Je suis dehors avec des lanternes à la recherche de moi-même Emily Dickinson Le mental fitness des Petites Glo Difficile de se sentir présent-e ? Submergé-e par l’anxiété ? Voici une technique d’ancrage pour détourner notre attention des ruminations du quotidien, recommandée par Malika Lanthier, notre experte de la newsletter précédente ! Le mojo des mauvais jours par Lila Paulou (vous pouvez me suivre sur Twitter) Cela peut arriver sans prévenir. On se couche un soir et tout va bien, puis on se réveille aussi vide qu’un ballon qui aurait dégonflé toute la nuit. Ce n’est même pas de la déprime ; pas vraiment triste, on a plutôt l’impression d’avoir perdu notre capacité à ressentir, comme on avait perdu le goût et l’odorat en attrapant le Covid. Le diagnostic de notre tante holistique est formel : on a perdu notre mojo. Ce terme un peu passe-partout peut évoquer bien des choses : des sortilèges hoodoos, plusieurs groupes de musique, le pouvoir d’attraction (selon d’obscurs coachs en séduction), le Journalisme Mobile, voire un assortiment de sauces pimentées. Récemment, le mojo s’est intégré dans le langage courant par le biais du développement personnel pour désigner l’énergie qui nous anime, ce qui nous pousse à avancer dans la vie. Quand on perd son mojo, on perd son enthousiasme. Dans un article pour psyche.com, le philosophe et chercheur en psychologie Frank Martela nomme “période de langueur” ce ‘no emotions’ land’ entre la déprime et la joie. Vous savez, comme on dirait “languir d’amour” : souffrir d’une attente au point d’en dépérir. Il s’agit à la fois d’un manque d’émotions négatives et d’émotions positives. “C’est un sentiment de stagnation où rien n’est trop grave ou trop pénible, mais où tout semble un peu ennuyeux et inintéressant – le monde devient gris,” écrit-il. Vous n’avez qu’une minute pour lire cette newsletter ? Zappez la lecture et prenez dix secondes pour admirer ces belles couleurs d’automne. Si cet état n’est pas dramatique, il peut vite entraîner un profond sentiment de démotivation, voire, sur le long terme, aggraver le risque de développer une dépression ou de l’anxiété. Frank Martela se montre rassurant : contrairement à ces deux afflictions, la période de langueur est facilement surmontable. Il faut d’abord reconnaître et accepter son état, et bien comprendre que l’inspiration ne viendra pas de soi-même. Mon truc à moi, quand je me sens si ramollie que je ne veux parler à personne, c’est de regarder des films qui m’inspirent. Et j’ai trouvé que bon nombre d’entre eux illustraient les conseils de Frank Martela et d’autres expertes sur le sujet. Parmi elles, la docteure australienne Ginni Mansberg observe dans son livre “Comment retrouver son Mojo” (2012) que les patientes démotivées qu’elle rencontre dans son cabinet ont toutes pour point commun de se faire passer après tout le monde. Si l’ouvrage s’adresse principalement aux mères de famille, le conseil peut s’appliquer à tout people pleaser qui se respecte. C’est ainsi qu’on peut voir Reese Witherspoon exceller en tant qu’avocate rose bonbon une fois qu’elle décide de travailler pour elle-même et non pas pour son ex-fiancé insipide dans “La Revanche d’une blonde” (2001). Si dans notre culture, la réalisation de soi est souvent démontrée comme passant par le travail, c’est plutôt un moyen de trouver ce qui nous passionne et nous permet de mettre à profit nos qualités. C’est bien le cas d’Elle Woods, qui trouve un sens à sa vie dans l’impact positif que peut avoir sa carrière, mais Frank Martela rappelle que des challenges plus modestes peuvent se montrer tout aussi efficaces. Dans “Julie et Julia” (2009), Julie Powell échappe à sa routine morose en réalisant chaque jour des recettes du livre de cuisine de la cheffe Julia Child. “Ces petites victoires vous permettront de gagner en confiance et en efficacité, et vous serez bientôt prêt à relever de plus grands défis,” explique Martela. La docteure australienne Jenny Brockis voit la perte de mojo comme une conséquence du burnout, et préconise pour cela de changer d’air. Conseil bien pris en compte par Elizabeth Gilbert dans son mémoire “Mange, Prie, Aime” (2006), adapté en film avec Julia Roberts en 2010. Alors qu’elle a visiblement tout pour être heureuse, la journaliste décide de remédier à sa perte de mojo en partant se recentrer sur elle-même en Italie, en Inde et en Indonésie. Par souci de budget, pas besoin d’aller si loin : on peut très bien se préparer des pâtes au pesto après avoir fait un tour au parc, et envoyer un message à son crush pour le dessert. Dans un autre registre, Cheryl Strayed raconte dans “Wild” (son mémoire de 2012, adapté en film en 2014) comment elle surmonte le décès de sa mère et ses addictions en se confrontant à sa solitude sur 1 700 kilomètres de randonnée du Pacific Crest Trail. Son livre est d’ailleurs intitulé “Wild : marcher pour se retrouver” dans son édition française. Ginni Mansberg dédie tout un chapitre à l’activité physique dans son livre, notant qu’en plus de tous ses bénéfices pour la santé, “la pratique sportive est une activité exclusivement dévouée à soi-même.” Enfin, bien qu’une solitude saine soit nécessaire pour se retrouver, “c’est dans la compagnie d’autres personnes et en créant des liens avec elles que nous trouvons du bonheur, de l’amour et du sens à notre vie,” affirme Frank Martela. Je clôturerai donc cette newsletter avec à mon avis le film le plus puissant parmi tous ceux cités ici : “La Couleur Pourpre” (1985), adapté du roman d’Alice Walker (1982). Victime des horreurs du racisme et de la misogynie dans le sud des États-Unis des années 30, son héroïne Celie puise la force pour se reconstruire dans de magnifiques amitiés féminines. En espérant que cela vous inspire aussi, les Petites Glo ! Les recommandations On lit : Circé, roman de Madeline Miller (2018) Fille du Titan Hélios, Circé ne trouve pas sa place parmi les dieux. C’est en développant ses propres talents de sorcière dans le monde des humains que l’enchanteresse la plus emblématique de la mythologie grecque découvre tout ce dont elle est capable. Attention, plusieurs scènes de violences particulièrement difficiles sont à signaler. On regarde : Lady Bird, film de Greta Gerwig (2017) Greta Gerwig est la queen des ‘coming of age movies’ (films de passage à l’âge adulte), que ce soit en tant qu’actrice ou réalisatrice. Son premier long métrage suit le personnage éponyme de Lady Bird, qui se sent à l’étroit dans son lycée catholique de Sacramento et cherche à prendre son envol vers une université de la côte Est, malgré une relation tendue avec sa mère. On écoute : “Ce blues qui mine nos dimanches soirs”, épisode du podcast Émotions, Louie Media S’il y a bien un moment de la semaine où se sent démotivé-e, perdu-e, dépourvu-e de toute trace de mojo, c’est à la fin du week-end. Mais pas de panique ! Pour le podcast Émotions, la journaliste Marion Bothorel s’est entretenue avec le docteur Florian Ferreri afin de chercher à identifier les causes du blues du dimanche soir et à y trouver des solutions. Ces liens peuvent vous être utile
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