Mercredi 11 janvier 2023 Chères lectrices des Glorieuses, chers lecteurs, Carla Lonzi, son journal radical et le besoin de plus de subjectivité « C’est affreux d’être en avance sur son temps. C’est terrible parce que personne ne le sait : il n’y a pas d’échappatoire, il n’y a pas d’issue. » Ces quelques mots ont été écrits par Carla Lonzi, l’une de ces penseuses qui nous permettent aujourd’hui de considérer le féminisme comme une évidence. Critique d’art italienne, Carla Lonzi (1931-1982) s’éloigne petit à petit du monde de l’art pour se consacrer exclusivement à la pensée militante et féministe en créant avec Carla Accardi et Elvira Banotti le collectif féministe Rivolta Femminile. « Je suis épuisée, poursuit-elle après ce premier Carla Lonzi fait le choix du journal car elle y trouve un sentiment de sécurité, de confort. Sur ces pages, elle n’y trouvera pas celles et ceux qui veulent étouffer la voix des femmes, la rendre illégitime. « La difficulté de s’exposer publiquement en écrivant librement sur elles-mêmes et en impliquant tous ceux et toutes celles qui, d’une certaine manière, font partie de leur propre processus créatif a découragé et finalement réduit au silence les femmes qui ont toujours adopté en privé le journal intime comme la forme d’expression la plus sympathique dans leur recherche de soi. » Carla Lonzi le sait : elle est une femme parmi toutes celles qui ont trouvé refuge dans un journal L’œuvre de sa vie se résume – maladroitement – à sa volonté de changer de paradigme subjectif. Déjà comme critique d’art, elle dénonce la subjectivité masculine qui détermine ce qu’on considère comme étant un chef-d’œuvre ou non. Plus tard, lorsqu’elle se consacre entièrement au militantisme féministe, elle dénonce cette même subjectivité qui définit ce qui doit être considéré comme un « bon » ou un « mauvais » féminisme. Ce journal est aussi un moyen pour Carla Lonzi de dénoncer le rôle au sein duquel les femmes sont censées se résigner. Dès la préface, elle écrit : « Pour moi, faire une chose à la fois a de la valeur car cela vous empêche d’en faire deux. » Elle connaît déjà les faux éloges faites aux femmes sous couvert d’être critiques envers les hommes « il ne sait faire qu’une seule chose à la fois, c’est un homme ». En écrivant qu’elle valorise le fait de faire une seule chose, elle critique les Ce journal est aussi une manière d’exister. « J’avais besoin de faire ressortir tout mon désaccord avec l’image dans laquelle je me sentais obligée de renvoyer aux autres : inexprimée et heureuse de représenter quelque chose, pas moi-même. Cela a frustré mes efforts pour communiquer, c’est-à-dire que cela m’a empêché d’exister. » Carla Lonzi écrit pour échapper aux regards des autres, elles écrit pour raconter ce qui ne lui convient pas, elle écrit pour se connaître. « J’existe maintenant, écrit-elle, cette certitude justifie mon existence. » ![]() *** Notre partenaire, les Éditions du Seuil, vous présente le livre Le Mystère de la femme sans tête *** « Les Russes qui s’en souviennent prétendent qu’elle a changé le cours de la guerre. Les Belges, eux, ne disent rien. Ils l’ont oubliée ». Ce « elle », c’est Marina Chafroff‐Maroutaëff, une énième femme oubliée de l’Histoire contemporaine et pourtant première femme à être décapitée en Belgique. Sur ordre d’Hitler. Myriam Leroy, l’autrice, raconte sa vie, son destin incroyable dans ce nouveau roman. Comment une jeune femme russe exilée en Belgique s’est-elle retrouvée à être exécutée ? Pourquoi l’Histoire l’a-t-elle – comme nombre d’autres Si le livre vous inspire, vous pouvez tenter de gagner le roman de Myriam Leroy en répondant à cet email ou en tentant sur Facebook, Instagram et Linkedin (il y a deux exemplaires à gagner sur chacune des plateformes). Il n’y Ce que je recommande cette semaine Que réserve 2023 aux féminismes dans le monde ? Rejoignez l’équipe de la newsletter IMPACT pour discuter des prédictions publiées dans cette newsletter. Ca se passe en ligne le jeudi 19 janvier à 14h30, ca dure une heure, et c’est gratuit ! On s’inscrit ici. Les films réalisés par Ida Lupino sont à regarder sur Arte, gratuitement toujours. Toujours sur Arte, une série sur le Bauhaus qui rétablit la place des femmes au sein de ce mouvement artistique, « Bauhaus, un temps nouveau« . Plus que cinq jours pour aller voir la superbe exposition d’Alice Neel au Centre Pompidou et celle de Rosa Bonheur au Musée d’Orsay. On a jusqu’au 27 février pour voir la rétrospective de Joan Mitchell à la fondation Louis Vuitton, jusqu’au 5 mars pour visiter celle de Marcelle Cahn au Mamc de Saint-Etienne, de Niki de Saint Phalle aux Abattoirs et celle de Frida Kahlo, au-delà des apparences au Palais Galliera et Par ailleurs, les oeuvres de Ghada Amer, rassemblées sous le titre de « Witches and Bitches » sont exposées dans différents lieux culturels de Marseille : jusqu’au 26 février au Mucem, et jusqu’au 16 avril 2023 au Centre de la Vieille-Charité. Par ailleurs, 2023 est très prometteuse pour les expositions ! J’ai hâte de voir celles-ci :
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