Alexandria Ocasio-Cortez sur l’espoir et sur ce qui change vraiment le monde « Que diriez-vous aux gens, et plus spécifiquement aux jeunes gens, qui ont perdu espoir ? » David Remnick, journaliste au New Yorker, termine ainsi l’interview de la membre du Congrès américain, Alexandria Ocasio-Cortez. Alexandria Ocasio-Cortez incarne l’espoir depuis qu’elle a été élue pour la première fois, en 2018. Elle est jeune, elle est une femme, elle est une femme racisée. Et, comme elle le dit elle-même, elle n’est pas libérale au sens traditionnel du terme. L’espoir. L’espoir d’avoir des politiques qui prennent au sérieux la crise climatique. L’espoir d’avoir une femme qui ne suit pas toujours la ligne de son parti. L’espoir de voir un vieux système secoué par quelqu’un dont les convictions bousculent l’attrait possible d’une vie paisible. « Je suis passée par là. » C’est comme cela qu’AOC répond à la question de David Remnick. « Et ce que je peux dire, c’est que, lorsqu’on a l’impression d’avoir perdu espoir, on vit une expérience très passive, ce qui rend la situation si déprimante. » La plus jeune élue du Congrès raconte alors qu’elle a grandi dans une société où existait l’illusion de la « réussite » possible. Elle est la première génération à aller à l’université, mais lorsqu’elle obtient son diplôme, l’économie est si désastreuse que les emplois qui s’ouvrent à elle rémunèrent bien moins que ceux qui ne nécessitent alors pas de diplôme. Elle est donc devenue barman et serveuse. Puis son père tombe malade, il décède. Les dettes liées aux soins se sont accumulées et elle voit des banquiers photographier sa maison depuis leurs voitures, « en prévision du jour inévitable où ils allaient les expulser ». Elle raconte qu’elle a perdu espoir, qu’elle est tombée en dépression pendant plusieurs années. « Vous êtes complètement soumis aux décisions de personnes qui ne se soucient pas de vous. » C’est ce sentiment de ne pas avoir de pouvoir, de ne pas avoir d’influence sur celles et ceux qui peuvent changer le cours de votre vie. C’est le sentiment de ne pas exister. Et c’est la politique qui lui a permis de changer cela. « Ce qu’il est vraiment important que les gens comprennent, c’est que pour changer cette marée et avoir ce puits d’espoir, vous devez opérer à votre niveau », répond-elle au journaliste. « J’ai vu un Parti démocrate qui était trop distrait par le pouvoir institutionnalisé pour défendre les travailleuses et travailleurs. Et j’ai décidé que c’était des conneries. » C’est pour cela qu’elle invoque les bienfaits des actions politiques individuelles pour changer un système – même lorsqu’on a l’impression que cela ne sert à rien : marcher, signer, parler. « Nous avons une culture de gratification immédiate où si vous faites quelque chose et que cela ne rapporte pas tout de suite, nous pensons que cela ne sert à rien. » Et c’est précisément de cette culture de la gratification immédiate qu’il faut se détacher pour ne pas perdre espoir. Car il n’est pas possible de s’attendre à ce que chaque engagement individuel, chaque action soit récompensé d’un macaron « merci d’avoir participé à la lutte contre le patriarcat / le racisme / la pollution… ». Néanmoins, ce macaron peut prendre une autre forme, celle de l’espoir. Car chacune de ces actions, chacun de ces engagements, dit AOC, est la raison pour laquelle un mouvement plus grand continue de grandir. *** Un mot de notre partenaire, femtasy *** Une sélection de nouvelles et d’articles Des newsletters que je vous conseille vivement Vous ne trouverez pas meilleure interaction sur Twitter que celle-ci. Quel type de musique écoutait Jean-Michel Basquiat ? GPA : premières concernées, les femmes largement favorables à une légalisation. Dans une nouvelle biographie, Brigitte Krulic raconte la vie passionnante de la militante du XIXème siècle Flora Tristan. Les mannequins, une quête de lumière à n’importe quel prix. De plus en plus de jeunes gens s’interrogent sur leur place et leurs privilèges d’homme dans la société, ainsi que sur le poids des injonctions associées à la virilité. Et aiment se moquer d’un modèle trop figé. “La vulnérabilité d’un homme peut devenir une source d’inspiration pour les autres”. Découvrez “Make Me a Man”, un documentaire cosigné par un psychiatre, Jerry Hyde, et Mai Hua. En mai 2020, Working Mother Research Institute (l’institut de recherche spécialisé sur les mères qui font partie de la population active) a publié une étude montrant que 52% des femmes noires aux Etats-Unis envisageaient de démissionner dans les deux ans. Aujourd’hui, cet article du Guardian que les femmes noires sont celles qui entreprennent le plus. Si elles sont 39 % des femmes aux États-Unis, elles représentent 89 % des nouvelles entreprises appartenant à des femmes. Vous avez aimé « Reinventing Anna » sur Netflix ? Voici la dernière interview en date de la « vraie » Anna dans le New York Times. Andrée Michel, pionnière de la sociologie féministe et antimilitariste, s’est éteinte Pionnière des recherches sur les femmes, la famille, la guerre et la paix, Andrée Michel est l’une des premières sociologues françaises à avoir analysé le complexe militaro-industriel. Ses travaux intellectuels et ses engagements sont marqués par une forte dimension internationale. Conjuguant recherche scientifique et engagement personnel, Andrée Michel participe à des luttes historiques. Lors de la guerre pour l’indépendance de l’Algérie, elle devient « porteuse de valises ». Puis elle s’implique dans le Mouvement de libération des femmes, notamment au travers du Planning familial. Contre la guerre en Irak, en 1990, elle rejoint le Bateau des femmes arabes pour la paix. Membre active du mouvement Résistance internationale des femmes à la guerre, elle fonde en 1990 le réseau Citoyennes pour la paix. À l’âge de 93 ans, elle porte activement « l’appel des 52 marraines » en faveur de la création d’un tribunal pénal international pour la République démocratique du Congo afin de dénoncer les viols de centaines de milliers de femmes en tant qu’« arme de guerre ». Les Glorieuses est une newsletter produite par Gloria Media. |
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