Vous pouvez lire la newsletter en ligne ici – https://lesglorieuses.fr/lepanouissement-des-femmes S’épanouir dans la vie, qu’est-ce que ça veut vraiment dire ? C’est une question qui occupe les philosophes, les prophètes, les poètes et bien d’autres depuis des millénaires, et les réponses sont aussi diverses et variées que les personnes qui la posent. Aujourd’hui, une énorme enquête menée auprès de plus de 200 000 personnes dans 22 pays différents tente de quantifier l’épanouissement humain. L’étude mondiale sur l’épanouissement (Global Flourishing Study) a demandé à ses participant·es de répondre à une liste de 109 questions sur leur vie — y compris leur sentiment d’avoir un but dans la vie, leur état de santé, et leur satisfaction dans leurs relations amicales. C’est une véritable mine d’or d’histoires et de questions à explorer. Dans cette newsletter, je m’intéresse à ce que les résultats Le constat principal, c’est que les femmes et les hommes, dans le monde entier, déclarent des niveaux Mais une exception est frappante — et importante. Les personnes ayant indiqué un genre “autre” rapportent des niveaux de bien-être largement plus faibles sur presque tous les indicateurs, avec une moyenne de 6,12. Cet écart soulève de sérieuses inquiétudes sur la santé et le bien-être des minorités de genre dans le monde. Cela Les moyennes mondiales masquent aussi des différences majeures entre les pays. Tous les pays ne présentent Alors, comment expliquer des écarts si importants entre les genres au Brésil et au Japon ? J’ai interrogé des chercheur·es basé·es dans ces deux pays pour tenter de mieux comprendre les raisons profondes de ces différences — s’expliquent-elles par des normes culturelles, des facteurs psychologiques, des inégalités économiques ou autre chose ? Mais d’abord, essayons d’y voir plus clair sur comment cette étude mondiale mesure concrètement “l’épanouissement”. Comment les différents aspects du bien-être varient-ils selon les genres ? Et de quoi sont composés les scores finaux ? Au Brésil, les femmes sont moins épanouies que les hommes – pourquoi ? S’épanouir, ça veut dire quoi ?Les participant·es ont été interrogé·es sur six domaines de ce qui est considéré comme une vie épanouie :
Quand on décortique les résultats domaine par domaine, des tendances intéressantes comment à émerger. Pour avoir une vue d’ensemble sur les résultats, j’ai parlé avec Timothy Lomas, l’auteur principal d’une analyse (pas encore publiée) sur ce que l’enquête révèle à propos de “l’épanouissement des femmes versus des hommes”. Il m’a expliqué que les femmes obtiennent des résultats légèrement meilleurs que les hommes dans trois domaines : bonheur et satisfaction, qualité Les femmes ne dépassent les hommes que de très peu dans les domaines où elles dominent, alors que l’écart est bien plus marqué dans les deux domaines dominés par les hommes — donc ces derniers s’en sortent globalement mieux :
Pour mieux comprendre pourquoi les femmes au Japon déclarent des niveaux d’épanouissement plus élevés que les hommes, j’ai échangé avec Yukiko Uchida, directrice de l’Institut pour l’avenir des sociétés humaines à l’Université de Kyoto, et contributrice à l’étude mondiale sur l’épanouissement. J’ai également parlé avec Lígia Carolina Oliveira-Silva, Leurs réponses montrent à quel point la notion d’épanouissement peut varier selon les pays et les groupes sociaux. JaponYukiko Uchida, directrice de l’Institut pour l’avenir des sociétés humaines, Université de Kyoto De manière générale, les recherches sur le bien-être subjectif au Japon (comme le bonheur et la satisfaction de vie) montrent que les femmes obtiennent des scores légèrement plus élevés que les hommes. Cela reflète un paradoxe souvent observé au Japon : malgré des niveaux élevés de souffrance Une des explications possibles est que les déterminants du bien-être diffèrent selon le genre. Le bonheur des hommes semble davantage lié au statut socio-économique, tandis que celui des femmes est plus étroitement connecté à la qualité des Une tendance qui émerge et à laquelle, selon moi, les chercheur·es et les journalistes devraient prêter davantage attention, c’est l’évolution d’une génération à l’autre de la relation entre genre et bien-être. Chez les jeunes générations au Japon — celles des 20 et 30 ans — on observe un resserrement des écarts de genre, avec notamment des relations conjugales plus Dans le même temps, on prend conscience de plus en plus que les hommes, en particulier les plus jeunes et ceux d’âge moyen, rencontrent aussi leurs propres difficultés en termes de bien-être. Certaines études indiquent que les hommes dans la trentaine ou la quarantaine déclarent un bien-être plus faible à cause de la pression professionnelle, de l’évolution des attentes liées au genre, et des questionnements identitaires. Je pense qu’il devient essentiel de dépasser les comparaisons binaires entre femmes et hommes, et d’examiner de manière plus nuancée comment le genre et l’âge intéragissent pour façonner le bien-être. BrésilLígia Carolina Oliveira-Silva, professeure en psychologie sociale, du travail et des organisations, Université fédérale d’Uberlândia L’écart de genre en Cela limite leur accès au marché du Ces tendances ne sont pas le fruit du hasard. Elles s’inscrivent dans des continuités coloniales De plus, les femmes brésiliennes vivent dans un contexte de violences de genre extrêmement élevées — le Brésil fait partie des pays avec les taux de féminicide les plus élevés au monde. Ces réalités affectent tout particulièrement les femmes noires, autochtones et Les normes institutionnelles et culturelles au sein des organisations brésiliennes jouent aussi un rôle puissant dans le maintien des inégalités. Beaucoup fonctionnent encore selon des logiques managériales eurocentrées et des hiérarchies héritées du colonialisme, qui privilégient la blanchité, la masculinité et l’hétéronormativité. Ces modèles, largement produits dans et par le Nord global, ne prennent pas en compte les formes de bien-être collectives, communautaires, et enracinées dans des points de vue culturels spécifiques. Dans ce contexte, je pense qu’il est urgent de repenser l’épanouissement depuis une perspective décoloniale. Les femmes avec qui j’ai échangé au Brésil ne cherchent pas l’épanouissement à travers l’accumulation individuelle ou la productivité, mais dans l’interdépendance, la survie culturelle, et une vie digne selon leurs propres termes. Réduire les inégalités de genre en matière d’épanouissement au Brésil exigera donc de profondes transformations sociales, économiques et politiques. ![]() Les études du mois
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