Bienvenue dans la newsletter Les Petites Glo où on apprend à changer le monde même quand on n’a ni pouvoir ni argent. Recommandez cette newsletter à votre ami·e pour qu’il ou elle fasse bouger les choses aussi. Nous avons également trois autres newsletters qui pourraient vous intéresser, Les Glorieuses mais aussi la verticale Economie et IMPACT. Mardi 2 février 2021 “Bon, Mademoiselle, va falloir se détendre !“À douze ans, pour la première fois, Morgan se rend chez le gynécologue avec sa mère parce que ses règles la font terriblement souffrir. À peine arrivée dans le cabinet, le médecin lui dit : “Veuillez vous déshabiller. Je vais vous examiner.“ L’adolescente n’en revient pas. Elle est rouge. Balbutie. “Je… J’ai… J’ai justement mes règles aujourd’hui alors je ne crois pas que je peux être examinée…“ Le gynéco n’entend pas. Ou ne veut pas entendre. “Allez… en piste !“, répond-il. Allongée sur la table d’examen, c’est la panique. Morgan prend sur elle. À la fin de la consultation, il lui prescrit la pilule, pour soulager ses douleurs. “Il faut la prendre tous les jours, c’est ça ? Si c’est un gros cachet, j’aime pas trop.“ Mais ça, le médecin s’en moque. Il n’entend pas. Ou ne veut pas entendre. Cette scène m’a bouleversée. Elle se trouve au tout début de Corps public, la bande dessinée de l’autrice Mathilde Ramadier et de la dessinatrice Camille Ulrich, qui paraît dans deux jours aux éditions du Faubourg. Leur titre dit tout, rappelle à quel point nos corps de filles et de femmes ne semblent jamais nous appartenir totalement. Je me suis reconnue dans le personnage de Morgan parce qu’à l’âge de 14 ans, alors que je me pliais en deux tous les mois au moment de mes règles, la pilule m’a été présentée comme seul remède contre la dysménorrhée (les crampes violentes qu’on peut ressentir avant, pendant ou après la menstruation). Or, depuis quelques mois, pour des raisons de santé, j’ai arrêté de la prendre. C’est donc à 30 ans – soit 16 ans après cette première ordonnance de mon généraliste – que j’ai remis en question sa décision. En fait, j’ai eu le sentiment qu’on ne m’avait jamais vraiment donné le choix. Et depuis que je l’ai arrêtée, tout le monde à un avis, et tout le monde me le donne. Corps. Public. Extrait de Corps public, de Mathilde Ramadier et Camille Ulrich (éditions du Faubourg) Si j’ai décidé d’aborder ce sujet aujourd’hui, c’est parce qu’il est étroitement lié à un mot que l’on entend beaucoup ces derniers temps : le consentement. Le consentement, selon le dictionnaire Larousse, est l’action de donner son accord à une action, à un projet. C’est une notion particulièrement importante lorsqu’il s’agit de la sexualité, puisqu’il est INDISPENSABLE que chacun·e des partenaires donne son accord librement et clairement avant une relation sexuelle (une relation sexuelle, je le rappelle, n’est pas seulement une pénétration ; ce sont aussi des baisers, des caresses et des pratiques comme la fellation ou le cunnilingus). Cela étant précisé, alors que la parole s’est considérablement libérée autour des questions d’inceste et de pédocriminalité, une polémique a démarré le 21 janvier car le Sénat a choisi de fixer l’âge de non-consentement à 13 ans. Face à cette décision, le hashtag #avant15anspasdeconsentement a été lancé car de nombreuses personnalités et associations de protection de victimes de violences sexuelles jugent que cet âge est trop bas. Il me paraît important de vous préciser quelque chose : comme je l’ai écrit, le Sénat a voté un âge de non-consentement et pas un âge de consentement ou un âge de “majorité sexuelle“. Cet âge de non-consentement signifie qu’en dessous de 13 ans, un·e mineur·e n’aura pas à expliquer qu’il ou elle n’était pas consentant·e en cas d’agression. Cela ne signifie donc pas qu’une relation sexuelle entre un·e ado de 15 ans et un adulte est Je vous laisse évidemment réfléchir là-dessus et débattre avec vos proches, et je me permets de revenir à mon sujet premier. La notion de consentement, je l’avais bien en tête lors de ma dernière visite chez la gynécologue. Pourtant, je suis restée silencieuse quand elle m’a dit de me déshabiller sans me demander si j’étais prête pour un examen ; quand, alors que j’avais les jambes dures comme de l’acier, elle m’a lancé “Bon, Mademoiselle, va falloir se détendre, sinon ça va pas le faire…“. Toutes mes amies ont des anecdotes de ce genre, des remarques qui font mal, parfois peur, mais qu’on laisse passer. Puis j’ai lu “La violence d’être une femme“, une chronique publiée sur le site du collectif ANCRés (À Nos Corps Résistants) qui s’adresse à celles qui souffrent d’endométriose, et ce passage a fait tilt :
Extrait de Corps public, de Mathilde Ramadier et Camille Ulrich (éditions du Faubourg) Les Petites Glo, je veux que vous sachiez que vous pouvez dire non quand vous n’avez pas envie de subir un examen. Il y a encore peu de temps, j’ignorais l’expression même de “violences gynécologiques“, qui ne fait pas seulement référence aux violences physiques mais aussi à des propos malveillants, infantilisants, et au non-respect de notre droit à être informées de ce que fait le médecin et à refuser des examens ou des soins. J’ai contacté Jessica, l’autrice du texte que je viens de citer. Elle a 30 ans, comme moi, et c’est elle qui s’occupe de recueillir les témoignages pour le site d’ANCRés. Voici les conseils qu’elle m’a donné pour vous préparer au mieux à vos premières visites chez le ou la gynéco :
Durant notre échange, j’ai mesuré l’étendue du travail qu’il me restait à accomplir. Bien que je sois une adulte et que je ne considère pas manquer de caractère, quand je suis face à un médecin, face à ma gynéco : je m’écrase. Parfois, je n’ose pas lui dire certaines choses, de peur d’être jugée ou de me faire engueuler. Ce n’est pas normal. “Pour celles qui manquent de confiance, je conseille de faire une liste de leurs symptômes ou des questions qu’elles veulent poser, ajoute Jessica. Ça peut aider à ne pas oublier des points importants à cause du stress.“ De mon côté, je vous recommande notamment le site GYN&CO qui propose une liste de soignant·e·s féministes. Prenez le temps de chercher la bonne personne, les Petites Glo. Exigez le respect. Partout, tout le temps. Et n’hésitez pas à dire merde à celles et ceux qui vous demandent de vous détendre. Votre corps n’a aucun compte à rendre. Les recommandations de ChloéZiwig, c’est une nouvelle plateforme en ligne spécialement dédiée à l’endométriose. Quand on sait qu’il faut en moyenne 7 ans pour diagnostiquer cette maladie chronique qui concerne environ 10% des femmes, on se demande pourquoi un site aussi précieux n’a pas été créé plus tôt ! Au Royaume-Uni, le magazine Glamour a sorti un numéro spécial “self-love“ (l’amour de soi) pour lequel dix couvertures différentes ont été imprimées mettant en scène des femmes qui ont de l’acné, de l’eczéma, des poils, des bourrelets, des dystrophies musculaires, des seins opérés… des femmes normales, quoi. L’article est en anglais, mais les photos parlent d’elles-mêmes. “Qu’est-ce que tu espères? Que je te réponde qu’il est bleu?” Sur Twitch, une gameuse américaine a remis à sa place un troll qui lui demandait la couleur de son string. Vous utilisez peut-être Vinted, la célèbre appli de vente de vêtements, pour vous faire un peu d’argent de poche ? La page @balancetonvinted a vu le jour récemment afin de dénoncer les nombreux cas de harcèlement sexuel qui ont lieu sur la plateforme… On n’est vraiment tranquille nulle part. Regardez vite les dix épisodes géniaux de la websérie géniale Libres ! sur Arte.tv (surtout “Cachez ce sang“ et “Le mur du con“). Ils déconstruisent brillamment les diktats de la sexualité, et sont l’adaptation de la bande dessinée d’Ovidie et Diglee, avec la voix de Sophie-Marie Larrouy. (Ovidie en parle d’ailleurs sur Terrafemina dans une très chouette interview menée par Clément Arbrun.) Aux États-Unis, deux frères de 16 et 17 ans ont décidé de toujours avoir des protections hygiéniques dans leurs casiers au cas où l’une de leurs camarades serait en galère. Micah et Elijah ont eu cette idée après une discussion éclairée avec leur mère ! On adhère. “Et après elles s’étonnent de se faire emmerder…“ J’ai eu le plaisir de collaborer au dernier numéro de la revue Dong !, dans le cadre de leur dossier “Cachez-moi ce nombril“ où des jeunes filles posent dans la tenue vestimentaire qui leur a valu des remarques négatives. Je vous la recommande vivement – et pas seulement parce que Les Petites Glo sont dedans 😉 ***OFFRES D’EMPLOI*** Nous recrutons un·e apprenti·e chargé·e de communication – poste à pourvoir dès que possible, rendez-vous ici pour plus d’informations. par @Klaire fait Grr Le Club des Glorieuses**REJOIGNEZ-NOUS** Le jeudi 25 février à 18h30, dans le cadre du Club, Rebecca Amsellem vous donne rendez-vous avec Mona Eltahawy, autrice féministe, chroniqueuse et disruptrice du patriarcat. Son premier livre Foulards et hymens : Pourquoi le Moyen-Orient doit faire sa révolution sexuelle (2015) s’attaquait au patriarcat dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, et son second livre, Les 7 péchés – manifeste contre le patriarcat, (2019) s’y attaque au niveau mondial. Adhésion Deluxe – Derniers jours !Derniers jours pour profiter de l’offre de janvier et rejoindre le Club en adhésion annuelle Deluxe (79€) AVEC le sublime carnet illustré par Heloisa Marques. Avantages et inscriptions ici Les dernières newsletters Gloria MediaOù sont les féministes modéré·e·s ?, Les Glorieuses, 27 janvier 2021 Les Polonaises n’ont plus peur, IMPACT, 25 janvier 2021 MeTooIncest, Les Glorieuses, 20 janvier 2021 A la force de vos sourires, Les Petites Glo, Carmen Diop, pionnière de la recherche intersectionnelle en France, Economie, 18 janvier 2021 |
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