Cette newsletter vous a été transférée ? Et vous aimez tellement que vous souhaitez vous inscrire ? C’est ici ! 03 avril 2023 “Cette loi signe mon arrêt de mort” – Par Megan Clement Vous n’avez qu’une minute pour lire cette newsletter ? En voici le contenu en très – très – bref :
Lisez la suite pour en savoir plus. Et si vous voulez rester à jour sur les mobilisations féministes dans le monde, suivez-nous sur Twitter et Instagram. Speak English ? La newsletter est aussi disponible en anglais : Le parlement ougandais vient d’adopter l’une des lois les plus extrêmes au monde contre l’homosexualité et les transidentités. Le “projet de loi anti-homosexualité de 2023” criminalise le simple fait de s’identifier comme gay ou trans, et impose des peines de prison à vie voire la peine de mort pour les personnes LGBTQIA+. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Volker Türk, a condamné le projet de loi et appelé le président Yoweri Museveni à ne pas le promulguer. S’il décide de le faire, ses opposant·e·s ont promis de contester le texte pour non-respect de la constitution. Les lois anti-LGBTQIA+ précédentes avaient été annulées par les tribunaux. Plusieurs de ces lois, ainsi que des mouvements homophobes dans d’autres pays africains, ont été révélées être financées et appuyées par des groupes évangélistes conservateurs américains. La législation a été introduite dans un contexte de panique morale généralisée visant les minorités sexuelles et de genre et s’appuie sur une confusion apparente entre homosexualité et pédocriminalité. Alors que l’hostilité envers les personnes homosexuelles grandit, des groupes de la société civile tels que Sexual Minorities Uganda, qui défendaient les droits des ougandais·es LGBTQIA+, ont été dissous par les autorités et des refuges pour des jeunes sans logement après des ruptures familiales ont été perquisitionnés. Kasha Jacqueline Nabagesera est l’une des fondatrices du mouvement ougandais de défense des droits LGBTQIA+. Depuis les années 1990, elle a fait campagne pour la dépénalisation de l’homosexualité et l’égalité des droits pour les personnes homosexuelles en Ouganda. Elle a régulièrement reçu des menaces de mort pour son engagement. Elle est la fondatrice du magazine Bombastic, qui lutte contre l’homophobie et la transphobie dans les médias en publiant des récits positifs autour des personnes LGBTQIA+. Kasha Jacqueline Nabagesera a raconté à la newsletter Impact par mail les conséquences du projet de loi anti-homosexualité et la bataille à venir pour les ougandais·es LGBTQIA+. La conversation a été éditée par souci de brièveté et de clarté. Megan Clement : Comment le projet de loi anti-homosexualité cible-t-il la communauté LGBTQIA+ en Ouganda ? Kasha Jacqueline Nabagesera : Il y a [le crime d’] “homosexualité aggravée”, passible de la peine de mort. Ceci est pour tout adulte consentant qui s’engage de manière répétée dans des relations homosexuelles. Par exemple, je suis mariée et j’ai des devoirs conjugaux — ce projet de loi va signer mon arrêt de mort, car ils me qualifient de “récidiviste” [ndlr : Kasha Jacqueline Nabagesera a récemment épousé sa compagne aux Etats-Unis]. Gérer des associations pour fournir des services, des informations et du plaidoyer est interdit et serait passible de 20 ans de prison. Nos proches ont désormais l’obligation de nous dénoncer aux autorités et s’ils refusent de le faire, ils risquent également la prison. Photo: Wolfgang Schmidt Megan Clement : Dans quel contexte ce projet de loi a-t-il été adopté ? Kasha Jacqueline Nabagesera : Le contexte, malheureusement, c’est l’idée que nous recrutons des enfants pour qu’ils deviennent homosexuels. Ces accusations infondées ont semé la panique au sein de la société parce qu’évidemment que tout le monde veut protéger ses enfants. Ces accusations infondées, avec une notion de « moralité » et de « valeurs africaines », sont les arguments très vagues derrière l’hystérie du passage d’une autre loi sévère qui affectera non seulement des adultes consentant·es mais aussi leurs allié·es, leurs familles et la société civile. Megan Clement : Est-il probable que le projet de loi reçoive l’approbation du président Yoweri Museveni ? Kasha Jacqueline Nabagesera : C’est très probable, mais il est possible qu’il le renvoie au parlement pour être modifié. Nous pensons qu’il pourrait demander la suppression de la peine de mort. Il approuvera car il a besoin de popularité pour renforcer son pouvoir. Megan Clement : Quel a été l’impact des dernières attaques contre des associations, comme Sexual Minorities Uganda, pour les communautés queer ? Kasha Jacqueline Nabagesera : C’est très décourageant de voir que notre collectif est fermé, et après l’adoption du projet de loi, nous avons peur qu’ils s’en prennent à toutes les autres organisations du réseau et nos allié·es. Cela va mettre en péril les services que nous fournissons, en particulier dans le domaine de la santé. L’Ouganda est un pays qui fait preuve de discrimination contre son propre peuple et contre des organisations comme la nôtre, qui ont pu aider dans la lutte contre le VIH/SIDA en permettant aux personnes LGBTQI de se sentir à l’aise pour parler ouvertement de leurs activités sexuelles sans crainte afin qu’elles puissent obtenir les meilleurs services, les services qu’elles méritent. Cela va affecter non seulement la communauté LGBTQI, mais le pays tout entier. Photo: Martin Ennals Foundation Megan Clement : Comment les communautés affectées luttent-elles ? Kasha Jacqueline Nabagesera : Nous encourageons nos membres à faire profil bas et à éviter les situations compromettantes. Nous rencontrons nos équipes juridiques pour connaître la meilleure façon de nous défendre légalement et de combattre le projet de loi devant les tribunaux s’il venait à passer. Megan Clement: Y a-t-il d’autres conséquences du projet de loi sur lesquelles vous aimeriez attirer l’attention ? Kasha Jacqueline Nabagesera : La question des enfants. Comment vont-ils criminaliser un enfant qui ne fait peut-être que des expériences ? Un enfant ne peut pas consentir et nous avons déjà des lois pour protéger les enfants. Si [les parlementaires] estiment qu’elles ne sont pas suffisantes, les élu·es devraient les renforcer au lieu de présenter un tout nouveau projet de loi au nom de la protection des enfants, alors qu’en réalité ils bafouent la vie privée des adultes consentant·es. Megan Clement : Comment les personnes qui sont en dehors de l’Ouganda peuvent-elles soutenir la communauté LGBTQIA+ en ce moment ? Kasha Jacqueline Nabagesera : Entrez en contact avec des personnes qui luttent contre le projet de loi afin de savoir quelle stratégie est pertinente à un moment donné, ne vous mettez pas en tête que vous savez mieux qu’elles pour finalement faire plus de mal que de bien. Partagez et signez des pétitions, allez aux manifestations si on vous le demande. Écrivez à vos élu·e·s et demandez-leur de s’exprimer. Demandez à vos gouvernements de vous rendre des comptes sur ce que vos impôts financent en Ouganda. Megan Clement : Qu’est-ce qui vous permet de rester militante dans des moments difficiles comme celui-ci ? Est-ce que quelque chose vous donne de l’espoir ? Kasha Jacqueline Nabagesera : Je m’inspire des mouvements de défense des droits civiques qui ont été là où nous en sommes aujourd’hui. Cela me donne de l’espoir de savoir qu’un jour nous gagnerons.
Que faire pour aider les personnes LGBTQIA+ en Ouganda ? Signez cette pétition appelant le président Museveni à ne pas signer le projet de loi. Faites un don à Let’s Walk Uganda, une organisation de défense des droits des personnes LGBTQIA+ qui fournit des services aux personnes sans-abri et des programmes de prévention du VIH/sida aux ougandais·es queer. Première fois par ici ? Impact est une newsletter hebdomadaire de journalisme féministe, dédiée aux droits des femmes et des minorités de genre dans le monde entier. Chaque mois, nous publions un bulletin d’actualité sur les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, un entretien, un reportage et un essai de la rédactrice en chef. Ceci est la version française de la newsletter ; vous pouvez lire la version anglaise ici. Megan Clement est la rédactrice-en-chef de la newsletter Impact. Anna Pujol-Mazzini est la traductrice. Agustina Ordoqui prépare le bulletin mensuel et rédige les posts d’actualité sur les réseaux sociaux. La newsletter est financée par New Venture Fund et produite par Gloria Media, basée à Paris. Gloria Media est dirigée par sa fondatrice, Rebecca Amsellem. Gloria Media remercie ses partenaires pour leur soutien. Pour sponsoriser une newsletter, vous pouvez envoyer un mail ici. Le sponsoring n’a aucune influence sur le contenu de la newsletter. Abonnez-vous à nos autres newsletters : Les Glorieuses / Économie / Les Petites Glo |
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