|
Cette newsletter vous a été transférée ? Si vous souhaitez vous inscrire, c’est ici !
Une année dédiée à prendre soin de sa santé mentale.
|
|
Personne ne veut voir de femmes rondes dans la mode
Peu de chance de passer à côté de l’incroyable événement mode qui-revient-tous-les-ans-mais-c’est-toujours-le-même-bazar de l’année. Ce lundi soir se déroulait à New York le MET Gala, organisé par Anna Wintour, la rédactrice en chef du magazine Vogue aux Etats-Unis. Et comme tous les ans, malgré le caractère charitable du gala, l’événement a davantage des allures de défilé que de Téléthon. Chaque année, un thème permet aux invité·e·s trié·e·s sur le volet de préparer au mieux leur tenue. Et tous les ans, c’est un peu la même vibe que la soirée Miss France : j’ai un peu honte mais je regarde quand même.
Cette année, le thème était “Karl Lagerfeld : une ligne de beauté”. Un hommage au travail du couturier connu pour son travail pour les grandes maisons de mode comme Fendi, Chloé, Balmain et Chanel. Le “Kaiser” à lunettes noires, son talent, ses shows mémorables, son air pincé, la glorification de sa chatte Choupette… mais aussi ça : “Ce sont de grosses mamans assises avec leur sacs de chips devant la télévision qui disent que les mannequins sont trop maigres.” (Focus Magazine, 2009), “[La chanteuse Adèle] est un peu trop grosse, mais elle a un joli visage et une voix divine” (Metro World News, 2012) ou encore “Le trou de la sécurité sociale c’est aussi toutes les maladies attrapées par les gens trop gros” (Le Grand 8, 2013).
Vous n’avez qu’une minute pour lire cette newsletter ? Zappez la lecture et prenez dix secondes pour regarder les vagues.
|
|
“Le choix d’honorer Lagerfeld incarne la dissonance d’une industrie qui prétend être progressiste, qui célèbre le body positive et les survivant·e·s de violences sexuelles d’une part, puis qui vénère des personnalités comme [Lagerfeld] sans même dénoncer leurs opinions régressives.” a déclaré à ce propos le mannequin Sara Ziff (Jezebel).
Choisir Karl Lagerfeld comme thème du Met Gala est… grossophobe. Car ce choix encourage cette dissonance.
Le terme “grossophobe” a été pour la première fois mis en lumière en France par l’actrice Anne Zamberlan suite à la publication en 1994 de son livre “Coup de gueule contre la grossophobie”. Cette dénomination désigne l’ensemble des attitudes hostiles et/ou discriminantes à l’égard des personnes en surpoids. Elle est entrée dans le dictionnaire français en 2019. La grossophobie peut être “systémique” lorsqu’induite par des équipements non adaptés par exemple ou “ordinaire” se rattachant plus au comportement humain.
Les injonctions grossophobes mettent la santé mentale au tapis. En 2022, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 63% des enfants et adolescent·e·s en surpoids risquent très probablement d’être victime de harcèlement scolaire. Dans la même lignée, selon Daria Marx et Eva Perez-Bello, autrices et fondatrices du collectif Gras Politique, l’âge moyen du premier régime serait de… 8 ans. En préface de leur ouvrage “Gros n’est pas un gros mot, chronique d’une discrimination ordinaire”, elles écrivent “Les grossophobes, ce sont vos collègues de travail, leurs vannes faciles, votre patron, la vendeuse de ce magasin de prêt-à-porter, ce médecin faussement bienveillant, vos parents, votre frère, parfois même les gros eux-mêmes tant ils ont intériorisé les discriminations; bref, la société toute entière et donc… vous.”
Pour lutter contre ce sentiment d’humiliation, il convient d’identifier les stéréotypes, les déconstruire pièce par pièce et s’en détacher en libérant la parole.
“Moi je m’autorise tout, j’ai envie de le faire, je le fais, tout ce que j’ai envie de mettre comme fringue, je vais les mettre, tout ce que j’ai envie de dire je vais le dire. Je ne veux plus jamais qu’on m’interdise quelque chose ou m’interdir quelque chose sous prétexte de mon apparence physique. C’est fini.” dit Lucie Larousse, illustratrice et autrice interviewée dans l’épisode “Le Gras est politique” (Un podcast à soi, ARTE radio, décembre 2017) “L’été je mets des mini-shorts, je montre mes bras, j’en ai rien à faire et j’aimerai tellement donner un peu de ça en fait, aux femmes qui n’osent pas. Parce qu’une fois qu’on a un peu de ça, et qu’on arrive à le faire grandir, c’est une vraie force.”
Être fier·e d’être qui on est, accepter les autres dans toutes leurs différences font partie des éléments de réponse pour lutter contre la grossophobie aussi. Et ne pas sur-féliciter les femmes qui assument leur poids. À ce sujet, la chanteuse Chika rappelle sur Twitter “Arrêtez d’appeler les femmes que vous ne trouvez pas sexy “courageuse” juste parce qu’elles font la même chose que toutes les autres femmes. C’est une micro-agression qui implique qu’elles ont une raison d’être mal à l’aise, créant ainsi le fameux inconfort contre lequel vous pensez tellement être.”
Choisir de rendre hommage à Karl Lagerfeld et à l’ensemble de son œuvre, c’est choisir un message contradictoire : brandir la tolérance et mettre en lumière une figure grossophobe. Chacun·e devrait se sentir libre, dans son corps et dans sa tête. En 2023 des propos encourageant cette dissonance ne passent plus. Au vu de la vague de contestation, le MET Gala devrait désormais mieux choisir ses inspirations. Rendez-vous l’année prochaine…
|
|
Le mental fitness des Petites Glo
Vous êtes parti·e plus tôt de la soirée ? Vous vous êtes refait un troisième fajita ? Vous avez passé un peu plus de temps que prévu sur Instagram ? Cette semaine, essayons de lutter contre le sentiment de culpabilité !
Les recommandations
“Comment on se sape ? Comment on fait la mode ? Pourquoi on a pas de mode grande taille ? Pourquoi c’est si difficile, si cher et si moche ?” Voilà les questions auxquelles tentent de répondre le collectif Gras politique et leur invitée, l’artiste, créatrice et styliste Sophia Lang. De toute façon, on vous conseille tous les épisodes de ce podcast bienveillant et éclairé !
Tout droit tiré du livre pour ado “Miss Dumplin” de Julie Murphy, cette belle adaptation feelgood met en scène Jennifer Aniston (Friends) en ex-reine de beauté et sa fille Will (aka Dumplin’ ou “boulette” en français) jouée par Danielle Macdonald. Cette dernière décide de s’inscrire au concours co-organisé par sa mère même si elle ne répond pas forcément aux critères physiques attendus… Contrairement à la plupart des comédies romantiques, l’héroïne n’est pas définie par sa relation amoureuse mais en quête de sa capacité à s’accepter et s’aimer comme elle est ! Ça change (et la BO est super cool) !
Créativité, confort, éco-conception et bonne humeur. Voilà les promesses de cette marque imaginée au Royaume-Uni dont les vêtements sont conçus de manière éthique en Inde. Au programme : des salopettes ultra-colorées, des pantalons à la taille large, des polaires imprimées, des T-shirts à messages inspirants … le tout de la taille 32 à 60 ! Tout le monde mérite de s’habiller comme il veut !
|
|
Vous avez besoin d’aide ? Ces liens peuvent être utiles.
|
|
|