de torture. Les militant·e·s des droits humains espèrent que la décision du tribunal obligera le gouvernement salvadorien à libéraliser ses lois sur l’avortement. Le tribunal a déjà statué contre le Salvador dans le cas de Manuela, une femme qui avait été emprisonnée après avoir fait une fausse couche et est morte d’un cancer peu de temps après. POLOGNE — Justyna Wydrzyńska, la première militante pour les droits reproductifs en Pologne à être accusée d’avoir aidé une femme à avorter a été reconnue coupable. Elle a été condamnée à huit mois de « restriction de liberté », et devra effectuer 30 heures par mois de travaux d’intérêt général non rémunérés. Justyna Wydrzyńska, l’une des quatre fondatrices de Abortion Dream Team, a donné des pilules pour avorter à une femme victime de violence conjugale. Abortion Dream Team ne fournit pas directement de médicaments abortifs, mais les dirige vers des services en dehors de la Pologne, mais la militante a déclaré qu’elle avait fait une exception en raison de l’urgence de l’affaire, qui a eu lieu pendant le confinement. Bien qu’il ne soit pas illégal d’interrompre une grossesse en Pologne en utilisant des médicaments achetés en ligne, fournir ces médicaments à quelqu’un est considéré comme un crime. Le pays interdit l’avortement sauf en cas de viol, d’inceste ou de risque pour la vie de la patiente. L’avortement en cas d’anomalies fœtales a été interdit en janvier 2021. Lisez notre interview de 2022 avec Justyna Wydrzyńska. ÉTATS-UNIS — La gouverneure du Nouveau-Mexique, Michelle Lujan Grisham, a signé un projet de loi qui empêche les restrictions locales au droit à l’avortement. Alors que l’état garantit l’accès gratuit à l’avortement, dans deux comtés et trois villes, la procédure a été limitée. Le Reproductive and Gender-Affirming Health Care Act signé par Grisham interdit désormais aux municipalités locales de restreindre les droits à l’avortement. Elle protège également l’accès aux soins de santé qui permettent aux personnes trans et non-binaires d’affirmer leur genre. La même semaine, la législature du Nouveau-Mexique a adopté un projet de loi qui les soignant·e·s qui réalisent des avortements. Pendant ce temps, le Wyoming est devenu le premier état du pays à interdire l’utilisation de médicaments abortifs. La législation, signée par le gouverneur républicain Mark Gordon, restreint également l’accès à l’avortement, sauf en cas de viol, d’inceste ou de risque pour la vie de la personne enceinte. Dans le même temps, des militant·e·s anti-avortement contestent l’approbation par la Food and Drug Administration du médicament abortif, la mifépristone, devant un tribunal du Texas. Le procès risquerait de conduire à une interdiction nationale de la pilule abortive. PÉROU — La pilule du lendemain sera fournie gratuitement au Pérou, grâce à une décision de la Cour constitutionnelle qui ordonne au ministère de la santé de la distribuer dans tous les centres de santé du pays. Mais le congrès péruvien a aussi adopté un projet de loi qui reconnaît les “droits de la personne conçue”, bien que les élu·e·s féministes aient retardé le processus en déposant un recours. Au Pérou, une personne a des droits dès la naissance, mais le code civil établit que la vie humaine commence à la conception. Cela a historiquement permis des atteintes au droit à l’avortement, sauf lorsque la vie de la patiente est en danger. L’amendement à l’article 1 du code civil – proposé par le parti de droite Renouveau populaire – donne au fœtus le même statut juridique qu’à la patiente enceinte. Il précise que « c’est à la mère ou au conjoint, au partenaire ou aux proches » de décider quoi faire lorsque la grossesse est à risque. « Ce projet de loi enlève le droit à l’autonomie du corps des femmes, permettant à des tiers de décider dans des situations à risque de leur santé et de leur vie », a averti le Centre de promotion et de défense des droits sexuels et reproductifs. Première fois par ici ? Impact est une newsletter hebdomadaire dédiée aux droits des femmes et des minorités de genre dans le monde entier. Chaque mois, nous publions les dernières nouvelles sur les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, un entretien, un reportage et un édito écrit par notre rédactrice en chef. Ceci est la version française de la newsletter ; vous pouvez lire la version anglaise ici. Megan Clement est la rédactrice-en-chef de la newsletter Impact. Anna Pujol-Mazzini a relu et corrigé la traduction. Agustina Ordoqui prépare le bulletin mensuel et rédige les posts d’actualité sur les réseaux sociaux. La newsletter est financée par New Venture Fund et produite par Gloria Media, basée à Paris. Gloria Media est dirigée par sa fondatrice, Rebecca Amsellem. Gloria Media remercie ses partenaires pour leur soutien. Pour sponsoriser une newsletter, vous pouvez envoyer un mail ici. Le sponsoring n’a aucune influence sur le contenu de la newsletter. 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