23 septembre 2020 Bienvenue à la newsletter Les Glorieuses ! Chaque mercredi, vous recevez une analyse féministe de l’actualité et des liens vers des articles inspirants et des événements qu’on soutient. Si on vous a transféré cet email, vous pouvez vous inscrire – gratuitement – ici et nous contacter à [email protected]. « Les femmes ont leur place dans tous les lieux où les décisions sont prises ». Cette phrase s’est retrouvée sur des tasses, des t-shirts, des pins, et même sur des chaussettes. Parce que « pourquoi pas » finalement. Elle a été prononcée il y a quelques années par Ruth Bader Ginsburg, membre de la Cour Suprême dont la popularité était telle qu’elle avait été récemment affublée du surnom « The Notorious RBG » en référence au rappeur. Avec cette phrase elle défendait une idée simple, celle que la présence des femmes dans les cercles de pouvoir devrait être une norme et pas une exception, notamment à la Cour Suprême des Etats-Unis. « Je ne dis pas que [la répartition] devrait être 50/50 », disait Ginsburg à USA Today. « Cela pourrait être 60% d’hommes, 40% de femmes, ou l’inverse. Il ne faut pas que les femmes soient l’exception. » Et pourtant, c’est toujours le cas. Sur les huit juges actuels, seulement deux sont des femmes. Christine Lagarde remarquait récemment que sur les 25 membres du conseil des gouverneurs de la BCE, il y avait que deux femmes. Autre exemple, sur les 44 conseiller·e·s· du président de la République, je ne compte que 12 femmes. Je ne veux déprimer personne mais c’était déjà le discours porté par Jeanne Deroin, première femme à s’être présentée à des élections en France en 1849. « Lorsque tout se décidait par l’épée, il était naturel de croire que les femmes, qui ne pouvaient prendre part aux combats, ne devaient pas s’asseoir dans l’assemblée des guerriers. Alors il s’agissait de détruire et de conquérir par le glaive ; aujourd’hui il s’agit d’édifier, d’organiser. Les femmes doivent être appelées à prendre part au grand oeuvre de régénération sociale qui se prépare. Pourquoi la patrie serait-elle privée des services de ses filles ? » (La Voix des femmes, 27 mars 1848). Nous sommes en 1848, la révolution vient d’avoir lieu et Jeanne Deroin quitte mari et enfants pour reprendre son nom de naissance et prendre part à la création de la nouvelle République. Elle forme avec plusieurs amies le Club de l’émancipation des femmes ou encore le Club des femmes. Elle écrit dans La Voix des femmes ou encore dans l’ « Opinion des femmes ». A croire qu’il ne nous était alors pas réservé que des magazines destinés à nous apprendre à surveiller notre poids. Collage toujours par moi-même. Vous noterez comment je me suis améliorée sur le découpage des mains. De tous les bords politiques s’élevaient la voix de commentateurs exprimant leur aberration face aux volontés des féministes. L’égalité politique ? Vraiment ? Mais pourquoi ? Et Jeanne Deroin était une championne pour répondre aux trolls. Elle ne laissait rien passer. Et lorsque les élections pour l’Assemblée constituante arrivent, en avril 1848, elle a une idée. Si le suffrage est censé est universel, les femmes en sont encore exclues. Il en va de même pour leur possible élection. Elle propose à Pauline Roland, autre féministe, de se présenter, qui refuse. Jeanne Deroin proclame la candidature de George Sand, alors figure centrale de la République naissante, dans « La Voix des femmes ». La réponse, publique, de cette dernière est cinglante. « Un journal, rédigé par des dames, a proclamé ma candidature à l’Assemblée nationale. Si cette plaisanterie ne blessait que mon amour-propre, en m’attribuant une prétention ridicule, je la laisserais passer comme toutes celles dont chacun de nous en ce monde peut devenir l’objet. (…) Je ne prétends pas protester d’avance contre les idées que ces dames, ou toutes autres dames, voudront discuter entre elles; la liberté d’opinions est égale pour les deux sexes ; mais je ne puis permettre que, sans mon aveu, on me prenne pour l’enseigne d’un cénacle féminin avec lequel je n’ai jamais eu la moindre relation agréable ou fâcheuse ». Bim. C’est non donc. Pas grave, Jeanne Deroin se présente elle-même, un an plus tard. Pour « exposer le programme féministe » et « être utile au mouvement » (« Une féministe de 1848 : Jeanne Deroin, Adrien Ranvier, Revue d’Histoire du XIXe siècle, Année 1908). Elle sait qu’elle ne pourra pas être élue, mais, fidèle à son principe de « changer les bases de la société » elle défend son programme et par la même l’égalité entre les femmes les hommes. « Une Assemblée législative, entièrement composée d’hommes, est aussi incompétente pour faire les lois qui régissent une société d’hommes et de femmes, que le serait une assemblée entièrement composée de privilégiés pour discuter les intérêts des travailleurs, ou une assemblée de capitalistes pour soutenir l’honneur du pays » (extrait de son affiche électorale). Sa candidature provoque l’ire de Proudhon fidèle à ses principes familiaux traditionalistes « Courtisane ou ménagère, (ménagère, dis-je, et non pas servante), je n’y vois pas de milieu » (1846). Mais Jeanne Deroin n’en a que faire. Elle continue d’essaimer des idées d’une utopie féministe devant une société d’hommes pensant pouvoir prendre les meilleures décisions au nom de toutes et tous. Elle continuera jusqu’à la chute de la République avant de Merci infiniment à Samuel Hayat, politiste, qui 1) m’a fait découvrir cette histoire 2) a pris le temps de la relire et d’y apporter les précisions nécessaires. La revue de presse Ruth Bader Ginsburg est décédée. Elle se plaisait à dire qu’elle ne se battait pas pour « les droits des femmes » mais pour « le principe constitutionnel de l’égalité citoyenne entre les hommes et les femmes ». Et il n’y a pas de meilleur rappel pour ne pas oublier que nous essayons de réparer un déséquilibre profond. C’est ce que RBG a fait toute sa vie aux États-Unis. La mort de RBG ne doit pas décourager la lutte mais son souvenir doit l’élever. Elle a dédié sa vie à se battre contre les inégalités, la moindre des choses que nous lui devons, c’est une révolution. Désormais, c’est une bataille politique qui se C’est une histoire qui vous tord le bide et c’est celle de la mannequin Emily Ratajkowski. Elle est jeune, on lui propose un shooting, elle n’a pas d’autre choix que d’accepter et aujourd’hui elle se retrouve complètement Les réactions des décideurs publics face au mouvement du #Lundi14Septembre continuent de nous choquer. Camille Froidevaux-Metterie livre une analyse très intéressante de la question « Lorsque les filles choisissent de porter un crop-top ou un short dans la banalité quotidienne de leurs vies, elles sont immédiatement ramenées à leur corps-objet, critiquées pour leur apparence «sexy», taxées d’allumeuses. Nous touchons là au cœur du L’affaire qui implique Maryam Pougetoux est incompréhensible lorsqu’on vit à Londres. La correspondante de Libération, Sonia Delesalle-Stolper expliquer pour l’humiliation, la stigmatisation n’est pas synonyme de débat. A lire sur Libération. J’ai l’impression que chaque jour on découvre une femme qui aurait eu une rue à son nom si elle avait été un homme. Aujourd’hui, c’est Aphra Behn, espionne, autrice et fervente défenseuse de la décolonisation au Royaume-Uni. C’est sur France Inter. « L’hypothèse révolution ». Le philosophe nous pousse à nous voir comme autre chose que des témoins des événements qui sont en train de se passer. « Nous sommes les corps par lesquels la La journaliste Nassira El Moaddem a écrit une lettre à sa mère qui porte le foulard. C’est juste, fin et cela nous rappelle les valeurs de la société dans laquelle nous souhaitons vivre. A lire sur Au Feminin. Un message de notre partenaire Marguerite & Cie L’an dernier, Rebecca la fondatrice des Glorieuses, avait adressé une pétition au ministre de l’Éducation réclamant un accès libre et gratuit aux protections périodiques bio dans tous les collèges et les lycées. « Nous avons lancé cette pétition après avoir notamment constaté que certaines jeunes filles séchaient l’école à cause de leurs règles », rappelle-t-elle. Et depuis ? Le gouvernement annonce une expérimentation en 2020 : la gratuité des protections dans plusieurs lieux collectifs. Marguerite & Cie expérimente déjà. Plus de 350 000 personnes menstruées ont accès à nos distributeurs (16 universités, une centaine de lycées, tous les collèges de la Mairie du 10ème, les sièges de grands groupes français, la prison des femmes de Rennes, etc.) #ChangeonsLesRègles #StopPrécaritéMenstruelle |
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