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Qui n’a jamais entendu ces mots ? “Tu es trop émotive”, “je n’ai pas de problème avec les femmes au pouvoir, j’ai juste peur qu’elles ne soient pas rationnelles dans leurs décisions”, “Imagine une femme présidente… si elle a ses règles, elle fait quoi ? Elle envoie la bombe nucléaire?” On exagère à peine. Le Guardian publiait ainsi un article avec la thématique suivante : existe-il un cerveau menstrué (par opposition à un cerveau “normal”) ? Spoiler alert : non. La société a tendance à ne pas faire confiance aux femmes sous prétexte qu’elles seraient trop portées sur l’émotion et pas assez sur la raison. Comment en sommes-nous arrivées là ?

Ces légendes ne se sont pas construites toutes seules. Elles sont encore moins le fruit d’études rigoureusement scientifiques. Dans “Fragiles ou Contagieuses ?” Barbara Ehrenreich et Deirdre English nous apprennent que les médecins ont incité les femmes à être faibles mentalement, et ce, depuis le milieu du XIX ème. Pourquoi ?

1) Pour qu’elles ne s’instruisent pas. Les femmes étant sur cette planète pour enfanter, elles devaient concentrer toute leur énergie sur leur appareil reproductif. Toute autre activité était fortement déconseillée. “Une croissance cérébrale trop soutenue, avertissaient-ils, atrophiait l’utérus”. “Toute la mystique autour de la fragilité féminine (…) servait avant tout à garder un grand nombre de femmes occupées, occupées à ne rien faire”. “Les médecins étaient en position de détecter les premiers signes de rébellion, et de les interpréter comme les symptômes d’une “maladie” – appelée hystérie – qui devait être “soignée”.
2) Pour en faire de bonnes patientes. En témoigne les propos du – alors célèbre – docteur S. Weir Mitchell (1888) sur la gentillesse des femmes : “Sa faiblesse, son instabilité émotionnelle, sa tendance à avoir un conception déformée de la morale après une longue maladie nerveuse, la rendent bien plus docile, prête à entendre raison, agréable en tant que patiente, que l’homme qui aurait des symptômes similaires. » Trop aimable. Fallait pas.
En somme, le mythe de la fragilité féminisme repose sur un culte créé par les médecins de l’hypocondrie féminine : il était ainsi bien vu pour les femmes de société de se plaindre de “fortes migraines”, de partir de long mois dans des sanatoriums…
3) Pour qu’elles restent éloignées des affaires de la cité. C’était évidemment une excuse pour ne pas faire entrer les femmes en politique. Un législateur du Massachusetts (Etats-Unis) a ainsi déclaré, pour répondre aux mouvements des suffragettes, “accordez le suffrage aux femmes, et vous devrez construire des asiles dans chaque pays et établir un tribune de divorce dans chaque ville. Les femmes sont trop nerveuses et hystériques pour un jour être impliquée dans la politique”.

Ainsi, le mythe de la femme émotive a été construit par  des hommes souhaitant vivre dans une société où les femmes sont dociles, peu ambitieuses. Ils sont allés jusqu’à inventer des théories scientifiques pour appuyer leurs positions. C’était il y a un siècle.Et pourtant, il se poursuit encore. Cela ne vous rappelle rien ? Au pif, Donald Trump qui tweet pendant la campagne électorale que Hillary Clinton n’a pas assez de force mentale.
Aujourd’hui, les études sont claires. Le taux d’œstrogène n’influe EN RIEN les capacités du cerveau. La prochaine fois qu’on vous sort que vous êtes trop émotive pour faire quelque chose, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Foncer.

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