L’hystérie collective – un miroir des oppressions systémiques Laia Abril est une artiste reconnue pour sa méthodologie rigoureuse et son exploration des injustices de genre et l’oppression systémique des femmes. Sa dernière exposition, On Mass Hysteria, au BAL jusqu’au 18 mai 2025, constitue le troisième volet de sa trilogie Histoire de la misogynie, après les œuvres marquantes On Abortion (2016) et On Rape (2020). Dans ce nouveau chapitre, elle s’attaque à un phénomène sociétal L’exposition On Mass Hysteria est à découvrir jusqu’au 18 mai 2025 au BAL, à Paris. Avec le BAL, nous avons le plaisir d’offrir des places pour l’exposition (5 fois deux places pour être précise). Pour participer, répondez simplement à cet email en répondant à la question suivante Qui est votre photographe préférée ? L’interview s’est déroulée en anglais lundi dernier par téléphone, la version originale est en bas de la newsletter. Il a été traduit par mes soins. Bonne lecture, Rebecca Rebecca Amsellem L’exposition On Mass Hysteria est le dernier-né d’une série de recherches sur l’histoire de la misogynie et le contrôle systémique des corps des femmes dans les sociétés patriarcales. Avant cette exposition, il y avait On Abortion (2016) puis On Rape (2020). Outre votre méthodologie rigoureuse, ces travaux semblent également avoir en commun un objectif similaire : déconstruire le récit de culpabilisation qui est souvent (très souvent) associé à l’avortement, au viol et encore aux phénomènes d’hystérie collective. Non seulement le patriarcat exerce un contrôle systémique sur le corps des femmes, mais il réussit également à culpabiliser les femmes qui n’ont pas la possibilité de contrôler leur propre corps. Et pour qu’elles puissent se réapproprier leur corps, il faut les aider à cesser de se sentir coupables. Était-ce votre intention initiale ? Laia Abril La culpabilité est un élément central pour moi, d’autant plus que je viens d’un pays catholique. Lorsque j’intègre la religion dans mes projets, j’ai tendance à me concentrer sur le christianisme, car il s’agit de la relation que je comprends le mieux. Et la culpabilité, en particulier, est profondément liée à l’expérience des femmes dans notre culture. ![]() Laia Abril, Mass Hysteria Folder #1 : France, 1400—1632 Nuns | Meowing and Trance-like State Epidemic, 2023, Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris © Laia Abril “Lorsque les femmes commençaient à remettre en question ces attentes, la société réagissait souvent en les qualifiant de folles, d’hystériques, voire en les accusant de sorcellerie, ce qui diminuait leur expérience et les réduisait au silence.” Rebecca Amsellem L’hystérie collective peut être définie comme un phénomène social dans lequel plusieurs personnes, généralement des femmes, présentent une apparition soudaine de symptômes physiques et psychologiques. On pense au célèbre procès des sorcières de Salem, où des adolescentes ont été jugées pour avoir eu une crise qui, à l’époque (XVIIe siècle), n’avait pas d’explication médicale logique. Cela m’a rappelé cette citation tirée de Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une histoire des femmes soignantes de Barbara Ehrenreich et Deirdre English – “Nommer sorcière celle qui revendique l’accès aux ressources naturelles, celle dont la survie ne dépend pas d’un mari, d’un père ou d’un frère, celle qui ne se reproduit pas, celle qui soigne, celle qui sait ce que les autres ne savent pas ou encore celle qui s’instruit, pense, vit et agit autrement, c’est vouloir activement éliminer les différences, tout signe d’insoumission et tout potentiel de révolte. C’est protéger coûte que coûte les relations Laia Abril Chaque cas, chaque scénario, chaque contexte est différent – il est difficile de généraliser les types de victimes ou de situations. Mais il y a eu un moment où j’ai réalisé que je n’avais pas vraiment réfléchi à la façon dont la société peut rendre les gens malades par le biais des mécanismes mêmes de l’oppression. Cette prise de conscience a été fascinante parce que j’ai commencé à comprendre que les différentes formes d’oppression subies par ces personnes à divers moments de leur vie se manifestaient de manière similaire. ![]() Laia Abril, TEAM SPIRIT, Mind Series (Case 3, Le Roy, On Mass Hysteria), 2023, “En tant que femme, je pense aussi à l’influence de la culture de l’alimentation, des normes de beauté et de l’hyperconsommation. En quoi cela n’est-il pas oppressif ?” Rebecca Amsellem L’un des trois cas que vous avez décidé de présenter dans l’exposition est récent. Il s’est produit à Le Roy, aux États-Unis, où des filles, des adolescentes, ont commencé à faire des gestes incontrôlables avec leurs bras, leur corps, leur voix – un peu comme le syndrome de la Tourette. C’était la première fois que l’hystérie collective, qui a touché plus d’une douzaine d’entre elles, était diffusée sur les réseaux sociaux. Les filles voulaient comprendre ce qui leur arrivait. Il existe d’ailleurs un excellent documentaire-podcast sur cet événement spécifique, Hysterical. Vous précisez qu’elles ont été accusées de simuler leurs symptômes pour être au centre de l’attention. Et qu’une fois encore, les victimes occupaient des positions subalternes dans leurs communautés. Quel est le lien entre l’hystérie collective et les dynamiques sociales inégales et oppressives ? Pourquoi les adolescents en sont-ils généralement les victimes ? Laia Abril D’un point de vue sociologique, les maladies psychogènes de masse (MPI) ou les troubles psychogènes de masse font l’objet d’un débat important, notamment en ce qui concerne leur dénomination et leur étiquetage. Ces termes sont intrinsèquement politiques, car les qualifier de « maladie » ou de « trouble » comporte des connotations et des niveaux de signification distincts. Les sociologues décrivent souvent ces phénomènes comme se produisant au sein de groupes étroitement liés, souvent situés dans des positions inférieures au sein des hiérarchies sociales. Il est difficile d’établir des comparaisons directes entre les cas de différents pays en raison des différences considérables entre les contextes sociétaux et culturels. Par exemple, on pourrait s’étonner que de telles épidémies surviennent dans l’État de New York, souvent associé à la modernité et aux privilèges. Il est essentiel de souligner que ces incidents ne se limitent pas aux régions où l’on s’attendrait de manière stéréotypée à ce qu’ils se produisent. L’oppression subie par certaines communautés – qu’elle soit politique, sociale ou économique – est toujours relative. Lorsque l’on évoque des cas tels que l’épidémie de Le Roy, à New York, parallèlement à des incidents impliquant des femmes cambodgiennes dans des usines de confection, on a souvent l’impression qu’il y a une certaine distance entre ces situations. Cependant, en réfléchissant à la société américaine, j’établis souvent des parallèles. Je pense aux élèves dans les écoles confronté·e·s à la peur des fusillades de masse, aux villes économiquement déprimées, à la maltraitance familiale et à la grossesse chez les adolescentes…. En tant que femme, je pense aussi à l’influence de la culture de l’alimentation, des normes de beauté et de l’hyperconsommation. En quoi cela n’est-il pas oppressif ? Je ne suis ni sociologue, ni neurologue, ni médecin, mais de mon point de vue, les États-Unis sont l’une des sociétés les plus étouffantes en termes de pressions sociétales. Cela devient de plus en plus évident. Bien que mon projet soit plus artistique qu’académique, je ne peux m’empêcher de voir les liens entre les explications sociologiques de ces phénomènes et les expériences vécues par les gens au sein de la culture américaine. De nombreuses personnes attribuent ces épidémies aux réseaux sociaux, d’autant plus qu’il s’agit de l’un des premiers cas où les médias de masse et les réseaux sociaux ont joué un rôle important. Toutefois, dans ce cas précis, les réseaux sociaux ont davantage joué le rôle d’amplificateur ou de canal de diffusion du phénomène que d’en être la cause première. Ce qui s’est passé n’a pas été déclenché par les médias sociaux – du moins pas dans ce cas – car des incidents similaires se produisent dans le monde entier depuis des siècles, avant même que les médias modernes n’existent. Il est également important d’examiner où se situe la responsabilité. Si les réseaux sociaux peuvent effectivement servir de déclencheur dans certaines situations, l’oppression et les pressions sociétales sous-jacentes existent depuis l’Antiquité. Ce contexte historique plus large nous aide à comprendre que ces phénomènes ne sont pas nouveaux, mais qu’ils sont profondément ancrés dans les structures de la société. “Bien que je trouve l’idée d’une protestation silencieuse – notre corps prenant position pour nous – romantique et convaincante, et que je pense qu’elle joue un rôle important dans de nombreux cas, il est essentiel d’aborder chaque situation de manière individuelle”. Rebecca Amsellem Vous avez mentionné le travail de Robert Bartholomew et noté qu’il est l’un des principaux experts sur le sujet. Il suggère que la plupart des cas de maladies psychogènes de masse concernent des femmes ou des adolescentes qui ont systématiquement vécu dans des conditions d’oppression. Cela m’a rappelé un texte de Carol Gilligan que nous avons publié et qui s’intitule La silenciation des filles. Elle y explore la manière dont les filles, au moment de leur transition vers l’adolescence, adoptent inconsciemment deux voix : l’une qu’elles expriment vers l’extérieur et l’autre qu’elles répriment en leur for intérieur. Cette idée semble être un écho de votre travail, en particulier lorsque vous faite référence à l’anthropologue Aihnwa Ong qui a écrit sur l’évanouissement collectif des ouvrières dans les usines de Malaisie dans les années 1970 « la naissance inconsciente d’un idiome de protestation contre la discipline de travail et le contrôle exercé par les hommes dans un environnement industriel contemporain » – considérez-vous l’hystérie de masse comme une protestation féministe inconsciente ? Par cela, j’entends, pensez-vous que nous avons conditionné nos esprits et nos corps à supporter les inégalités à un point tel que, parfois, ils expriment ou protestent contre ces injustices d’une manière dont nous ne sommes pas pleinement conscientes ? Laia Abril J’aimerais beaucoup que ce soit l’explication complète. Pendant un certain temps, cela a été mon avis. Le point de vue d’Aihnwa Ong est devenu une lumière qui m’a guidée tout au long de ce processus, façonnant profondément ma façon de voir la question. Comme j’ai travaillé sur les usines cambodgiennes, son point de vue a trouvé un écho profond, car il correspondait étroitement à des cas similaires dans ce pays. Puis je suis allée au Cambodge. Les travailleuses cambodgiennes comptent parmi les syndicalistes les mieux organisées au monde et elles protestent, elles luttent. L’un des problèmes est que lorsqu’elles ont manifesté par le passé, elles ont été confrontées à une brutalité extrême de la part de la police, certaines ayant même perdu la vie. Un autre anthropologue et psychiatre transculturel, Maurice Eisenbruch, propose une perspective légèrement différente, estimant que cette théorie peut parfois être trop réductrice. Par exemple, au Cambodge, il explore le concept de douleur transgénérationnelle issue du traumatisme du génocide des Khmers rouges sous Pol Pot. Il souligne l’idée que certaines usines sont construites sur les fosses communes de ce génocide et suggère que ce traumatisme collectif pourrait se manifester comme une reconstitution de la douleur transgénérationnelle. Il insiste également sur les éléments spirituels impliqués et sur les modes de transfert de la douleur, ajoutant ainsi une nouvelle couche à cette conversation déjà complexe. Il est indéniable que chaque cas est incroyablement complexe. Plus ma culture est éloignée de la leur, plus je me rends compte qu’il peut être réducteur de s’appuyer sur une seule explication. Bien que je trouve l’idée d’une protestation silencieuse – notre corps prenant position pour nous – romantique et convaincante, et que je pense qu’elle joue un rôle important dans de nombreux cas, il est essentiel d’aborder chaque situation de manière individuelle. Il est essentiel de comprendre le point de vue culturel des personnes qui vivent ces problèmes pour vraiment saisir leurs luttes. ![]() Laia Abril, ANGER, Mind Series (Case 2, Cambodia, On Mass Hysteria), 2023, “De mon point de vue artistique, je cherche à ouvrir un espace de réflexion et de dialogue, en reconnaissant que la vérité réside dans la nature complexe et multiforme de ces expériences”. Rebecca Amsellem Il semble que l’hystérie de masse soit un moyen de comprendre comment les femmes étouffent dans un cadre où elles doivent s’excuser de ne pas accepter ce que la société fait à leur corps – consciemment ou non. Cette idée me fait penser à cette citation de Sady Doyle dans Trainwreck : The Women We Love to Hate, Mock, and Fear… and Why « La promesse de l’œuvre de Plath était qu’une femme pouvait désamorcer les accusations d’hystérie en se les appropriant. Contrairement à Solanas, qui ne s’est apparemment jamais considérée comme imparfaite ou malade, ou à Wollstonecraft et Brontë, qui ont dissimulé leurs défauts pour ne pas se compromettre, ou même à Jacobs, qui était honnête mais jouait un jeu délicat en s’excusant pour des « péchés » dont elle n’était pas responsable afin d’atteindre son public, Plath a pris ses propres défauts comme sujet, et en a fait la source de son autorité. En détaillant sa propre vie intérieure surabondante, aussi énorme et effrayante soit-elle – sa sexualité, son suicide, ses relations brisées, sa colère contre le monde ou les hommes – elle pouvait, d’une manière cruciale, s’approprier cette partie de son histoire, simplement parce qu’elle avait choisi de la raconter. Et si elle pouvait le faire, d’autres femmes pourraient le faire aussi”. Les écrivaines décrites ont une stratégie vis-à-vis de ce que la société considère être un défaut – elles savent que la société n’accepte pas les femmes qui ont des défauts. A travers les exemples d’hystérie collective, y a-t-il une explication sous-jacente liée au fait que les femmes sont de facto différentes de ce que la société attend d’elles ? Laia Abril La plupart des tensions que nous avons évoquées à propos de l’oppression découlent des attentes de la société à l’égard des adolescentes et des jeunes femmes. Lorsqu’il y a une rupture entre ce que l’on attend d’elles et ce qui se passe réellement, l’épidémie s’installe souvent – c’est l’une des théories dominantes. “Cette idée de rejeter la douleur féminine – en particulier par la communauté médicale, ou, à l’inverse, de l’hypermédicaliser – en particulier lorsque des problèmes de santé mentale comme la dépression ou l’anxiété – est au cœur de ce projet”. Rebecca Amsellem Dans Une histoire des femmes soignantes, Barbara Ehrenreich et Deirdre English écrivent : « Cela signifie, de notre point de vue, que le sexisme du système de santé n’est pas accidentel, qu’il n’est pas que le reflet du sexisme de la société dans son ensemble ou du sexisme de Laia Abril On Mass Hysteria est né alors que je travaillais sur ma série consacrée aux mythes autour de la menstruation au Népal. Le lien entre douleurs menstruelles, l’épidémie qu’est l’endométriose, ainsi que la mise en lumière massive de la douleur féminine, est profondément lié au concept d’hystérie de masse. Cette idée de rejeter la douleur féminine – en particulier par la communauté médicale, ou, à l’inverse, de l’hypermédicaliser – en particulier lorsque des problèmes de santé mentale comme la dépression ou l’anxiété – est au cœur de ce projet. À bien des “Beaucoup de nos luttes semblent être enracinées dans l’obsession de la productivité, de l’hyperproductivité et de l’hypercapitalisme. Parfois, nos corps sont tout simplement épuisés – et pas seulement les corps féminins, mais tous les corps”. Rebecca Amsellem La dernière question que j’ai à poser est une question que je pose à tout le monde : c’est celle de l’utopie. Imaginez Laia Abril Je m’interroge souvent sur un monde où il serait possible de s’aligner véritablement sur les cycles naturels du corps féminin. Il existe des théories et des idées sur l’abandon d’une compréhension linéaire des cycles corporels et l’adoption d’un cycle en quatre phases – repos, production, isolement et renouvellement. À quoi cela ressemblerait-il dans la pratique ? Je sais que cela semble utopique parce que le système actuel est conçu pour fonctionner à l’opposé. Beaucoup de nos luttes semblent être enracinées dans l’obsession de la productivité, de l’hyperproductivité et de l’hypercapitalisme. Parfois, nos corps sont tout simplement épuisés – et pas seulement les corps féminins, mais tous les corps. Ce concept de cycle est également lié à la nature. J’ai lu quelques articles sur l’écoféminisme et l’idée d’accorder le corps et la nature. C’est un défi au récit dominant de la productivité, de la technologie et de l’hyper-technologie incessantes. Si l’on observe l’état du monde, les personnes au pouvoir ![]() Laia Abril, FEELINGS, News Series (Case 2, Cambodia, On Mass Hysteria), 2023, Des choses que je recommande « Est-ce que vouloir être payée justement fait de moi une personne vénale ? » Inutile de la re-présenter, Insaff El Hassini est une Glorieuse. Si Glorieuse qu’elle est devenue la toute première porte-parole de notre mouvement annuel en faveur de l’égalité salariale. Elle m’a fait l’honneur de m’inviter dans l’épisode 73 de son podcast Ma Juste Valeur. Écoutez maintenant pour commencer à faire de votre demande salariale un acte de rébellion Dans la newsletter La Preuve de la semaine – Il a été prédit que d’ici la fin de ce siècle, 97 % de la population mondiale aura des taux de fécondité inférieurs à 2,1, le niveau nécessaire pour maintenir les populations. Traditionnellement, la baisse du taux de natalité a été pensée en lien avec le développement économique. Au fur et à mesure que les sociétés se développent, les taux de natalité tendent à diminuer en raison de l’amélioration des soins de santé, de l’urbanisation, de l’éducation et de l’accès à la contraception. Dans le même temps, élever des enfants coûte de Cette semaine, nous commémorons les 80 ans de la libération du camp de concentration d’Auschwitz, voici quelques
Collages – pour celles et ceux qui suivent mes collages, j’ai enfin réalisé un compte Instagram dédié, le voici https://www.instagram.com/papierscolles/ Si vous avez quelque chose à me recommander, une recette de cuisine, un endroit pour aller faire un jogging, un livre à lire, nʼimporte quoi : je suis preneuse, il suffit de répondre à cet email. Rebecca Amsellem On mass hysteria exhibition is the last part of a trilogy of work on the History of Misogyny. Before this exhibition, there were On Abortion (2016) and On Rape (2020). This work is the last born of a series of researches on the history of misogyny on the systemic control on women’s bodies in patriarchies. Aside from your rigorous methodology, they all seem to have a Laia Abril Guilt is such a central element for me, especially coming from a Catholic country. When I incorporate religion into my projects, I tend to focus on Christianity because it’s what I understand best. Guilt, in particular, is deeply intertwined with the experience of women in our culture. Rebecca Amsellem Mass hysteria – or mass psychosis – can be defined as a social phenomenon in which several people, usually women, have a sudden onset of physical and psychological symptoms. We think of the notorious Salem Witch Trials in which teenagers were on trial for having a crisis that didn’t at the time (XVIIth century) have any logical medical explanation. It reminded me of this quote from Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une histoire des femmes soignantes by Barbara Ehrenreich and Deirdre Laia Abril Every case, every scenario, every context is different—it’s difficult to generalize the types of victims or situations. But there was a moment when I realized I hadn’t fully considered how society can make people sick through the very mechanisms of oppression. That realization was fascinating because I began to understand that the different forms of oppression these individuals experienced at various points in their lives were manifesting in similar ways. That’s when I started connecting the dots between political issues, feminist concerns, and the societal expectations placed on women—across different historical and geographical contexts. These patterns, it seemed, were Rebecca Amsellem One of the three cases you decided to display in the exhibition is recent – like the other two. It happened in Le Roy, USA where girls, teenagers, started to have uncontrollable gestures with their arms, their bodies, their voices. A bit like Tourette syndrome. It was the first time mass hysteria, as it affected more than a dozen of them, was actually broadcast on social media. The girls wanted to know what had happened to them. There is actually a great documentary-podcast about this specific event. Once again, you rightly put that they were accused of faking their symptoms to be the center of attention. And once again, the victims were occupying subaltern positions in their communities. What is the link between mass hysteria and unequal and oppressive social dynamics ? Why are teenagers usually the Laia Abril From a sociological perspective, mass psychogenic illness (MPI) or mass psychogenic disorder is a subject of significant debate, especially regarding its naming and labeling. These terms are inherently political, as labeling it an « illness » or « disorder » brings with it distinct connotations and layers of meaning. Sociologists often describe these phenomena as occurring within tightly knit groups, often situated in lower positions within societal hierarchies. It’s difficult to draw direct comparisons between cases in different countries due to the vast differences in societal and cultural contexts. For example, people might find it surprising that such outbreaks occur in New York Rebecca Amsellem You mentioned the work of Robert Bartholomew and noted that he is one of the leading experts on the topic. Laia Abril I would love for that to be the full explanation. For a time, it was for me. Aihnwa Ong’s perspective became a guiding light throughout much of this process, profoundly shaping how I viewed the issue. A significant part of my work is inspired by her ideas. Since I’ve worked on Cambodian factories, her perspective resonated deeply, as it closely aligned with similar cases there. Rebecca Amsellem It seems that On Mass hysteria is a way to understand how women are still suffocating in a frame where they have to apologize for not accepting what society is doing to their bodies – even unconsciously. This thought makes me think of this one, written by Sady Doyle in Trainwreck: The Women We Love to Hate, Mock, and Fear… and Why « Laia Abril Many of the tensions we’ve discussed around oppression stem from societal expectations placed on teenage Rebecca Amsellem In Une histoire des femmes soignantes by Barbara Ehrenreich and Deirdre English they write “This means, from our point of view, that sexism in the health system is not accidental, that it is not just a reflection of sexism in society as a whole or of the sexism of certain individual doctors. It is historically older than medical science itself; it is a deep and institutional sexism”. Your research definitely is a way to confirm this. I know that your work is more about a collective perspective but the individual one resonated with it. According to the Fawcett Society in the UK, one third of women steer clear of doctors because of anxiety and embarrassment, in Spain a study found that women wait more than twice as long as men to receive a diagnosis of inflammatory disease. Your work finds a greater echo in our modern society when it comes to women and Laia Abril Mass Hysteria was born as a project while I was working on my series about menstruation myths in Nepal. The connection between endometriosis, menstrual pain, and the broader epidemic of endometriosis—along with the massive gaslighting around female pain—is deeply tied to the concept of mass hysteria. This idea of dismissing female pain, particularly by the medical community, or, conversely, hypermedicalizing it—especially when mental health issues like depression or anxiety are part of the conversation—is central to this project. In many ways, it’s a natural extension of the series I started back then, continuing to explore these themes of overlooked and misunderstood female Rebecca Amsellem The last question I have is one I ask everyone—it’s about utopia. Imagine waking up from a good night’s sleep and realizing you’re living in a truly feminist society. What’s the one detail that makes you realize this? It could be something in your room, your apartment, on the street, in your thoughts, or even in how you feel. What would that detail be for you? Laia Abril I often wonder about a world where it’s possible to truly align with the natural cycles of the female body. There are theories and ideas about moving away from a linear
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