Comment changer le monde quand on n’a ni pouvoir ni argent ? Bienvenue dans la Masterclass de la newsletter Les Petites Glo. Pendant sept semaines, Chloé Thibaud va vous expliquer – concrètement – comment passer de l’idée à l’action, de la société de rêve à la réalité (oui, oui), bref, comment devenir un.e activiste. Pour cela, elle sera accompagnée de femmes archi bad ass qui contribuent déjà, chacune à leur manière, à rendre la société plus juste. Alors, prêt.e.s à bouger ? Semaine 1 : Définir votre objectif avec Gitanjali RaoDepuis que j’écris votre newsletter préférée (Les Petites Glo, si besoin de le préciser #hehe), vous me demandez souvent comment vous pouvez vous engager alors que vous n’êtes “que” des ados ou que vous n’avez “que” 50 abonnés sur les réseaux sociaux. Je vous réponds toujours qu’être ado ne doit pas vous empêcher d’agir – au contraire ! – et qu’on se fout pas mal de vos followers (ce qui compte, c’est la qualité d’un réseau, pas la quantité ; deux vraies amies prêtes à débarquer chez vous à tout moment quand vous êtes au plus mal valent tellement, tellement plus que 250 faux friends en ligne). Pour autant, j’ai eu l’envie d’aller plus loin et de vous accompagner pas à pas dans votre volonté de faire bouger les lignes. C’est ainsi qu’est née l’idée de ce format Masterclass ! Dans ce premier épisode, vous allez apprendre à définir votre objectif, c’est-à-dire à identifier une situation que vous voulez voir changer en partant d’un exemple concret que vous vivez/avez vécu. Pour cela, je vous partage le témoignage de Gitanjali Rao, inventrice américaine âgée de 15 ans que j’ai eu la chance d’interviewer malgré son emploi du temps très chargé ! “Comment ça, très chargé ?”, me demanderez-vous. Comme celui d’une personne qui a été élue “Enfant de l’année“ en 2020 par le magazine Time parmi quelque 5000 candidat.e.s de 8 à 16 ans. Oui. Rien. Que. Ça. Cela étant dit, c’est parti ! ⚡Observer Pour innover, Gitanjali s’inspire le plus souvent de son expérience personnelle et se fie à ses propres constats sur tout ce qui l’entoure. “Plus jeune, j’ai été mise de côté, insultée, comme ça peut arriver à n’importe quel enfant, m’a confié la jeune scientifique. Mais je me suis aperçue que les personnes qui harcèlent ne se rendent pas forcément compte du mal qu’elles font.” Cette situation lui a inspiré “Kindly“, une extension de Google Chrome dont le principe est de détecter si ce que vous écrivez en ligne peut être considéré comme du harcèlement. Si c’est le cas, l’application vous propose de modifier votre texte ou de l’envoyer sans corrections. « Avec ‘Kindly’, mon but n’est pas de punir les utilisateurs mais de créer, grâce à l’intelligence artificielle, une méthode de communication moins dangereuse pour que les nouvelles générations ne souffrent plus de harcèlement.“ ⚡Identifier le problème Comme Gitanjali, vous êtes peut-être victime ou témoin d’une situation révoltante. Identifiez-la. S’agit-il d’un prof qui ne se lasse pas de faire des remarques sexistes à ses élèves ? D’un groupe qui sème la terreur dans la cour de récréation ? Ou bien en avez-vous marre que votre établissement ne propose pas de protections périodiques ou de préservatifs gratuitement ? Si vous avez l’impression que quelque chose ne tourne pas rond… vous avez sûrement raison. ⚡(Se) Poser les bonnes questions Réfléchissez ensuite à ce que vous aimeriez améliorer face à cette situation problématique. Pour Gitanjali, il s’est agi de créer une appli pour combattre le cyberharcèlement, mais elle s’était déjà fait remarquer en 2017, à 12 ans, en remportant le Young Scientist Challenge grâce à un appareil génial qu’elle avait mis au point, “Tethys“, permettant de savoir si une eau du robinet est contaminée au plomb. C’était après avoir entendu parler d’une affaire d’eau contaminée à Flint, dans la Michigan, qu’elle avait eu l’idée de mettre au point un outil accessible à tous pour mesurer la qualité de l’eau. Là encore, elle a fait confiance à son instinct et n’a pas hésité à se lancer. “J’ai mis en place une méthode que je résume en cinq verbes, détaille-t-elle. Observer, réfléchir, rechercher, construire et communiquer. J’anime des ateliers dans le monde entier à travers lesquels je veux faire passer ce message : nous pouvons tous être des innovateurs et innovatrices. Nous ne devons pas nous empêcher de faire les choses parce que nous sommes jeunes. Les enfants et les ados apportent une nouvelle perspective dans le monde de l’innovation !“ ⚡Lister ses idées Pour ne pas oublier les idées brillantes (ou pas, mais tout de même intéressantes) qui vous traversent l’esprit : notez tout. L’idéal est d’utiliser un joli carnet dédié à la cause que vous allez porter. Tâchez d’être dans le concret. Si je prends l’exemple du distributeur de protections périodiques : combien de personnes pourraient en avoir besoin dans votre établissement / combien de protections et quels types de protections faudrait-il prévoir / souhaitez-vous mettre à disposition une boîte participative où tout le monde peut en donner ou bien vous rapprocher d’une association, d’une entreprise qui vend ce type de distributeurs… Et surtout, ne doutez pas de vous ! Régulièrement, Gitanjali s’entend dire qu’elle est “trop jeune“ pour s’intéresser à telle ou telle cause, “trop jeune“ pour trouver la solution à tel ou tel problème. “Face à cette remarque, j’ai toujours une seconde d’hésitation, puis je réalise qu’être jeune est presque comme mon super pouvoir ! Je pense vraiment que je ne pourrais pas accomplir tout ce que j’accomplis aujourd’hui si je n’avais pas l’énergie et la passion de mes 15 ans.“ ⚡Se fixer un objectif clair Après avoir bien brainstormé – en écrivant ce mot, je me suis agacée moi-même, je vous propose donc cette alternative moins trentenaire-relou : après vous être bien remué les méninges, posez-vous LA question. Quel est mon objectif ? C’est-à-dire à quel moment vous pourrez vous dire : il se passe ce que je rêvais de voir se passer. Pour Gitanjali, le fait d’être reconnue en tant que scientifique est déjà la réalisation d’un bel objectif. “Au-delà de mon âge se pose la question de mon genre et de ma couleur de peau, commente-t-elle. Je ne ressemble pas à l’image ‘typique’ du scientifique… Je suis une femme, indo-américaine, or, quand on allume la télé, on ne voit que des vieux hommes blancs lorsqu’il s’agit de sciences ! Je vois plutôt ça comme une opportunité de changer les codes. Rien ne doit se mettre en travers de votre chemin si vous avez une idée qui peut rendre le monde meilleur, rien !“ Les Petites Glo, que votre mission consiste à lutter contre le réchauffement climatique, contre le sexisme au sein de votre établissement scolaire ou bien à lancer un club féministe dans votre ville, commencez par croire en vous. “Une fois que vous avez défini et nommé votre objectif, ne le lâchez jamais, conclut Gitanjali. Vous avez le pouvoir de changer le monde ! Ok, je suis quelqu’un de très optimiste, mais c’est important. Rêvez en grand et revenez à la réalité, voyez comment vous pouvez, pas après pas, faire de vos rêves une réalité.“ Afin d’en arriver là où elle est, la “Kid of the year“ a pris beaucoup de risques. “Je me suis toujours dit ceci : le pire qu’il puisse m’arriver, c’est d’échouer et la pire réponse que je puisse recevoir, c’est ‘non’… Et donc ? C’est pas grave ! Ce sont aussi ces étapes qui vous mèneront au succès.“ C’est à vous !Le défi de la semaine était archi difficile ou beaucoup trop facile pour vous ? N’hésitez pas à nous raconter ce que vous avez fait et à partager vos conseils avec les autres Petites Glo en nous écrivant à [email protected] ou en nous contactant directement sur les réseaux sociaux <3 Agenda : Le Club, avec Lucile PeytavinRendez-vous – Le prochain Club des Glorieuses aura lieu le jeudi 22 avril 2021 de 18h30 à 19h30. Il s’agira d’une conférence en ligne avec Lucile Peytavin, historienne, spécialiste du travail des femmes dans l’artisanat et le commerce. Le Coût de la virilité (éditions Anne Carrière) est son premier essai. L’accès est à 15 € et gratuit pour les membres. CONCOURS Les Petites Glo x Editions Pocket Jeunesse Nous vous proposons de gagner un exemplaire du roman « Birthday » de Meredith Russo dont nous vous parlions dans la newsletter « Je suis transgenre ». Pour tenter votre chance, rendez-vous ici : Les dernières newsletters Gloria MediaDix ans après le printemps arabe, les Tunisiennes poursuivent la lutte / Tunisie Impact, 2 avril 2021 L’amour est indispensable à la révolution (Caroline De Haas) Les Glorieuses, 31 mars 2021 Une plus grosse part du gâteau Economie, 21 mars 2021 « Je suis transgenre » Les Petites Glo, 16 mars 2021 |