Mardi 19 octobre 2021 Le sexisme, c’est comme une boite de chocolats…Imaginez… une classe où les filles auraient droit à tous les privilèges. Quand la prof poserait une question, elle n’interrogerait qu’elles. Après le rendu d’un contrôle, elle ne féliciterait qu’elles. Et pour leur faire plaisir, elle leur donnerait même des bonbons. Mais rien pour les garçons. Ça vous choque ? C’est normal. Ça vous paraît impossible ? Pas tant que ça. Lors de la rentrée dernière, Ariane Driscoll, enseignante à l’école de Genolier, en Suisse, a décidé de mener cette expérience au sein de ses classes. Pendant deux semaines, ses 43 élèves de septième et huitième années (l’équivalent du CM2 et de la sixième en France) ont vu leur quotidien pour le moins chamboulé. “Nous devions parler de l’acquisition du droit de vote des femmes et je voyais bien que pour eux, c’était un peu loin, m’explique-t-elle. Ils se disaient ‘oh, cette question-là est réglée, aujourd’hui tout va bien’, alors l’idée était de les mettre en situation pour qu’ils et elles se sentent concernés par les inégalités filles-garçons.“ Elle leur a donc annoncé les règles : la première semaine, les filles seraient favorisées pour tout, tout le temps ; la seconde, ce seraient les garçons. “C’était important qu’ils sachent qu’on ferait l’inverse, je ne voulais pas les traumatiser“, me confie Madame Driscoll. Oui, on n’est pas dans Squid Games non plus, hein. Mais je trouve ce petit jeu tout aussi intéressant… Elle me raconte :
Les élèves pouvaient faire ce qu’elles voulaient de ces friandises. “Je leur avais dit qu’elles étaient libres de les répartir comme elles l’entendaient parce que je voulais voir ce qui allait se passer.“ Résultat : les filles ont partagé les chocolats entre elles équitablement et ont donné ce qui restait à leur professeure. La semaine suivante, comme prévu, cette dernière a privilégié les garçons et, lors de l’épreuve ultime des chocolats, surprise…
Eh oui, “la vie, c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber“ (c’est une célèbre citation du film Forrest Gump, que je vous conseille vraiment de regarder). Si j’ai voulu vous faire part de cette histoire, c’est parce qu’elle me semble particulièrement éclairante et inspirante. Les Petites Glo, pourquoi ne pas proposer à vos profs de faire le test dans votre établissement ? En fait, Madame Driscoll aime “semer des graines“ dans la tête de ces jeunes élèves. “Je ne sais pas ce qui va rester de l’expérience, mais ça leur a permis de raisonner sur ce qui se passe autour d’eux et de s’apercevoir du bénéfice qu’il y a à mettre tout le monde sur un pied d’égalité.“ Elle n’en était pas à son coup d’essai puisque cette super prof a l’habitude de “mettre le feu aux poudres“ lorsqu’elle aborde la question de l’argumentation en cours de français, en balançant cette fake news au sein de la classe : “C’est prouvé scientifiquement, les filles sont plus intelligentes que les garçons !“. Elle observe ensuite comment chacun.e se mobilise, cherche des arguments, se révolte… À la fin de notre conversation, je lui ai posé la question : – entre nous – en temps normal, est-ce qu’il y a une différence de traitement entre les filles et les garçons ? “Je constate en tant qu’enseignant qu’on passe plus de temps à canaliser les garçons, me répond sans hésitation celle qui a 29 ans de carrière à son actif. Bien sûr, on ne peut pas généraliser, je schématise, mais en règle générale, on leur donne plus d’attention et on leur consacre plus d’énergie car ils posent plus de problèmes… Les filles se font moins remarquer.“ Extrait du livre de Caroline Stevan et Elina Braslina C’est justement pour pallier cet écart d’attention entre filles et garçons que Caroline Stevan a publié un ouvrage passionnant retraçant la conquête du pouvoir politique féminin du XVIIIe siècle à nos jours. Il s’appelle Citoyennes ! Il était une fois le droit de vote des femmes, est magnifiquement illustré par Elina Braslina, et figurez-vous que Madame Driscoll a eu l’idée de cette drôle d’expérience en parcourant ses pages ! En effet, dans l’introduction du livre, c’est à travers l’exemple d’une classe dont le maître s’appelle “Monsieur Arbitraire“ que Caroline Stevan explique pourquoi les femmes ont voulu se battre pour avoir le droit de voter. Elle dresse ensuite les portraits de celles qui ont marqué l’Histoire – Olympe de Gouges, Louise Weiss, Huda Sharawi… – et revient sur les moments importants du combat pour l’égalité. Je vous invite vivement à le découvrir (il est accessible dès 9 ans) et notamment à l’approche des élections présidentielles de 2022, lors desquelles certain.e.s d’entre vous voteront pour la première fois ! “L’obtention du droit de vote a demandé tellement de courage, de lutte, certaines femmes y ont laissé leur vie, ce n’est pas rien, tient à rappeler l’autrice. Le message que je voudrais faire passer à vos lectrices, c’est allez-y ! Si personne ne vous inspire ou que vous n’êtes pas d’accord avec ce qui se passe, il faut le signifier, quitte à voter blanc. J’ai toujours du mal avec les gens qui se plaignent du fonctionnement de leur pays mais qui ne vont pas voter. C’est une chance de faire entendre sa voix, il faut l’utiliser !“ Vous l’aurez compris, qu’il s’agisse d’un chocolat ou d’un bulletin de vote, choisir à qui on le donne n’est pas anodin. Se battre pour qu’on ait tou.te.s le droit d’avoir ce choix non plus. Les recommandations de ChloéLa journaliste Manon Mella donne chaque jour la parole aux jeunes de 18 à 28 ans dans Génération 2022, et c’est passionnant ! Vous pouvez écouter les épisodes en podcast sur le site de franceinfo. D’ailleurs, si vous aimez les podcasts, le Centre Hubertine Auclert et ONU Femmes France lancent la deuxième édition de Ton podcast pour l’égalité, le premier concours de podcasts féministes destiné aux 14-18 ans. L’édition 2021 avait connu un grand succès, alors n’hésitez pas à participer ! Toutes les infos sont à retrouver ici. Avis aux Petites Glo parisiennes : Camille, la créatrice du compte génial (et indispensable à la société, oui oui) @jemenbatsleclito sera au théâtre L’Européen dimanche 24 octobre à 18 heures pour une rencontre inédite. “Il est grand temps de se retrouver et de s’en battre le clito tou.te.s ensemble,“ non ? “Ce livre est né d’une envie d’agir et de trouver, autour de moi, les rôles-modèles qui défrichent, inspirent et poussent à l’action.“ Charlotte Daubet a publié un livre magnifique (chez Webedia Books, illustré par Malika Favre) dans lequel elle dialogue avec des femmes “Engagées“ (c’est le titre, hehe). Combattre les stéréotypes sexistes, libérer notre sexualité, respecter notre planète… Vous connaissant, je suis persuadée que vous allez l’adorer ! Et côté littérature, les Petites Glo, ne passez pas à côté du premier roman de la journaliste Nora Bussigny, Mille yeux (éditions de la Rémanence). Son personnage principal, un garçon sans prénom qui pourrait être n’importe quel garçon, découvre le monde de la fête, l’alcool, la drogue, le militantisme étudiant… et le mouvement “incel“, ces célibataires involontaires qui pensent que les femmes les détestent et veulent se venger d’elles. Un portrait juste et parfois glaçant d’une partie de la jeunesse d’aujourd’hui. Les dernières newsletters Gloria MediaOn n’échappe pas au politique – le libéralisme selon Shklar, Les Glorieuses, 13 octobre 2021 Bulletin d’Actualités Féministes, Impact, 11 octobre 2021 “La féminité est un concept que je déteste“, rencontre avec Laetitia Ky, Les Petites Glo, 5 octobre 2021 Elles ont un plan, Economie, 26 juillet 2021 |
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