« La panique ne m’a pas lâchée pendant des années. Au début elle m’a presque ôté la vie. » La poétesse amérindienne Joy Harjo parle de la panique de vivre dans une société dont les règles ont été créées par et pour les Blanc.he.s lorsqu’on est racisé. Elle parle de la panique de ne pas savoir quoi faire de son cerveau même quand son âme crie qu’il faut créer. Elle parle de la panique de vivre une vie qu’on sait pouvoir être différente. Pas mieux, juste différente. À propos de cette même panique qui l’a habitée pendant des dizaines d’années, Joy Harjo ajoute « comme une comète qui file dans le ciel, j’ai perdu des particules, et je me suis délestée de ce qui ne m’aidait pas ». Joy Harjo est née à Tulsa, Oklahoma. Elle fait partie de la nation Creek Muscogee. Joy Harjo est une star, au sens d’« étoile », au sens de « célébrité » aussi. Elle est poète, elle est activiste, elle est comédienne, elle est écrivaine. Elle fait partie de ces quelques personnes qui ont le talent de peindre la réalité avec à la fois toute la rage et toute la beauté du monde. Je suis obsédée par le cerveau de Joy Harjo. Dans son récit autobiographique « Crazy Brave », traduit par Joëlle Rostkowski et Nelcya Delanoë (Éditions du Globe), la poétesse raconte les odeurs de son enfance, les sursauts de son adolescence, et son salut – les arts. Je l’ai lu en quelques heures, d’une traite. Les sentiments décrits par ce talent hors norme éveillent des souvenirs, des pensées, des désirs. Les plus lumineux et les « Trente ans plus tard, un soir d’hiver, je pagayais à bord d’une pirogue à balancier dans les eaux turquoise de la baie de Maunalua, au creux de l’île bien-aimée d’O’ahu, à Hawaï. J’ai remarqué que mes pensées, comme les vagues, montaient et descendaient sans angoisse ni urgence. » La panique s’est enfuie. Des années après avoir vécu les débuts de sa vie de poétesse, elle se souvient de la panique qui l’habitait à chaque instant. Celle qui lui a presque gâché sa vie tant elle dictait ses faits et gestes. « Et je me suis rendu compte que je m’étais libérée des tentacules de panique qui m’avaient étouffée des années auparavant, quand j’étais une jeune maman perdue au milieu de la circulation. Je m’en étais libérée ; Je m’en étais libérée en beauté, avec amour, dans l’esprit de vnvketkv, d’aloha ou de la compassion. » Les œuvres de Joy Harjo sont empreintes de ses valeurs féministes, écologiques, et de justice sociale. À ce titre, elle vient de voir son mandat de « Poète Lauréate » par la bibliothèque du Congrès (« Library of Congress ») américain. Son prochain projet, Living Nations, Living Words : A Map of First Peoples Poetry est la construction d’une carte numérique interactive dans laquelle elle souhaite inscrire les poètes autochtones contemporains. Une voix me dit alors « Mais comment fait-elle ? Comment fait-elle pour tout faire ? ». Une interview qu’elle a donnée il y a quelque temps permet de comprendre ce que certains voient comme un « désordre » là où d’autres y voient une « abondance de génie » (#TeamAbondance). « Je sens fermement, commence-t-elle, que j’ai une responsabilité envers toutes les sources que je suis : envers tous les ancêtres passés et futurs, envers mon pays d’origine, envers tous les endroits que je touche et qui sont moi-même, toutes les voix, toutes les femmes, toute ma tribu, tous les peuples, toute la terre, et au-delà, tous les commencements et toutes les fins. » C’est donc cette responsabilité qui guide son travail sans l’enfermer dans un carcan. Dans cette même interview, elle explique comment, trente ans après avoir commencé à écrire, elle réalise qu’elle est libérée de cette panique maladive « dans un étrange sens, [l’écriture] me libère pour croire en moi, pour pouvoir parler, avoir une voix, parce que je le dois ; c’est ma survie ». À l’heure où il est si compliqué pour beaucoup d’écrire. Pour des raisons matérielles, des raisons psychologiques ou autre, je voulais rappeler qu’écrire est un besoin que lorsqu’il apparaît comme un besoin. Ce n’est pas « grave » si on (je) n’y arrive pas. Au-delà même de sa libération grâce à l’écriture, Joy Harjo termine sa postface en rappelant la vraie source de celle-ci : le pardon. « J’ai laissé les pensées qui pardonnent, qui me pardonnent et qui pardonnent aux autres dans cette histoire, suivre les vagues. » 1/ Cette semaine, c’est concours sur l‘Instagram des Glorieuses. On vous présente la collab TOMS x MEUF – Deux paires de chaussures en coton bio et vegan. Et la semelle est recyclée <3 En plus à chaque vente, 1 euro est réservé à l’association partenaire, La Maison des Femmes de Saint-Denis. Vous voulez tenter de gagner une des deux paires de la collection ? RDV sur l’instagram des Glorieuses. 2/ Parmi les salarié·e·s, les femmes présentent à 22% un niveau élevé de détresse psychologique contre 14% des hommes, observe Challenges. « Quel est le coût de la santé mentale ? » se demande cette semaine Arièle Bonte dans la newsletter #5Novembre16h47. 3/ « Le système australien ne me considère pas comme une victime mais comme un témoin d’un crime qui a été commis contre la société. » C’est l’histoire d’une française vivant en Australie qui témoigne de son viol et ce qui s’en est suivi. L’histoire est malheureusement plus commune qu’on ne le voudrait. On se rend compte que le système judiciaire australien est bien plus en avance que nous en ce qui concerne les agressions sexuelles. Lire sur Slate. 4/ Je le dis et le redis, la notion de race est intrinsèquement liée à celle de sexe et de classe. C’est pourtant il est important de décrire une réalité : des femmes blanches menacent la vie d’hommes noirs. Cet article est publié dans un média américain : cela ne veut pas dire que cette réalité existe uniquement aux US. 5/ « Pendant mes règles, j’ai dû utiliser des gants de toilette et des chaussettes. J’étais déprimée, je me sentais une moins que rien. Si vous avez une fouille à corps, c’est l’humiliation. » La précarité menstruelle est une réalité, notamment en prison. Et l’Observatoire international des prisons-section française milite pour la gratuitement des protections menstruelles en prison. 6/ #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice, un hashtag pour soutenir Camélia Jordana. 7/ Dernière possibilité pour s’inscrire ! Demain de 18h30 à 19h30, participez la conférence du Club des Glorieuses gratuitement – Il s’agit d’une discussion avec l’activiste kenyane Scheaffer Okore. On y parlera de lutte contre la précarité menstruelle, d’utopie (on ne se refait pas) et de menstrues-tech. Pour s’inscrire c’est ici, on vous enverra ensuite un lien pour vous connecter demain. 8/ « Le féminisme ne signifie pas que les femmes sont exemptes de critique lorsqu’elles ont tort ». Lana Del Rey a publié un post Instagram dans lequel elle se plaint que le féminisme n’a pas de place pour elle et elle en profite pour rabaisser les chanteuses racisées qui se démènent pour faire avancer notre cause. 9/ « Ma vie d’avant, c’est fini. Mon œil gauche ne voit plus ». En décembre 2018, Vanessa Langard a été grièvement blessée au visage par un tir de LBD40 alors qu’elle manifestait avec les Gilets Jaunes. Aujourd’hui, elle écrit une lettre au membre des forces de l’ordre qui lui a tiré, à cinq mètres d’elle, une balle allant à 320 km/h. 10/ On apprend aux femmes à s’excuser d’être elles-mêmes et cela se confirme dans les cinq premières minutes des réunions Zoom. La collection TOMS x Meuf est enfin disponible en édition (très) limitée, découvrez-la par ici. Le Club des Glorieuses est de retour… en ligne ! Le prochain événement aura lieu le jeudi 28 mai de 18h30 à 19h30, lors de la journée internationale de lutte contre la précarité menstruelle. Il réunira Scheaffer Okore, activiste kenyane (interviewée dans la newsletter la semaine dernière) et Rebecca Amsellem. La conversation sera traduite en français en direct. Pour s’inscrire, c’est ici. C’est gratuit mais les places sont limitées. STAGE // Vous terminez votre semestre en plein déconfinement et on vous demande en plus de trouver un stage en entreprise et en télétravail ?! ❤️ Bien sûr qu’on a pensé à vous ! Envoyez-nous vos CV pour rejoindre une petite équipe très sympa qui pourra vous apprendre les joies d’un média en ligne et engagé. 👉 Au programme : appui sur la communication et sur les réseaux sociaux (oui oui, on va se lancer sur Tik Tok…), vivre le Club des Glorieuses de l’intérieur, découvrir l’administratif aussi 🙂 Découvrir la fiche de poste ici UN MESSAGE DE NOTRE PARTENAIRE : TOMS S’ENGAGE TOUTES ENGAGÉES. Les marques éthiques TOMS et Meuf font équipe pour briser les stéréotypes de genres et casser les codes autour du rôle des femmes dans la société en lançant une collection de chaussures en édition limitée. NOTRE CONTRIBUTION: dans le cadre de cette collaboration, TOMS soutiendra financièrement l’ONG partenaire de Meuf, La Maison des Femmes, qui offre un accueil confidentiel et sécurisé aux femmes vulnérables ou victimes de violence. 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