Cette newsletter vous a été transférée ? Et vous aimez tellement que vous souhaitez vous inscrire ? C’est ici ! Mercredi 18 janvier 2023 Cette semaine, je passe la main à Anaïs Henneguelle, maîtresse de conférences en économie à l’Université de Rennes 2. Elle nous montre pourquoi la réforme des retraites proposée va contribuer à l’appauvrissement des femmes. Très tôt dans l’existence de la newsletter des Glorieuses, nous avons fait la promotion de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, c’est pour cela qu’il m’apparaît important de montrer les dérives certaines que cette réforme va engendrer. Les femmes, premières victimes de la réforme des retraites par Anaïs Henneguelle, maîtresse de conférences en économie à l’université Rennes 2 et membre des Économistes Atterrés Aujourd’hui, avec le système actuel des retraites, les pensions de droit direct des femmes sont inférieures en moyenne de 40 % à celles des hommes. Ce n’est pas tout, les femmes sont plus touchées par les (très) petites pensions et par la pauvreté lorsqu’elles sont âgées. Le projet de réforme des retraites présenté par la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier dernier est, de l’avis de nombreux observateurs et observatrices, inutile, inégalitaire et brutal (on trouvera de telles analyses étayées ici, là ou encore là) et tend à aggraver la situation déjà très inégalitaire dont les femmes font aujourd’hui les frais. Cette proposition comporte deux principaux volets :
Sur l’ensemble des mesures présentées jusqu’à maintenant par la majorité présidentielle, aucune ou presque ne vient réellement compenser ces disparités femmes/hommes. Au contraire même, car toutes celles et tous ceux qui sont né·es à partir de 1961 sont donc directement touché·es, dans deux directions. Soit cette proposition de réforme entraînerait une baisse mécanique de leurs pensions si les personnes décidaient de partir à l’âge actuellement prévu. En effet, du fait de l’accélération vers l’objectif de 43 annuités de cotisation, soit les carrières seraient encore plus incomplètes lors du départ à la retraite, soit les nouveaux·lles retraité·es ne bénéficieraient plus de la surcote associée à leurs années de travail supplémentaires. Soit cette proposition de réforme conduirait à une baisse du temps de vie passé à la retraite. Or, comme nous allons le voir, les femmes sont plus concernées par les carrières hachées, incomplètes, précaires. En ce sens, elles subiraient de plein fouet les deux effets précédents, bien plus que les hommes. Il est donc à prévoir qu’elles devraient alors (encore plus qu’aujourd’hui) travailler tard, et que leurs pensions seraient (encore plus qu’aujourd’hui) d’un niveau relativement faible. Le système actuel n’est déjà pas parfait au regard de l’égalité femmes-hommes En effet, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à subir les carrières hachées (du fait de périodes de congés maternité ou de congés parentaux), l’inactivité, en particulier pour s’occuper de leurs enfants (le taux d’activité des femmes en France est de 68 %, contre 76 % pour les hommes), le temps partiel (29 % des femmes occupent un emploi à temps partiel contre 8 % des hommes) ou encore les bas salaires (le salaire des femmes est toujours inférieur en moyenne de 22 % à celui des hommes en France). Toutes ces différences se cumulent tout au long de la vie active et expliquent qu’aujourd’hui, comme indiqué précédemment, les pensions de retraites de droit direct des femmes sont inférieures en moyenne de 40 % à celles des hommes et que les femmes sont plus touchées par les (très) petites pensions et par la pauvreté lorsqu’elles sont âgées. Elles expliquent aussi que les femmes ont plus souvent une carrière incomplète que les hommes (et ne partent donc pas à la retraite avec une pension à taux plein) : en 2022, 60 % des femmes qui sont parties en retraite l’ont fait après une carrière complète, contre 75 % des hommes. Elles expliquent, enfin, que les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à continuer à travailler jusqu’à 67 ans (l’âge d’annulation de la décote) : 19 % des femmes travaillent aussi tard, contre 10 % des hommes. Les raisons d’un système inégalitaire Certains éléments sont pris en compte dans le calcul des droits à la retraite, c’est un système qu’on qualifie de paramétrique, c’est-à-dire qu’il dépend de plusieurs paramètres.
Tous ces éléments doivent être pris en compte lorsque l’on réfléchit à notre système de retraite, et toute réforme associée doit s’en saisir pour tenter d’améliorer la situation. La solution La question des inégalités femmes-hommes en ce qui concerne les pensions de retraites est complexe car, comme on l’a vu, elle se joue tout au long de la carrière professionnelle. On peut d’une part agir en amont. Pour cela, on peut stimuler le taux d’activité des femmes (il faut dans ce cas agir sur les modes de garde qui est le principal frein actuel) ou on peut baisser celui des hommes (il faut alors les inciter à prendre des congés parentaux) et en luttant contre les discriminations salariales à leur égard. On peut d’autre part agir en aval, au moment de la retraite. Dans ce cas, on peut calculer différemment les pensions pour mieux prendre en compte la situation inégalitaire vécue par les femmes sur le marché du travail, par exemple en majorant les périodes de temps partiel ou on peut supprimer le mécanisme de la décote, qui conduit à une « double peine » pour les femmes (car les carrières plus hachées et salaire plus faible touché tout au long de la vie se cumulant avec petite pension). Ce que Rebecca recommande cette semaine Dans la dernière newsletter des Petites Glo, on apprend comment agir pour gérer son éco-anxiété. Comment Alice Neel a-t-elle peint les invisibles, les marginaux, les délaissés ? C’est sur France Culture. Les changements climatiques accentuent les violences faites aux femmes par les hommes (en anglais). Que réserve 2023 aux féminismes dans le monde ? Rejoignez l’équipe de la newsletter IMPACT pour discuter des prédictions publiées dans cette newsletter. Ca se passe en ligne le jeudi 19 janvier à 14h30, ca dure une heure, et c’est gratuit ! On s’inscrit
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