Mercredi 17 novembre 2021 Bonjour à toutes et à tous, « Au-dessus de l’horizon, le rose est immatériel ;d essous, il est impalpable. J’ai parfois pris l’aube pour le crépuscule. » Au revoir, Etel Adnan.
par Eva Kirilof (pour la suivre sur Insta, c’est là) L’artiste et poétesse américano-libanaise nous a quittés le dimanche 14 novembre à l’âge de 96 ans. Au moment où je lis ces mots, la première chose qui me vient à l’esprit c’est la chaleur qui émane de ses paysages abstraits peints en aplat sur des toiles de petit format, puis l’image de la montagne apparaît. Le mont Tamalpais en Californie qui a tant compté pour elle et duquel elle dit : « À force de vivre dans ses parages et de l’étudier, la montagne est devenue un tout pour moi, une expérience mystique. Insaisissable mais par ailleurs très puissante. » La montagne devient un absolu, la peinture elle-même, et symbolise à merveille cette identité au croisement de différentes Etel Adnan a plus de 80 ans quand l’historienne de l’art et commissaire d’exposition Carolyn Christov-Bakargiev décide de lui offrir une place à Documenta 13 à Kassel (Allemagne), et ce n’est qu’autour de 2014 que des grandes institutions comme le Whitney Museum à New York commence à exposer son travail. Son art va peu à peu se réinscrire dans l’histoire de l’art grâce à cette mise en lumière tardive, et prendre la place qu’il mérite notamment au sein du mouvement abstrait. La trajectoire d’Adnan est un parfait exemple des mécanismes qui invisibilisent le travail et la production Adnan est née en 1925 à Beyrouth, dans un Liban occupé par la France. Elle grandit en parlant le grec avec sa mère (Rosa Kadri) et le turc avec son père (Assaf Kadri, un haut gradé de l’armée de l’Empire ottoman) tout en étant scolarisée dans un institut littéraire francophone qui réprimande l’usage de la langue arabe : L’artiste dans son atelier à Paris. À travers ses poèmes, ses romans, ses peintures, ses gravures, ou encore ses films, Etel Adnan a créé une œuvre à la fois plastique et littéraire qui transcende les frontières culturelles et politiques en leur offrant un point d’ancrage, la possibilité de se rencontrer à l’intersection et de dialoguer ensemble. L’identité et la mémoire passent notamment par la langue. En se tournant vers la peinture à la fin des années 1950, elle explique, dans son essai Écrire dans une langue étrangère (2015) avoir découvert qu’elle pouvait peindre en arabe : « Je n’avais plus besoin d’écrire en français, j’allais peindre en arabe. » Une façon pour elle de tisser du lien entre Elle quitte le Liban en 1949 suite à l’obtention d’une bourse qui lui permet d’aller étudier la philosophie à la Sorbonne à Paris. Elle poursuit ses études à l’université de Berkeley puis à Harvard avant de débuter sa carrière d’enseignante en Californie au Dominican College à San Rafael. Elle commence à écrire des versets engagés à cette époque pour s’opposer à la guerre du Vietnam dans le sillon d’autres En 1972, elle retourne au Liban où elle fait la rencontre de celle qui sera sa partenaire jusqu’à la fin de sa vie, l’artiste américano-libanaise Simone Fattal. Etel Adnan dirige alors les pages culturelles d’un grand quotidien libanais francophone, Al-Safa Newspaper, tout en continuant à peindre À la fin des années 1970, elle retourne en Californie et s’installe à Sausalito près de San Francisco, de sa fenêtre elle voit au loin le mont Tamalpais qui deviendra une source infinie d’inspiration mais qui évoque également le souvenir d’une enfance passée dans la lumière du Etel Adnan nous a quittés, et je me dis qu’à une dizaine d’années près nous aurions pu collectivement passer à côté de ses poèmes visuels à l’énergie si généreuse car nous vivons dans une Ma sélection d’articles et de nouvelles Injuste, non ? Dans la nouvelle newsletter Les Petites Glo, Chloé Thibaud s’attaque au problème du langage, et plus précisément au passage du masculin au féminin… pourquoi les mots deviennent dégradants ? Pour la première fois de son histoire, le Planning familial de la Gironde fait appel à vous pour l’aider à boucler son budget de 2021. On peut les aider ici. *** SOS *** Quand un geste d’appel à l’aide vu sur TikTok sauve une adolescente. « Nous exigeons que le monde politique prenne enfin en compte le mouvement #metoo », La tribune à lire de la *** Un mot de notre partenaire, la Fondation L’Oréal *** La méthode d’Issa Rae (How Issa Rae Gets It Done). Notre pétition pour l’engagement en faveur de l’égalité salariale a recueilli pour l’instant plus de 15,300 signatures ! Si vous voulez en faire partie et rejoindre le mouvement du #3Novembre9h22, c’est ici. Sur l’Instagram des Glorieuses, on peut gagner le livre de Rose Lamy : « Préparez-vous pour la bagarre ». Josiane Clavelin, lanceuse d’alerte sur les cancers du sein des personnels soignants. Dans le bassin lorrain, l’ancienne aide-soignante et syndicaliste CFDT veut faire reconnaître l’origine professionnelle du cancer du sein. Avec d’autres collègues et infirmières, elle dénonce le travail de nuit et les rayons X comme facteurs de risque. Du ketchup bio, vous en reprendrez ? (TG violences patriarcales) Et on n’oublie pas : la masculinité souffre terriblement du patriarcat. Les Glorieuses est une newsletter produite par Gloria Media. |
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