Votre enfant intérieur n’a rien de puéril par Lila Paulou (vous pouvez me suivre sur Twitter) Un des principaux signaux d’alerte du déclin de ma santé mentale est “trop de temps passé sur Vinted”. Mais pas à chercher n’importe quoi : des pulls rayés multicolores, ceux que j’adorais petite. Entre ça et le grand retour en 2021 de la frange qui a barré mon front entre mes trois et treize ans, je suis plus proche que jamais du look que j’avais enfant. Plus je grandis, et plus je reprends des activités que j’avais abandonnées à l’adolescence. Je me suis replongée dans mes passe-temps favoris (la lecture, le dessin et l’écriture), j’ai terminé des sagas que j’avais délaissées (pardon Twilight). Ces éléments de mon enfance me réconfortent tout de suite quand je me sens stressée ou démoralisée. J’ai l’impression de redevenir moi-même en me réconciliant avec la mini moi enfouie au fond de mon être : mon enfant intérieur. Dans Se réconcilier avec son enfant intérieur (Éditions Eyrolles, 2021), la psychothérapeute Ariane Calvo le définit comme “la part de nous la plus vulnérable, la plus sensible, mais aussi la plus créative et la plus porteuse de joie de vivre.” Ce concept représente ainsi notre fragilité, mais aussi “ce qui nous donne le désir et le plaisir d’être en vie.” Vous n’avez qu’une minute pour lire cette newsletter ? Zappez la lecture et prenez dix secondes pour vous imaginer bien au chaud sous la couette, avec votre chat adoré et le bruit de la pluie qui tombe dehors. Dès l’enfance, notre spontanéité et notre créativité sont bridées pour rentrer dans la norme. Cette non-acceptation de soi est alors vécue comme une blessure émotionnelle qui va nous amener à taire nos besoins les plus profonds. Et attention ! Ariane Calvo met en garde les Petites Glo : on peut se sentir déconnecté de notre enfant intérieur dès l’adolescence, “période ambivalente où on est encore un peu dans l’enfance, et en même temps, où on essaye d’en sortir.” Difficile de rester soi-même face à la pression du groupe, aux règles imposées par le système éducatif, ou aux normes genrées. On va par exemple décourager les garçons d’éprouver de la tristesse ou de la peur, et les filles d’éprouver de la colère. Or, l’interdiction de ressentir des émotions représente l’une des premières blessures émotionnelles. “Se construire correctement, c’est se construire avec toute notre palette émotionnelle, comprendre à quoi servent nos émotions, de quoi elles nous informent, et s’autoriser à les vivre en entier,” martèle Ariane Calvo. Citant l’exemple des filles auxquelles on interdit de se mettre en colère, elle alerte : “Si on ne peut pas se mettre en colère, on ne peut ni se faire respecter, ni se respecter soi. On apprend aux filles que quelqu’un de bien, c’est quelqu’un qui fait plaisir. À cinquante ans, on les retrouve : elles ont complètement oublié qui elles étaient.” C’est heureusement un phénomène qu’on peut prévenir en valorisant les ressentis des enfants. “Si on leur apprend à entendre, ressentir, comprendre et utiliser leurs émotions à bon escient, ils n’auront pas de travail à faire pour retrouver leur enfant intérieur. Ils y seront reliés en permanence, et à bon escient.” Crédit photo : Avril Dunoyer Pas de panique pour les femmes mentionnées ci-dessus : un travail sur l’enfant intérieur est tout à fait possible, suivi pourquoi pas d’un travail sur… l’adolescente intérieure. “C’est celle qui est dans l’expérimentation, l’exploration, où tout est permis… Très souvent, c’est une période dont les hommes ont du mal à sortir. Mais les femmes sautent cette étape, car s’autoriser une exploration et une liberté totale charrie un nombre de projections négatives dans nos sociétés.” Quant à notre enfant intérieur, il nous permet “de constater la simplicité avec laquelle peut advenir le bonheur” en nous aidant à ressentir de l’émerveillement pour la vie qui nous entoure. Cet émerveillement est très souvent exprimé par des artistes comme la poétesse américaine Mary Oliver, qui conclut ainsi son poème sur une “Journée d’été” passée à flâner dans les champs : “Dis-moi, que comptes-tu faire de ton unique vie, sauvage et précieuse ?” Le mental fitness des Petites Glo Si cet entretien vous a plu, le livre d’Ariane Calvo vous apportera bien plus d’informations pour renouer avec votre enfant intérieur. Il regorge aussi de nombreux exercices comme celui-ci, qui aide à comprendre notre réaction aux émotions des autres – et de nous-mêmes. Les recommandations On écoute : “Guérir son enfant intérieur, avec Joanna Smith, psychologue clinicienne” parties 1 et 2, podcast de La psychologie pour tous (2023) Joanna Smith est une autre grande spécialiste de l’enfant intérieur. Ce riche entretien de deux heures vous apportera des informations complémentaires à celles apportées par Ariane Calvo, avec des conseils pour (entre autres) améliorer son estime de soi et apprendre à dire non. On regarde : Votre film préféré de quand vous étiez enfant Même si on se rend compte qu’il n’est plus aussi bien que dans notre souvenir et que les effets spéciaux sont maintenant un peu dépassés, ça apaise toujours le cœur. Certains “reboots” sont d’ailleurs très réussis ! On écoute : “Never Grow Up”, Speak Now (Taylor’s Version), Taylor Swift (2023) Les Swifties présentes ici auront sûrement suivi la sortie cet été du réenregistrement par Taylor Swift de Speak Now, son troisième album paru en 2010. Dans l’une de ses chansons un peu moins connues, elle conseille avec nostalgie à la Taylor enfant de “ne jamais grandir”. On sait pourtant que son avenir promet ! Ces liens peuvent vous être utile
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