27 Octobre 2020 Welcome back Les Petites Glo pour une nouvelle saison de la newsletter où on apprend à changer le monde avec Chloé Thibaud. Changer le monde, oui. Même quand on n’a ni pouvoir ni argent. Si on vous a transféré cet email, vous pouvez vous inscrire – gratuitement – ici. Dans la nuit du dimanche 30 août, elles s’apprêtaient à écrire “Victimes de violences appelez le 3919“ en lettres capitales sur un pont de Montpellier. Mais ces quatre jeunes femmes du collectif Collages Féministes, âgées de 19 à 23 ans, ont été insultées, menacées de viol, et percutées par la voiture d’un homme qui en avait décidé autrement. Les personnes dont je vous parle sont toujours en vie, mais traumatisées psychologiquement. Loreline, l’une des courageuses colleuses, l’a confié au journal régional Midi Libre : depuis l’agression, elle et ses amies ont peur de tout. Des histoires de violence comme celles-ci, malheureusement, il y en a tellement. Elles ont lieu sur un pont, au détour de nos rues, dans le métro, derrière les murs de nos voisins, devant l’enceinte d’un collège… Mais si cette newsletter existe, c’est parce que nous ne voulons pas – nous ne voulons plus – d’une société dans laquelle nous aurions “peur de tout“. Peur d’être femmes, d’être noir·e·s, homosexuel·le·s, profs, peur d’être nous. Et c’est de ça dont j’ai discuté avec Mathilde Gerner, autrice-compositrice-interprète que vous connaissez sûrement mieux sous le nom de Hoshi. Son dernier album, Sommeil levant, a des allures de manifeste : elle y chante ses blessures, ses différences, tout en faisant le rêve d’un monde plus tolérant. Je lui ai proposé de m’accompagner dans cette quatrième newsletter de la saison pour vous donner l’espoir, le courage et la force de mener tous les combats auxquels vous tenez cette année !
Complètement ! Au début, je voulais surtout militer pour aller mieux moi-même. Puis il y a eu la Manif pour tous et les marches contre la PMA, c’est ça qui m’a fait déborder. C’est peut-être un peu égocentrique, mais j’aurais aimé avoir une personne qui chantait ça quand j’avais 13-14 ans et que je commençais à me poser des questions sur mon orientation sexuelle. Il y a des chansons qui m’ont fait du bien, comme “Marilyn“ d’Indochine, mais elles restent assez imagées. J’avais besoin d’une chanson brute, c’est pour ça que je l’ai faite. Et quand je reçois des messages d’ados qui me racontent qu’ils ont fait leur coming out grâce à “Amour censure“, c’est super émouvant pour moi. Ils me disent que les paroles leur ont enlevé un poids, souvent ils profitent du fait qu’elle passe à la radio justement, quand ils sont avec leurs parents, pour en discuter avec eux après, c’est génial !
Moi, j’ai eu la chance que ça se passe très bien. Mes parents sont hétéros, mais mon père a toujours baigné dans la communauté LGBT, c’est un ancien punk, il a beaucoup d’amis gays. Je pense qu’il avait compris avant même que j’en parle ! Pour ma mère, c’est un peu plus lunaire, mais elle est complètement ok avec ça, mes parents sont très humains. Je sais qu’il y a beaucoup de jeunes dont les parents n’acceptent pas l’homosexualité et c’est toujours un peu délicat de dire ça mais j’aimerais qu’ils se rappellent qu’ils ne sont pas seuls, qu’il y a des centaines de milliers de personnes dans leur cas, qui se posent des questions sur leur identité, leur sexualité. Et quand la famille les rejette, il existe heureusement des associations géniales pour les accueillir, pour les aider à réaliser que ça ira mieux un jour.
Je m’inclus dans cette phrase car j’ai peur d’être responsable de ce qui se passe dans le monde, de ce qui nous entoure. J’ai souvent fermé les yeux sur beaucoup de sujets, je faisais la fête sans y penser. Quand j’étais enfant, vers l’âge de 7 ans, j’écoutais la chanson “Respire” de Mickey 3D et j’ai demandé à ma mère : “Pourquoi il dit tout ça ?“. Elle m’avait répondu : “C’est parce que les adultes ont
J’aime pas trop ce mot, parce qu’on devrait tous être engagés, il ne devrait même pas y avoir à le préciser… Mais oui, j’ai envie d’améliorer le futur des gens et les gens futurs. Il y en a peut-être certains qui sont déjà foutus mais, pour les enfants, j’ai envie de laisser un monde à peu près potable, où on n’acceptera plus certains propos, certaines mentalités.
Oui, évidemment ! Je m’en suis rendu compte assez tard car avant j’étais dans ma bulle : je restais dans ma chambre, je ne voyais pas beaucoup de monde et quand on me parlait du féminisme, pour moi c’était de l’extrémisme parce qu’on ne m’avait pas expliqué ! Quand j’avais 15 ans, je ne m’intéressais pas à ça alors que c’est tellement important, en fait… J’ai horreur du sexisme, c’est aussi un combat que je mène au quotidien. Au-delà des propos sexistes qu’on subit tous les jours, il y a des choses dont on se rend pas forcément compte, un exemple tout con : quand je vais dans des magasins, moi j’aime les looks non genrés. Je suis une femme, et je me considère en tant que femme, mais quand je vais prendre un vêtement oversize au rayon homme, on me dit : “C’est un cadeau pour votre papa ?“. J’en ai marre qu’on doive se justifier sur notre genre en permanence…
Personnellement, je n’en peux plus des jugements physiques permanents : sur ton poids, ta coupe de cheveux, ton maquillage… Sur les réseaux sociaux, il y a toujours un commentaire – au moins un qui fait mal -, alors qu’à la base je ne vais pas dans les médias pour montrer mon chignon et mes habits. Pendant le confinement, j’ai fait du sport et j’ai perdu un peu de poids… ça n’a pas manqué. C’est comme si les réseaux étaient un tribunal de la beauté, les gens se sentent obligés de donner leur avis. Mais je ne vois pas de commentaires désobligeants sous les photos de mes amis artistes masculins. On juge plus leur musique, à la rigueur leur style, mais en tant qu’artiste femme, c’est notre physique qu’on juge et en 2020 c’est grave, il ne faudrait plus que ça existe ! On ne devrait pas avoir à se demander si on peut poster telle ou telle photo de peur qu’on nous dise quelque chose. Dans la rue c’est pareil, j’ai des amies qui portent des jupes très courtes, des shorts, et qui sont jugées en permanence, alors que moi qui porte des choses hyper larges, on ne va pas m’emmerder.
Je dirais la lutte contre le racisme. Tout ce qui s’est passé cette année me dégoûte. Mais ce n’est même plus un combat qu’il faut mener là, c’est une guerre ! D’une manière générale, je manifeste. J’ai envie de changer le monde et j’ai encore envie de croire que les choses peuvent changer ! Mais je remarque que quand tu manifestes contre quelque chose qui dérange l’État, tu fais face à des violences policières, alors que lorsqu’il y a des manifs comme celles contre la PMA, qui se battent contre des enfants qui existent déjà, l’État autorise ces manifs et ces personnes-là ne se font pas gazer. C’est toujours deux poids deux mesures…
Je leur dirais de s’investir non seulement pour une cause qui les concerne directement mais aussi pour des causes qui ne les concernent pas, de devenir des Photographies : Axel Vanhessche Le clip interactif de la chanson « Enfants du danger » vient de sortir, retrouvez-le ici. Un mot de notre partenaire, Pocket JeunesseUn partenariat qui a du sens, haut en féminisme, en représentation et en culture ! Cela fait maintenant 6 ans que la collection 14 ans et plus existe chez PKJ sous la direction de Pauline Mardoc. Notre but a toujours été de donner, à travers elle, la parole à celleux que l’on n’entend pas. Que ce soit des personnages timides, des minorités, des personnes harcelées ou rejetées : l’important était de leur créer une place, dans le paysage des romans pour jeunes adultes français, afin qu’ils puissent être écoutés et, peut-être, atteindre le cœur de lecteur.ice.s pour qui leurs voix feraient toute la différence. Rebecca Donovan, Jenny Donham, Meredith Russo et maintenant Juno Dawson sont des autrices emblématiques de notre catalogue que nous avons à cœur de défendre et de faire découvrir à nos lecteur.ice.s. Les recommandations de ChloéJ’aimais déjà les Oreo, mais je les aime encore plus depuis que la marque a sorti une pub dans laquelle on voit un couple de jeunes lesbiennes acceptées telles qu’elles sont par leurs parents. Ce court-métrage s’inscrit dans leur campagne #ProudParent : aux États-Unis, il rend dingue les homophobes. Eh bien, tant pis ! Et vive les biscuits ! C’est le livre que j’aurais rêvé d’avoir entre les mains quand j’avais 13 ans. Le sexe et l’amour dans la vraie vie a été écrit par l’autrice-illustratrice Clémentine du Pontavice (passée par Les Glorieuses <3) et la gynécologue-obstétricienne Ghada Hatem-Gantzer (qui a fondé La Maison des Femmes de Saint-Denis, un lieu important qui accueille depuis 2016 les femmes en difficulté ou victimes de violence). Elles y parlent de masturbation, de première(s) fois, de consentement, de complexes, de poils, d’homosexualité, de transidentité… Bref ! De TOUT, sans clichés ni tabous : c’est LE guide à acheter. Le Centre Hubertine Auclert vient de lancer #PlusJamaisSansMonAccord, une campagne de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles qui s’adresse directement aux lycéen·ne·s de 15 à 18 ans. Il est rappelé que 40% des femmes victimes de violences sexuelles avaient moins de 15 ans lorsque c’est arrivé (selon une enquête VIRAGE INED de 2016). Le problème ? À cet âge-là, on ose encore moins parler que nos aînées. Et si le harcèlement scolaire était bientôt passible de deux ans de prison et de 30.000 euros d’amende ? C’est ce que propose un rapport parlementaire pour lutter contre ce fléau dont je vous parle régulièrement ici. Quel est votre avis ? Quoi, les Petites Glo ? Vous n’avez pas encore vu, vu, et rerevu la série Pen15 ? C’est l’histoire de deux amies, Maya et Anna, qui ont 13 ans et toutes les galères qui vont avec. C’est (si) drôle, (tellement) émouvant, ultra réaliste… à cela près que les collégiennes sont jouées par des trentenaires : les géniales Maya Erskine et Anna Konkle, également créatrices de la série, qui se sont inspirées de leurs propres souvenirs pour l’écrire. Les deux saisons sont disponibles sur Canal+ : c’est ma passion. #Autopromo – Cette semaine, j’étais l’invitée de la web TV iséroise “i38 infos“ pour parler du sexisme, du mouvement #Lundi14septembre, de mon métier de journaliste et évidemment des #PetitesGlo. L’émission durait plus d’une heure et elle est disponible en replay par ici. #CONCOURS – Rendez-vous ce vendredi matin sur l’Insta Les Petites Glo pour tenter de gagner cinq exemplaires du roman Fashion Victime de Juno Dawson, publié chez notre partenaire Pocket Jeunesse ! |