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Une année dédiée à prendre soin de sa santé mentale.

“Sur les réseaux, « tromper » les autres avec des filtres ou des retouches est banalisé, un peu comme si ça faisait partie du jeu” commente Charlotte Sanch, neuropsychologue interviewée par la newsletter Les Petits Glo. “C’est une possibilité qui est offerte par les plateformes et applications (…) Il y a de moins en moins d’images authentiques sur les réseaux, cela crée des standards de beauté impossible à atteindre. Et pour les jeunes, difficile de faire la part entre la réalité et la fiction.” Les modèles stéréotypés ont toujours existé dans les magazines, les publicités… Or, depuis la révolution digitale, ils se sont directement pris un abonnement illimité dans notre sphère
privée : une poche ou sur la table de nuit.

Là où les filtres “souris” ou “langue de chien” de Snapchat faisaient figure de masques de carnaval, avec “Bold Glamour”, le trouble est frappant. La “normalité” en ligne se serait-elle déplacée dans un tourbillon de mascara automatique et de chirurgie digitale ? “Les gens ne se prennent désormais en photo qu’avec des critères standards qui les optimisent. commente Delphine Horvilleur, autrice, philosophe et rabbine dans un entretien pour Usbek & Rica n°38 “Mourir mieux : se réconcilier avec la mort”. “Cela raconte quelque chose de notre société : on ne peut plus accepter ce qui va avec l’art de vivre, à savoir le fait que nos corps changent, évoluent, portent des traces, des cicatrices. La seule chose qui ne change pas, c’est ce
qui ne vit pas ! Le propre de la vie, c’est qu’elle avance et qu’elle induit un processus de changement, de détérioration.” Pour elle, il faudrait faire un travail sur l’acceptation de son corps — en perpétuel changement — avec toute sa cartographie de caractéristiques. Et surtout se rappeler que si on change, c’est qu’on est encore vivant. Santé !

De son côté, la neuropsychologue Charlotte Sancho précise que l’utilisation des filtres alerte lorsqu’ “il n’est plus possible pour une personne de partager son visage sans filtre. On a tous des jours avec et des jours sans, des jours où l’on se plaît moins que d’autres mais ne plus pouvoir prendre son visage en photo sans filtre doit alerter.”

Se noyer dans la fiction, à tel point qu’on ne supporte plus la réalité ? Kitty Wallace, responsable des opérations de la Fondation BDDF (Body Dysmorphic Desorder), interviewée pour la newsletter Les Petites Glo, nous explique ce phénomène qui a un nom : “Le trouble dysmorphophobique est un état de santé mentale grave qui se caractérise par une préoccupation pour les imperfections ou les défauts qui sont souvent normaux ou qui ne semblent que très légers pour les observateurs. Ce syndrome entraîne un énorme sentiment de honte et des interférences dans la vie des personnes concernées. Les signes qui alertent sont : se regarder sans cesse dans le miroir (ou au contraire, les éviter), faire beaucoup d’efforts pour cacher les
défauts perçus (avec du maquillage, des vêtement, une posture…), constamment comparer son apparence aux autres, passer beaucoup de temps à faire des recherche sur les cosmétiques / les traitement dermatologiques en ligne, fuir le contexte social.”

Il n’existe pas assez d’études pour faire le lien entre filtres et santé mentale, cependant Kitty Wallace affirme : “Anecdotiquement, nous pouvons certainement affirmer qu’ils ont un impact négatif sur notre perception. Ces filtres sont perpétuellement des images idéalisées de la beauté, impossible à atteindre ou maintenir.” La Fondation BDDF a par exemple mis en ligne une pétition pour appeler à plus de transparence sur les images postées en ligne, avec une législation qui forcerait les entreprises et les influenceurs et influenceuses à indiquer si les marques ont été retouchées au moyen de filtres
ou Photoshop. “Notre message clé est : avec de l’aide et du soutien, le BDD est traitable et peut être combattu !”

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