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S’il existe un livre que tu as envie de lire mais qui n’a pas encore été écrit, alors tu dois l’écrire.
Toni Morrison
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Le mental fitness des Petites Glo
Julia Cameron est une femme de lettres et professeure américaine dont le guide Libérez votre créativité (Éditions J’ai Lu, 2007) établit un programme de 12 semaines pour retrouver sa créativité, ce qu’elle associe à un cheminement spirituel. Voici l’un de ses exercices :
par Lila Paulou (vous pouvez me suivre sur Twitter)
Dans la newsletter précédente, la psychothérapeute Ariane Calvo expliquait aux Petites Glo comment, pour rentrer dans les cases, nous cessons peu à peu d’écouter la voix de notre enfant intérieur, la partie la plus authentique de nous-mêmes. En faisant cela, nous bâillonnons notre sensibilité, notre créativité et même notre joie de vivre. L’adolescence représente d’ailleurs une période charnière dans ce processus d’oblitération de “l’enfant en nous qui rêvait” au profit des normes sociales et éducatives.
Il est pourtant crucial de ne pas oublier qui on est et ce qu’on désire vraiment au moment où on nous met autant de pression pour choisir notre future carrière. Ce n’est pas un hasard si beaucoup d’artistes ont écrit sur l’enfance. Le poète britannique e.e. cummings suggère notamment : “Il faut du courage pour grandir et devenir qui l’on est réellement.”
Exprimer sa créativité, c’est exprimer ce qu’on a sur le cœur. Et pour ça, pas besoin d’être un·e artiste reconnu·e. Quand vous vous ennuyez en cours et que vous dessinez sur votre cahier, quand vous chantez (avec brio) votre chanson du moment dans la salle de bain, quand vous couchez les pensées qui vous entêtent dans votre journal, vous vous livrez de façon intime. Vous exprimez ce que vous avez envie de faire, ce que vous aimez, ce que vous avez à dire. En réprimant votre créativité, vous taisez cette petite voix intérieure. “Il n’y a pas de pire agonie que de garder en soi une histoire jamais racontée,” met en garde la femme de lettres et militante américaine Maya Angelou.
Vous n’avez qu’une minute pour lire cette newsletter ? Zappez la lecture et prenez dix secondes pour admirer cette forêt enneigée (pas de paysage féérique chez moi mais un ressenti -8000 quand même).
Nombreux·ses sont celles et ceux qui, à l’instar de Marguerite Duras ou Vincent Van Gogh, ont trouvé leur salvation dans l’art. L’expression créative permet d’extérioriser des sentiments qui bouillonnent en nous. Si la peintresse mexicaine Frida Kahlo a dit “peindre les fleurs pour qu’elles ne meurent jamais”, ses somptueuses œuvres colorées lui servaient aussi d’exutoire de ses douleurs physiques et émotionnelles. On peut notamment citer “Le Cerf blessé” (1946) ou “La Colonne brisée” (1944) comme représentations de la souffrance qu’elle éprouvait à cause de sa poliomyélite et des séquelles d’un terrible accident de bus, tandis que “Les Deux Fridas” (1939) montre le déchirement infligé par son divorce avec Diego Rivera.
Son visage apparaît dans chacun de ces tableaux. « Comme mes sujets ont toujours été mes sensations, mes états d’âme et les réactions profondes que la vie produisait en moi, j’ai souvent objectivé tout cela dans des dépictions de moi-même, qui étaient la chose la plus sincère et la plus réelle que je pouvais faire pour exprimer ce que je ressentais à l’intérieur et à l’extérieur de moi,” écrit Kahlo.
Mettre des couleurs sur un canevas, poser des mots sur un cahier… Autant de façons de faire passer dans le monde tangible les émotions enfouies au plus profond de soi. L’artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle dit avoir appris à “traduire en peinture [ses] sentiments, les peurs, la violence, l’espoir et la joie.” “Peindre calmait le chaos qui agitait mon âme,” raconte-t-elle. “C’était une façon de domestiquer ces dragons qui ont toujours surgi dans mon travail.”
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Crédit photo : York College ISLGP / Licence Creative Commons 2.0
L’écriture permet pour sa part de donner un nom à ses ressentis lors des grandes épreuves de la vie. En 2005, l’autrice américaine Joan Didion revient dans L’Année de la pensée magique sur la disparition soudaine de son mari et le coma de sa fille, qui décédera peu après la parution de ce livre. Dans un entretien avec le Seattle Times, elle confie : “Il fallait que [j’écrive ce livre] pour comprendre ce que je traversais, ce que j’avais traversé. Cela a été une sorte de révélation, de me rendre compte de la mesure de ma folie.”
Nous savons bien que les femmes n’ont pas toujours eu le même loisir que les hommes à exprimer leur créativité : c’est là tout l’objet de l’essai toujours d’actualité Une chambre à soi de l’autrice britannique Virginia Woolf (1929). Encore aujourd’hui, les inégalités de genre, et notamment les inégalités économiques, peuvent réfréner les femmes dans leurs ambitions créatrices pourtant cruciales.
“Pour les femmes, la poésie n’est pas un luxe,” martèle l’essayiste américaine Audre Lorde dans Sister Outsider (Éditions Mamamélis, 2018). “C’est une nécessité vitale. Elle génère la qualité de la lumière qui éclaire nos espoirs ainsi que nos rêves de survie et de changement, espoirs et rêves d’abord mis en mots, puis en idées, et enfin transformés en action plus tangibles.” Alors à vos plumes et pinceaux, les Petites Glo !
On écoute : “Frida Kahlo, au-delà du mythe” parties 1 et 2, épisodes du podcast de Vénus s’épilait-elle la chatte ? (2020)
Frida Kahlo était une si grande artiste qu’il est difficile de faire le tour de sa vie et de ses œuvres, mais l’excellent podcast d’histoire de l’art “Vénus s’épilait-elle la chatte ?” le réussit brillamment. Dans ces deux épisodes, l’autrice Julie Beauzac s’est entretenue avec Hilda Trujillo, la directrice du musée Frida Kahlo de Mexico pour explorer les multiples facettes de cette icône racisée, handicapée, bisexuelle et anticapitaliste.
On lit : Illégitimes, roman autobiographique de Nesrine Slaoui (2021)
Nous parlions plus haut de comment les femmes peuvent être découragées d’exprimer leur créativité en raison de leur genre. Dans ce livre, la journaliste et écrivaine Nesrine Slaoui expose de sa belle plume son combat continuel contre la violence de classe, le sexisme et le racisme pour se sentir à sa place dans le milieu du journalisme parisien. Un récit qui ouvre les yeux et donne du courage, et qu’elle porte dans son nouveau podcast “Légitimes”.
On pratique : Les marathons d’écriture de Morgane Ortin sur Instagram
Morgane Ortin est une autrice et poétesse passionnante qui encourage ses lecteur·ices à dévoiler leur sensibilité et leur vulnérabilité. Elle propose ainsi sur sa page Instagram @morganeortin des marathons d’écriture qui vous aideront à faire sortir ces mots que vous peinez tant à exprimer. Si vous préférez peindre à l’aquarelle, allez faire un tour sur le ravissant compte Instagram de Laura Pasquet @lauratravelbook.
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