Cette newsletter vous a été transférée ? Et vous aimez tellement que vous souhaitez vous inscrire ? C’est ici ! Lundi, 14 août 2023 Écart de salaires, écart de blessures : pourquoi les footballeuses se déchirent plus les ligaments croisés antérieurs Par Megan Clement Bienvenue dans l’édition estivale de la newsletter Impact dédiée au féminisme et au football à l’occasion de la Coupe du monde 2023. Nous couvrirons les grands moments des matchs sur le terrain, et les batailles pour l’égalité qui se jouent sur la ligne de touche. Aujourd’hui, la professeure Katrine Okholm Kryger explique pourquoi les footballeuses sont si nombreuses à souffrir d’une blessure atrocement douloureuse du genou – et ce que nous pouvons tous et toutes faire pour les éviter. Et si vous voulez rester à jour sur les Speak English ? La Le dilemme est insoutenable pour les fans de football. Nous sommes en plein dans la meilleure Coupe du Monde de tous les temps, mais certaines des joueuses les plus formidables du monde ne sont pas là. Et si elles l’étaient, aurait-on droit à un Mondial encore meilleur ? Marie-Antoinette Katoto et Delphine Cascarino de l’équipe de France, Beth Mead et Leah Williamson de l’équipe anglaise sacrée lors de l’Euro, la Le LCA, ou ligament croisé antérieur, longe le milieu du genou, empêchant la jambe de trop s’étirer. Les joueuses de football sont trois fois plus susceptibles de rompre ce ligament que leurs homologues masculins. C’est une blessure atrocement douloureuse – la défenseuse haïtienne Jennyfer Limage a été évacuée du Katrine Okholm Kryger fait partie des personnes qui essayent de comprendre pourquoi les femmes sont tellement plus susceptibles de succomber à cette blessure. Professeure en rééducation sportive à l’Université St Mary’s, elle est l’une des principales expertes des blessures dans le sport féminin. Et comme beaucoup de femmes dans le football, elle a dû se faire une place dans ce monde là où il n’y en avait pas auparavant. « Quand j’avais 10 ans, j’ai dit à ma mère que mon plus grand rêve au monde était de jouer pour l’équipe de France masculine », raconte-t-elle. « Je n’aurais jamais pu imaginer jouer au football pour une équipe féminine, parce que nous n’y étions pas exposé·e·s. » Ses paroles font écho à celles de l’icône brésilienne Marta, l’une des plus grandes joueuses de tous les temps, tous genres confondus. « Quand j’ai commencé, il n’y avait pas d’idoles dans le football féminin », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse avant son dernier match international il y a deux semaines. « Comment pourrait-il y Amerpear. CC BY-SA 4.0 Lorsque Katrine Okholm Kryger a étudié la médecine du sport à l’université, son ambition était toujours de travailler dans le football masculin. Lorsqu’elle a terminé en tête de sa classe, elle s’attendait à ce qu’on lui offre la même opportunité que les autres étudiants – un stage dans une équipe de Premier League. « On m’a dit que le club ne voulait pas de moi parce que j’étais une femme. Je pouvais choisir n’importe quel autre placement que je voulais, mais pas le football”, a-t-elle déclaré. Elle ne s’est pas Le manque d’intérêt pour les expériences de jeu des femmes, le manque d’opportunités et la sous-estimation constante des femmes dans le football, les vastes écarts de genre dans la recherche ; pour la chercheuse, ce Katrine Okholm Kryger a parlé à la newsletter Impact de l’écart de blessures et de comment le résoudre. Cette conversation a été éditée par souci de brièveté et de clarté. Megan Clement — Dans quelle mesure les femmes sont-elles plus susceptibles que les hommes de se déchirer le LCA ? Katrine Okholm Kryger — Les blessures au LCA sont environ trois fois plus élevées chez les femmes que chez les hommes dans le football. Mais en ballet, les taux d’incidence sont les mêmes pour les Megan Clement — C’est vraiment intéressant, parce qu’en ballet, les hommes et les femmes font des activités différentes. Dans le football, tout le monde fait la même chose. Et pourtant, dans le ballet, l’environnement est le même pour tout le monde. Cela pose la question de savoir pourquoi les taux sont tellement plus élevés chez les footballeuses. Katrine Okholm Kryger — J’ai fait une liste des facteurs de risque que j’ai trouvés dans la littérature, et il y en a une trentaine. Les raisons souvent citées dans les médias sont les cycles hormonaux, l’idée que les femmes sont « instables ». Et l’autre est que les femmes ne sont pas faites pour le football car elles ont des hanches plus larges, et donc les angles des genoux les empêchent d’atterrir quand elles sautent et de courir correctement. Nous n’avons aucune preuve solide qui appuie ces affirmations. Oui, les corps sont différents, et nous ne pouvons pas le nier. Nous ne pouvons pas partir du principe que ce qui marche Le facteur le plus important pour minimiser les risques de Ensuite, il y a l’environnement. C’est la Coupe du monde en ce moment, donc le terrain est optimal. Mais quand on parle de terrains, même dans les meilleurs championnats de France et d’Angleterre, la plupart ne sont pas de la même qualité que ceux sur lesquels jouent les hommes. C’est pareil pour les amateurs. À chaque fois que je parle à une équipe amateur, elles me disent : « Les garçons ont toujours ce terrain, et nous, on doit aller jusqu’au coin de la rue pour jouer sur celui qui est vraiment abîmé. » Si vous jouez sur une mauvaise surface, vous courez un risque élevé de vous blesser. Le football Megan Clement — Je n’ai jamais discuté avec une doctorante en chaussures de football avant. C’est génial ! Donc je suis obligée de vous demander : dans quelle mesure pensez-vous que les chaussures jouent un rôle dans les blessures du LCA, et les joueuses portent-elles les bonnes chaussures à l’heure actuelle ? Katrine Okholm Kryger — Quelques marques ont lancé des chaussures à crampons pour femmes pour la Coupe du monde, ce qui est très bien. Mais je n’ai vu aucun chiffre sur le sujet, donc je ne connais pas la Nous avons besoin de chaussures de football conçues pour les femmes. La forme du pied est différente entre les hommes et les femmes, et les chaussures de football se portent très serrées. Si elles ne sont pas ajustées parfaitement, elles serreront vos pieds et ce sera inconfortable et douloureux. Si vous 🙄🙄🙄 Megan Clement — Quelle est l’importance des kinésithérapeutes et des assistant·e·s médicales ? Katrine Okholm Kryger — Énorme. L’équipe masculine professionnelle aura probablement deux ou trois médecins, cinq kinés, plusieurs entraîneurs de musculation et de conditionnement physique, et beaucoup d’entre eux auront également un coach personnel en dehors de cela. Les équipes féminines auront beaucoup moins de personnel, souvent avec moins d’expérience parce qu’elles paient moins. Il y a tellement de Megan Clement — C’est un argument vieux comme le monde ! Cela fait un siècle qu’on nous le répète. Je pense à certaines des histoires derrière cette Coupe du monde, où les équipes féminines ont dû lancer des campagnes de financement participatif juste pour pouvoir y aller, comme la Jamaïque. L’Afrique du Sud a refusé de jouer un match amical parce que le terrain était en herbe et en argile. Les campagnes que nous voyons pour l’égalité des conditions dans le football féminin peuvent-elles faire partie de la solution ? Katrine Okholm Kryger — Nous avons besoin que des individus se battent et dénoncent les conditions, parce que c’est comme ça que les choses changent. Les femmes sont en retard, et ce serait bien si la transition s’opérait de manière douce et progressive, mais l’histoire montre que c’est seulement quand une personne ou un groupe de personnes entrent en résistance et s’expriment, alors cela peut impacter les prises de décisions des autres. C’est important de sensibiliser les gens lorsque les choses ne vont pas. Megan Clement — La newsletter Impact spéciale Coupe du Katrine Okholm Kryger — La première chose à savoir, c’est que le football est bon pour la santé. Nous l’appelons bio-psycho-socialement sain parce que c’est bon pour votre corps, c’est bon pour votre esprit et c’est bon pour l’interaction sociale. Megan Clement — J’ai été fan de football toute ma vie, mais je n’ai jamais joué et je me demande s’il n’est pas trop tard pour moi. Je suis toujours à la recherche d’opportunités pour une femme de 36 ans qui veut apprendre à jouer au football pour la première fois. Katrine Okholm Kryger — Récemment, j’étais au Danemark avec un groupe de coaches et nous avons rencontré un groupe de joueur·euse·s âgé·e·s en moyenne de 74 ans. Ils et elles ont créé un football sain pour les Megan Clement — C’est une question que je pose à toutes les personnes que j’interviewe. Qu’est-ce qui vous aide à continuer de faire le travail que vous faites, malgré les inégalités et malgré les défis ? Katrine Okholm Kryger — C’est de voir que les choses que nous demandons depuis longtemps sont mises en œuvre. Nous sommes écouté·e·s et les gens voient enfin les problèmes. Au lieu des barrières que nous avions auparavant, nous avons des alliés dans le football masculin qui se battent vraiment pour le football féminin, qui investissent, qui y croient, qui font des recherches. C’est tellement motivant d’être ici. C’est une bataille qui n’est pas aussi difficile qu’elle l’était il y a cinq ans. Qu’est-ce qui se passe dans la Coupe du monde ?Huitièmes de finale Soulier d’or 🥅 Première fois par ici ? Impact est une newsletter hebdomadaire dédiée aux droits des femmes et des minorités de genre dans le monde entier. Chaque mois, nous publions les dernières nouvelles sur les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, un entretien, un reportage et un édito écrit par notre rédactrice en chef. Cet été, nous proposons une édition spéciale Coupe du monde de foot. Youhou ! Le programme habituel reprendra dès septembre. PS : Impact est également disponible en anglais. Megan Clement est la rédactrice-en-chef de la newsletter Impact. Anna Pujol-Mazzini a relu et corrigé la traduction. Agustina Ordoqui prépare le bulletin mensuel et rédige les posts d’actualité sur les réseaux sociaux. La newsletter est financée par New Venture Fund et produite par Gloria Media, basée à Paris. Gloria Media est dirigée par sa fondatrice, Rebecca Amsellem. Gloria Media remercie ses partenaires pour leur soutien. Pour sponsoriser une newsletter, vous pouvez envoyer un mail ici. Le sponsoring n’a aucune influence sur le contenu de la newsletter. Abonnez-vous à nos autres newsletters : Les Glorieuses |
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