Cette newsletter vous a été transférée ? Et vous aimez tellement que vous souhaitez vous inscrire ? C’est ici ! 29 mai 2023 ‘Une révolte historique’: comment les travailleuses du sexe ont poussé l’Afrique du Sud vers la décriminalisation Par Victoria Goldiee Vous n’avez qu’une minute pour lire cette newsletter ? En voici le contenu en très – très – bref :
Lisez la suite pour en savoir plus. Et si vous voulez rester à jour sur les mobilisations féministes dans le monde, suivez-nous sur Twitter et Instagram. Speak English ? La newsletter est aussi disponible en anglais : L’Afrique du Sud pourrait bientôt devenir le troisième pays au monde – et le plus grand – à rendre entièrement légal le travail du sexe. En décembre, le gouvernement a signé un projet de loi visant à dépénaliser à la fois l’achat et la vente de services sexuels. Les groupes qui se sont battus pour ce texte – les organisations de défense des droits des travailleur·euses du sexe – affirment que la décriminalisation n’est que le premier pas pour assurer la sécurité des professionnel·les du sexe en Afrique du Sud. Si certains pays, comme la France ou la Suède, appliquent le “modèle nordique” – qui pénalise les clients mais pas les travailleuses du sexe – l’Afrique du Sud, elle, est en passe de rejoindre les deux seuls pays qui ont entièrement légalisé ces transactions : la Nouvelle-Zélande et la Belgique. L’objectif principal du texte est de réduire les violences infligées aux travailleuses du sexe et de leur permettre d’accéder à de meilleures conditions de travail, et le projet de loi ne propose pas de réglementer les pratiques au sein de l’industrie. Il effacerait également le casier judiciaire de toute personne reconnue coupable de crimes liés au travail du sexe. La mise en œuvre d’une telle loi pourrait prendre du temps. Après une période de consultation publique, le projet de loi doit maintenant retourner au gouvernement avant d’arriver à l’Assemblée nationale. Mais les groupes de défense des droits des travailleur·euses du sexe célèbrent déjà le changement de cap du gouvernement après des décennies de combat. Aujourd’hui, les associations estiment qu’il y a environ 150 000 travailleuses et travailleurs du sexe en Afrique du Sud. Elles travaillent dans des salons de massage, des clubs de strip-tease, des maisons de banlieue et des relais routiers et font partie des personnes les plus marginalisées du pays et les plus vulnérables à l’exploitation, à la violence et aux problèmes de santé, en particulier le VIH. Malgré les risques, de plus en plus de personnes ont recours au travail du sexe, notamment à cause de l’inflation et de la baisse du pouvoir d’achat. Parmi elles, 90 % sont des femmes, et celles-ci sont plus à risque que leurs homologues masculins. L’Afrique du Sud a l’un des taux de violences faites aux femmes les plus élevés au monde. Chaque année, près de 1 000 féminicides sont enregistrés et rien qu’en 2022, le pays comptait 10 000 cas de viol signalés. D’après une étude publiée en 2021, 70 % des travailleuses du sexe en Afrique du Sud avaient subi des violences physiques et 58 % avaient subi au moins un viol, en grande majorité par des clients. D’après l’association SWEAT, les personnes trans, migrantes ou sans-abri sont particulièrement à risque. Photo: SG ZA. License: CC BY-SA 4.0. Les associations de défense des travailleuses du sexe affirment qu’actuellement, c’est à elles que revient la tâche de protéger leurs membres des violences et problèmes de santé. Comme Rahman Sisonke, du Sisonke Sex Worker Movement, qui enregistre et publie les preuves de violations des droits humains. “Semaine après semaine, je vois tellement de cas d’abus infligés à des femmes comme moi, et depuis que nous avons créé une ligne d’assistance téléphonique, elles nous appellent nous. Je m’assure que ces cas soient documentés, et j’agis en tant que tiers entre elles et les forces de l’ordre pour signaler leurs problèmes ; cependant, il est rare que la justice soit rendue.“ Un changement de loi serait l’aboutissement d’années de lutte. En 2017, les militant·e·s criaient déjà victoire, pensant que la dépénalisation serait incluse dans le plan quinquennal de lutte contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles. Mais “le Comité de réforme des lois, qui venait d’être créé, a recommandé que le pays conserve ses lois pour empêcher une discorde généralisée“, a déclaré Constance Mathe, coordinatrice de la Coalition Asijiki pour la dépénalisation du travail du sexe. “Mon équipe et moi, on a tout arrêté à ce moment-là. Heureusement, la conversation a repris en 2020.“ Les groupes féministes considèrent le projet de loi sur la dépénalisation comme le début de ce que le gouvernement devrait mettre en place pour garantir la sécurité des travailleuses du sexe. Mathe affirme que ses efforts pour parler au ministère de la santé des programmes de traitement du VIH ont reçu peu de retours. “Ce n’est que lorsque j’ai parcouru moi-même les différents districts toute seule pour éduquer ces travailleuses sur leurs droits reproductifs et que cela a fait son chemin sur les réseaux sociaux qu’ils ont réalisé l’importance et ont entamé des discussions pour se joindre au programme“, dit-elle. Un·e porte-parole du ministère de la Santé a déclaré à la newsletter Impact : “L’ensemble du processus de création de tels programmes de sensibilisation peut être assez compliqué et fastidieux, d’où les limites des réponses passées. Mais nous nous efforçons toujours de rendre notre département aussi inclusif que possible en temps voulu.” Photo: SG ZA. License: CC BY-SA 4.0 Aujourd’hui encore, nombreuses sont les personnes qui s’opposent au projet de dépénalisation. Le Parti chrétien-démocrate africain, un parti conservateur, a organisé des manifestations contre la dépénalisation, et un collectif d’organisations internationales a envoyé une lettre ouverte au gouvernement avertissant que le projet de loi pourrait faire de l’Afrique du Sud une « destination mondiale pour le trafic sexuel ». Sally Jean Shackleton du groupe de travail sur l’éducation et la défense des travailleuses du sexe (SWEAT) cite la désinformation et les stéréotypes médiatiques comme son ennemi le plus coriace. ”La plupart des médias sont toujours à la recherche de titres attrape-clics, et ils ont tendance à se concentrer sur des reportages qui montrent les travailleuses du sexe comme des méchantes immorales pour aller avec le récit dominant”, dit-elle. ”J’utilise constamment ma plate-forme pour remettre en question ces stéréotypes et fournir des informations contextualisées pour éviter plus de dégâts” Elle appelle le gouvernement à mettre en place des mesures spécifiques pour lutter contre les fausses informations sur le travail du sexe. Keisha Marite, experte sur l’égalité des genres à la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, affirme que le projet de loi montre le succès de la formation d’une coalition féministe en Afrique du Sud. “À travers les nombreuses tactiques de poussée et d’attraction différentes que j’ai vues au fil des ans, il est évident que ces femmes ne se laissent pas faire et que cela ne s’arrêtera pas là. Nous assistons à un soulèvement historique, à un mouvement dans toute la société.” Première fois par ici ? Impact est une newsletter hebdomadaire de journalisme féministe, dédiée aux droits des femmes et des minorités de genre dans le monde entier. Chaque mois, nous publions un bulletin d’actualité sur les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, un entretien, un reportage et un essai de la rédactrice en chef. Ceci est la version française de la newsletter ; vous pouvez lire la version anglaise ici. Megan Clement est la rédactrice-en-chef de la newsletter Impact. Anna Pujol-Mazzini est la traductrice. Agustina Ordoqui prépare le bulletin mensuel et rédige les posts d’actualité sur les réseaux sociaux. La newsletter est financée par New Venture Fund et produite par Gloria Media, basée à Paris. Gloria Media est dirigée par sa fondatrice, Rebecca Amsellem. Gloria Media remercie ses partenaires pour leur soutien. Pour sponsoriser une newsletter, vous pouvez envoyer un mail ici. Le sponsoring n’a aucune influence sur le contenu de la newsletter. Abonnez-vous à nos autres newsletters : Les Glorieuses / Économie / Les Petites Glo |
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