Par Sony Chan, chroniqueuse et humoriste La semaine dernière une de mes meilleures amies m’a fait remarquer quelque chose de très intéressant lors d’une réunion entre copines. On était un groupe de filles dans un café en train de papoter quand soudain un copain (beau et riche) est passé nous rejoindre. Instinctivement j’ai tout de suite réajusté ma posture. Ma cambrure était telle qu’on aurait pu mettre un plateau repas sur mes fesses. Tandis que ma copine de droite a pratiquement posé ses seins sur la table. Quelle efficacité! Sans se rendre compte nos voix sont devenues douces, nos caractères se sont effacés. L’homme a trouvé des oreilles attentives à son humour : Pourquoi Napoléon n’a jamais acheté une maison ? Parce qu’il avait déjà un bon appart. On hurlait de rire à sa blague médiocre pour lui faire plaisir. Je n’ai pas hésité à essuyer le coin de l’œil en disant « Oh, tu me fais couler mon mascara ! Hahaha ! ». Il n’aurait jamais pu deviner qu’en réalité je n’avais même pas capté le jeu de mot. Nous nous sommes « naturellement » soumises à lui. Bien plus tard une certaine colère envers moi-même m’a fait poser la question suivante: Qu’est-ce qui a merdé dans notre éducation?! Pourquoi devrais-je éprouver tant de satisfaction à plaire aux hommes (beaux et riches svp)? Chaque fois quand notre bande de filles est assistée par une présence masculine, on se transforme en esclave de sa volonté. Bon sang ! Avons-nous toutes fait bac plus cinq pour finalement vivre de notre charme ? Professionnellement je me suis toujours bien défendue. Mes capacités analytiques ont souvent impressionné mes collègues et mes patrons. Cependant dans les -Tu peux m’expliquer ? Je ne sais pas grande chose. -Tu le tiens avec la main gauche ou la main droite ? -Oh non, ça me fait trop peur ! (Alors que j’arrive à épiler le maillot avec les ongles) Originaire de Hong Kong (colonisée par les Britanniques) mon comportement est d’autant plus révélateur lorsque je me Récemment j’ai eu l’occasion de retourner dans ma ville natale, je me suis surprise en train de parler à mes compatriotes sans la moindre formule de politesse. Y-a-t-il donc plus la nécessité de plaire ? Un jour dans un supermarché hongkongais, une mère de quatre enfants faisait la queue juste derrière moi. Ses enfants chahutaient et lui réclamaient des bonbons à l’huile de palme. L’aîné se prenait pour Spiderman et grimpait sur les étalages de papiers toilettes. Il pensait vraiment que « Lotus » était si résistant. Entre embarras et débordement la mère m’a suppliée de lui faire passer devant moi. Je l’ai regardée avec autant de compassion qu’aurait une star qui chante Comment ai-je été conditionnée pour passer de l’esclave douce et docile à la reine des dominatrices ? Est-ce lié à mon propre positionnement social dans ce monde machiste et raciste ? Ai-je choisi la solution de facilité afin de gagner au sein du système ? Je vous invite à regarder autour de vous. Il est fascinant de constater envers qui nous nous rabaissons, et face à qui nous haussons la voix. Le féminisme est basé sur une idée d’égalité, il ne pourrait jamais triompher avec des maîtres SONY CHANNée en 1975 à Hong Kong, elle fuit la rétrocession à la Chine pour Strasbourg en 1997. Diplômée les années suivantes d’une école d’architecture, elle s’oriente petit à petit vers la mode, en tant que consultante, styliste puis experte en relations presse. Eclectique, elle est sans aucun doute Sans Etiquette, comme son one womanshow mis en scène par Giedré en 2017. En effet, après un album disco sorti en 2007 puis une casquette d’humoriste qu’elle revête en 2009, elle poursuit son intérêt pour l’écriture en tant que chroniqueuse quotidienne sur OUI FM puis France Inter. Cette année, elle renoue avec sa ville natale en offrant un spectacle en cantonais |
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