Voici la newsletter Impact, votre guide de tout ce qui fait l’actualité du féminisme international. Cette semaine, nous explorons comment la campagne contre l’éducation à la sexualité a pris une tournure violente en Belgique. Vous n’avez qu’une minute pour lire ? Voici la newsletter en très – très – bref :
Cet article fait partie de la série “The Talk”, une série d’enquêtes, chacun produit par un média différente, sur l’état de l’éducation à la sexualité dans le monde. Les articles seront publiés par la newsletter Impact, CNN As Equals, Kontinentalist, Unbias the News, Nadja Media, Suno India et BehanBox tout au long du mois d’octobre. Si vous voulez rester à jour sur les mobilisations féministes dans le monde, vous pouvez nous suivre sur Instagram et LinkedIn. Au feu : comment des théories complotistes sur l’éducation à la sexualité ont mené à des incendies criminels en Belgique par Megan Clement Pour élèves et parents, la rentrée est normalement synonyme de crayons fraîchement taillés, de faire les sacs à dos et de papillons d’anticipation dans le ventre. Pourtant, le mois dernier, l’année scolaire belge a commencé très différemment – avec des incendies criminels, des manifestations et des théories du complot. Un projet visant à déployer une éducation complète à la sexualité en Belgique francophone a été pris d’assaut par un réseau d’agitateurs d’extrême droite, de complotistes du Covid et de groupuscules religieux, qui ont lancé une vague de désinformation sur les réseaux sociaux sur le contenu du programme. D’après des rumeurs qui se sont répandues comme une traînée de poudre, les personnes en charge du programme, connu sous le nom d’Evras (Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle), montreraient de la pédopornographie en classe, leur apprendraient à se masturber et les convaincraient d’entamer des transitions de genre. En réponse, des milliers de parents en colère ont manifesté dans le centre de Bruxelles et plusieurs écoles ont été incendiées et vandalisées avec des slogans anti-éducation sexuelle. Invoquant des discours complotistes récurrents, Alain Escada, le président de l’organisation catholique intégriste d’extrême droite française Civitas, a qualifié le programme de « projet mondialiste qui veut vous imposer un nouvel ordre mondial sexuel ». En réalité, le nouveau programme garantissait simplement qu’un nombre minimum de sessions Evras, qui ont déjà lieu dans tout le pays, seraient dispensées dans toutes les écoles. Pourtant, les effets de la campagne de désinformation se sont propagés dans tout le pays et jusqu’en France voisine, où les parents ont été amenés à croire – à tort – que le programme avait été mis Les attentats en Wallonie et à Bruxelles sont une manifestation locale d’un problème global : les récentes tentatives visant à introduire une éducation sexuelle complète se sont heurtées à la résistance de groupes d’extrême droite aux États-Unis, au Nigeria et au Guatemala, entre autres. Et même si l’éducation à la sexualité s’est toujours heurtée à la résistance de groupes religieux traditionnels, cette nouvelle vague réactionnaire est nourrie par la propagation de fausses informations sur les réseaux Les expert·e·s affirment que parler aux jeunes de la sexualité et des relations, y compris le consentement, est essentiel pour prévenir les violences sexuelles. Le groupe international de campagne pour les droits reproductifs SheDecides Comment la situation a-t-elle dégénéré en Belgique, et que pouvons-nous faire pour contrer les dangers de la désinformation ? Frédéric Brichau, un coordinateur au centre de planning familial Willy Peers, qui propose des séances Evras dans les écoles, a parlé à la newsletter Impact des attaques contre l’éducation à la sexualité en Belgique et de ce que nous pouvons faire pour riposter. La conversation a été éditée par soucis de brièveté et de clarté. Megan Clement — Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé en Belgique ces dernières semaines autour de l’éducation à la sexualité ? Frédéric Brichau — Les gouvernements de Belgique francophone ont signé un accord qui débloque des moyens et oblige les écoles à mettre en place des animations Evras. C’est deux heures en sixième primaire [ndlr : sixième au collège en France], deux heures en quatrième Pendant le vote, des mouvances de l’extrême droite réactionnaire ont détourné une partie de l’information pour faire peur à la population. Ces mouvements ont fait peur aux parents lambda en disant : “Attention, on va faire ça à vos enfants. C’est une honte, c’est une catastrophe, c’est dangereux.” Mais derrière, ce sont bien les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ Photo: Lorie Shaull CC BY 2.0 Megan Clement — J’ai vu pas mal de résistance dans le monde contre l’éducation complète à la sexualité. Mais ce qui m’étonne autour de ce qui se passe en Belgique en ce moment, c’est le rôle de la désinformation. Normalement, il y a l’Église catholique et des groupes religieux qui sont contre l’éducation à la sexualité, mais dans ce cas, j’ai l’impression que c’est bien plus large. Frédéric Brichau — Dans les personnes qui font circuler la désinformation, il y a un peu toutes Les mouvements complotistes existent depuis longtemps, mais leur impact est récent. Ils ont Speak English? La newsletter est disponible en anglais : Megan Clement — Est-ce que les professionnel·le·s de l’Evras et de l’éducation sont en danger en ce moment ? Frédéric Brichau — On n’est pas en panique, on n’est pas dans un stress professionnel extraordinaire, mais il y a eu des incendies dans huit écoles, et les trois quarts sont clairement liés à la situation. Il y a une inquiétude à voir d’abord pour les écoles. On sait que dans l’enseignement, il y Je pense qu’il y a une surmédiatisation. Il y a un effet d’optique sur le mouvement, parce Megan Clement — Je trouve qu’on ne parle pas assez de l’éducation complète à la sexualité entre féministes, alors que c’est important. Est-ce que vous pouvez expliquer pourquoi l’Evras est importante pour Frédéric Brichau — D’abord, l’Evras apprend le respect de l’autre et de la différence. Ensuite, on est dans des sociétés qui sont très genrées et très stéréotypées. Par ce respect et ce principe d’égalité, on est dans la lutte contre la violence conjugale, on déconstruit les relations inégalitaires. On n’est pas là pour dispenser un savoir comme un·e professeur·e. On vient avec des outils pour susciter de la réflexion et du débat qui permettront de lutter contre les discriminations, contre les inégalités, contre la violence conjugale, contre les violences sexuelles et Megan Clement — Que devraient faire les parents qui s’inquiètent de l’éducation complète à la sexualité et qui sont tentés de se tourner vers les réseaux sociaux ou Internet ? Frédéric Brichau — Je pense qu’un parent qui, en toute bonne foi, s’inquiète parce qu’il a entendu certaines informations circuler, s’il ne se sent pas capable de pouvoir faire le tri dans ses informations, qu’il aille tout sereinement poser des questions aux acteurs principaux. Qu’il aille voir dans les centres de planning. S’il vient avec Je pense qu’on va devoir faire ce genre d’exercice dans certaines écoles ou avec certains parents parce qu’on a 📣 Partagez votre expérience 📣 Comment avez-vous appris ce qu’était le sexe ? Avez-vous déjà eu la fameuse “conversation” avec vos parents, et si oui, comment c’était ? Qu’auriez-vous aimé qu’on vous dise ? J’ai découvert le sexe grâce à un livre pop-up plutôt révélateur que ma mère a rapporté du travail – elle est chercheuse en santé sexuelle – mais c’est une histoire pour un autre jour. À l’école, on ne m’a jamais appris le consentement ou comment avoir des relations saines, mais on m’a appris à cacher mes règles aux garçons et aux hommes. Nous apprenons toutes et tous le sexe et les relations de manière différente selon notre âge, le pays dans lequel nous vivons, notre origine culturelle et notre famille. Dans le cadre de cette série,nous souhaitons entendre les gens parler de leurs expériences en matière d’éducation à la sexualité. Partagez votre histoire en répondant simplement à ce mail. Les réponses peuvent être anonymes et pourraient être publiées dans une prochaine édition de la newsletter Impact. Première fois par ici ? Impact est une newsletter hebdomadaire dédiée aux droits des femmes et des minorités de genre dans le monde entier. Chaque mois, nous publions les dernières nouvelles sur les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, un entretien, un reportage et un édito écrit par notre rédactrice en chef. PS : Impact est également disponible en anglais.
|
Inscrivez-vous à la newsletter gratuite Impact (francais) pour accéder au reste de la page
(Si vous êtes déjà inscrit·e, entrez simplement le mail avec lequel vous recevez la newsletter pour faire apparaître la page)
Nous nous engageons à ne jamais vendre vos données.