« Ma nature ne me permet pas le calme; on est comme on est, et l’âge ne me rend pas douce et sereine, non pas que je bataille, mais c’est en moi, avec moi. Plus je vais, plus je suis certaine que seul l’humain compte. » C’est l’histoire d’une Escrimeuse qui défend une Méduse Pour lire la newsletter en ligne https://lesglorieuses.fr/escrimeuse-meduse/ « J’honore chaque femme qui a assez de force pour sortir des sentiers battus lorsqu’elle sent que sa destinée est ailleurs, écrit la sculptrice américaine Harriet Hosmer à son amie Phebe Ann Hanaford, qui a assez de force pour se lever et devenir l’objet de moqueries, si c’est le cas. C’est la pilule amère que nous devons toutes avaler au début, mais je considère ces pilules comme des stimulants tout à fait essentiels au salut mental. Harriet Hosmer est l’une des premières sculptrices à voir son art reconnu, vivant ainsi de celui-ci. Née en 1830 aux États-Unis, elle étudie l’anatomie grâce à un père qui l’envoie dans une université qui accepte les femmes, le Missouri Medical College (aujourd’hui le Washington University School of Medicine). Deux ans plus tard, elle déménage à Rome afin de devenir l’étudiante du sculpteur John Gibson. Son style néoclassique s’attache à proposer des interprétations plus modernes des mythes gréco-romains. Son premier buste créé en Italie, un an après avoir commencé à étudier sous Gibson, est La Méduse, figure mythologique de la Grèce antique, violée par Poséidon puis condamnée par Athéna à devenir un monstre hideux pour avoir « séduit » Poséidon. Alors que les interprétations de La Méduse en monstre ne peuvent être comptées tant elles sont nombreuses, Hosmer choisit de sculpter une Méduse sur le point d’être transformée, mais gardant encore toute sa ressemblance, toute sa beauté (The Marginalian). « La gloire de son atelier [celui d’Hosmer] est une tête de Méduse, écrit un ami au révérend Robert Collyer, en 1867, j’ai toujours pensé que pour réaliser la véritable idée du vieux mythe, la Méduse devrait être merveilleusement belle, mais je ne l’ai jamais vue ainsi représentée auparavant. Ici, la tête d’une jolie jeune fille, ses riches cheveux retenus par un filet, au-dessus du front, semblent d’abord reculer par vagues et quand vous voyez que ces vagues se terminent par des serpents, cela vous frappe sans aucun sentiment de répulsion. » Ce premier buste donne le ton : Harriet Hosmer utilise son art pour proposer une version toute singulière des mythes habituellement sculptés. ![]() Collage, papier et feuille d’or, par moi-même, 2024Quelques dizaines d’années plus tard, c’est une autre femme, Germaine Richier (1902-1959) qui continue de porter le flambeau de la réintrétation des mythes patriarcaux par la sculpture. Le Cheval à six têtes, l’Hydre, ou encore le Crapaud qui rappelle la position de Narcisse. Et l’Escrimeuse, avec masque et sans masque et par là la réinterprétation de celui qui se bat. « L’Escrimeuse est d’abord une abstraction. Son corps est nu et cette nudité nous alerte sur l’importance du corps nu féminin dans l’histoire de l’art. Car la nudité de ce corps, écrit la philosophe Geneviève Fraisse (Germaine Richier | Catalogue de l’exposition, Editions Centre Pompidou, 2023), est aussi l’allégorie de la vérité dans la longue histoire de l’esthétique occidentale. » L’Escrimeuse est « sur le point de ». Sur le point de se battre, de se défendre, d’attaquer, on ne sait pas. « Sur le point de », comme la Méduse qui s’apprête à être transformée complètement en Gorgone. L’Escrimeuse ne se battra pas, écrit Fraisse. « Indifférente au combat, mais prête à agir. » Elle ne soutient pas l’acte guerrier mais elle est prête à se battre. « […] l’escrimeuse, nouée à cette traduction, la dépasse, la transforme aussi puisqu’elle indique, sobrement, qu’elle pourrait attaquer et/ou se défendre, avec ou sans arme, avec ou sans protection ». L’Escrimeuse aurait empêché le viol de la Méduse, elle aurait empêché sa transformation en Gorgone, c’est ce que je me dis. « Comment se battre sans combattre dans un temps si violent ? » La devise d’Harriet Hosmer, qui aurait très bien pu être celle de Germaine Richier, semble répondre à cette question posée par Geneviève Fraisse, « Vis bien, fais bien, et tout ira bien. » Des choses que je recommande // Questionnaire de satifaction de la newsletter Les Glorieuses // Vos réponses m’aideront à améliorer votre newsletter préférée (ou deuxième préférée) (ou troisième mais je m’arrête là). Si vous décidez de répondre à tout, cela vous prendra environ 5 minutes (sûrement moins). Oui, il y a des cadeaux à gagner ! https://forms.gle/MFDknreCyRkfubNJ8 #metoo « On persiste et on signe ! » dans Le Monde ! Projet il reste encore demain // Voici la page sur laquelle les profs de collèges et lycées peuvent faire la demande : https://lesglorieuses.fr/operation-il-reste-encore-demain/ (n’hésitez pas à transférer le lien aux profs que vous connaissez) *** Si vous avez des suggestions de livres, d’articles, de séries, de films à mettre ici, envoyez-moi les par retour d’email. MERCI *** *** Concours en partenariat avec Les Editions du Seuil *** L’essai commence par cet épigraphe d’Albert Camus, il donne le ton. « Dans les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui mérite d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison ». Si vous êtes intéressé·e par ce livre, vous pouvez tenter de le gagner en répondant à cet email ou tentant sur nos réseaux sociaux cette semaine. Pour les nouvelles lectrices et les nouveaux lecteurs : il suffit de répondre, il n’y a pas de message particulier à mettre. Ce concours vous est proposé par notre partenaire, les Éditions du Seuil. ![]()
|
Inscrivez-vous à la newsletter gratuite Les Glorieuses pour accéder au reste de la page
(Si vous êtes déjà inscrit·e, entrez simplement le mail avec lequel vous recevez la newsletter pour faire apparaître la page)
Nous nous engageons à ne jamais vendre vos données.