« En fait, nous devons être meilleures. » Conversation avec Phyllis Chesler. Phyllis Chesler a 81 ans. Elle est écrivaine, psychothérapeute ; elle est notamment reconnue pour avoir participé à ce qu’on appelle la « deuxième vague » du féminisme aux États-Unis aux côtés de Gloria Steinem ou encore Betty Friedman. Rebecca Amsellem – Certains éléments semblent inchangés – c’est en cela que ce recueil donne un peu le tournis. Je pense un exemple : « le deux poids deux mesures ». Vous dites, « même quand homme et femme font exactement la même chose, rien n’a le même sens. Le père qui change une couche est souvent vu comme un héros ; ce n’est pas le cas de la mère qui, après tout, ne fait que ce qu’on attend d’elle ». Que vous inspire cette immuabilité ? Phyllis Chesler – Les femmes ne sont pas récompensées pour faire ce que nous sommes censées faire, mais nous sommes punies si nous ne le faisons pas. Et nous ne sommes pas censées faire autre chose que ce que nous sommes censées faire. Et si nous le faisons, nous devons être dix fois meilleurs et sacrifier dix fois plus et avoir encore une vie professionnelle plus solitaire. Il y a eu des progrès, mais les batailles continuent. Toutes les batailles gagnées en une génération ne le sont pas pour toujours. Comme l’avortement, je n’aurais pas pu imaginer que ce droit soit remis en cause. Nous nous battons donc depuis l’adoption de Roe v Wade, et maintenant nous pouvons le perdre devant la Cour suprême américaine. Rebecca Amsellem – On a l’impression, au travers de vos mots, que les féministes sont condamnées à échouer car les femmes ne sont pas éduquées, socialisées pour être victorieuses. Vous écrivez plus précisément que « Pendant des siècles les femmes ont été englouties et condamnées à une si forte obscurité que, semblable à des prisonnières, nous en sommes venues à craindre instinctivement la lumière ; elle est aveuglante, contre nature. Phyllis Chesler – Le savoir féministe et l’histoire féministe ont volontairement disparu siècle après siècle, si bien que chacune d’entre nous a été obligée de le redécouvrir ou de le Rebecca Amsellem – La sororité n’existe pas vraiment. C’est ce que vous affirmez, « En privé, nous agissions envers les femmes comme la plupart des autres femmes : nous les jalousions, rivalisions avec elles, les craignions et les traitions de façon ambivalente. Nous les aimions également, et nous avions besoin d’elles. Ma génération féministe a dévoré ses leaders. Certaines, particulièrement douées pour cela, le sont devenues à leur place. » Vous avez fait une étude sur la misogynie entre les femmes et entre les féministes, qu’elle en a été votre conclusion ? Phyllis Chesler – De là est sorti un livre, Women’s Inhumanity To Women, publié en 2002. Chaque jour, il faut résister à l’intériorisation de la haine ou de la peur ou de la minimisation d’une autre femme. Et nous devons apprendre à dire à une autre femme quand elle nous a mis vraiment en colère, lui dire en face, ne pas se venger en retournant tout le monde contre elle. Nous devons laisser aller la colère. Nous devons travailler en équipe, et c’est quelque chose que la plupart des femmes n’ont pas l’occasion d’apprendre. Nous avons l’habitude d’avoir une Miss Amérique, une Miss Europe contre toutes les autres femmes. Une seule est choisie par le Prince dans un conte de fées. Je pense que l’intériorisation des opinions sexistes sur les femmes est quelque chose contre laquelle les femmes, en particulier les féministes, doivent lutter. Elles doivent en être conscientes. Donc, oui, les féministes ne se sont pas nécessairement comportées plus gentiment les unes envers les autres, mais le reste de l’humanité féminine non plus. Ce n’est donc pas que nous soyons pires. C’est que nous ne sommes pas différentes, alors que nous devons l’être. En fait, nous devons être meilleures. Rebecca Amsellem – Pensez-vous que la nouvelle génération de leadeuses féministes est plus douée pour la sororité ? Phyllis Chesler – Je pense qu’elles en ont davantage conscience. Rebecca Amsellem – Qu’avez-vous écrit dans ce recueil il y a vingt ans sur lequel vous reviendriez aujourd’hui ? Phyllis Chesler – Je pense que j’aurais tout gardé et juste essayé de le mettre à jour. J’espère que les féministes en France liront ceci et que cela les renforcera et les inspirera et leur donnera encore plus de sens à leur histoire qui, comme nous l’avons mentionné, disparaît constamment. La revue de presse Au milieu de l’assaut contre les droits des trans au Texas, cette militante de 17 ans regarde vers l’avenir.Rafia Zakaria : Le féminisme n’est pas que blanc. Ce que les mères savent de la guerre. « Pourquoi je suis fière de soutenir les athlètes trans comme Lia Thomas ». « À l’approche des élections présidentielles, le collectif d’expertes « Femmes et Travail » s’est formé autour, notamment, de Lucile Quillet, Laetitia Vitaud, Sarah Zitouni, Elise Fabing, Maïmonatou Mar et Clara Moley. Leur objectif ? Appel à projet – 1,000,000 euros pour l’égalité salariale. Les dossiers présentés devront proposer des actions qui répondront aux trois objectifs suivants : Créer les conditions favorables à l’accession des femmes aux plus hautes responsabilité. Les Rencontres RH du 8 mars ont fait le point sur les avancées en termes d’égalités femmes hommes en entreprise. Connaissez-vous Service 95, la nouvelle newsletter lancée par Dua Lipa ? Ca parle de restaurant, de nourriture, de voyage et c’est évidemment génial (et dispo en français).
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