Comment changer le monde quand on n’a ni pouvoir ni argent ? Bienvenue dans la Masterclass de la newsletter Les Petites Glo. Pendant sept semaines, Chloé Thibaud va vous expliquer – concrètement – comment passer de l’idée à l’action, de la société de rêve à la réalité (oui, oui), bref, comment devenir un.e activiste. Pour cela, elle sera accompagnée de femmes archi bad ass qui contribuent déjà, chacune à leur manière, à rendre la société plus juste. Alors, prêt.e.s à bouger ? Semaine 3 : Marquer les esprits avec les colleureuses“Nous sommes la voix de celles qui n’en ont plus”, “Si elle dort, c’est un viol”, “Victimes, on vous croit”… Ces phrases, je les ai lues sur les murs et je les ai retenues. Impossible d’oublier ces lettres peintes en noir sur de grandes feuilles blanches. Impossible. Depuis l’été 2019, elles sont partout en France et on les doit à des milliers de militant.e.s, les colleureuses, qui luttent principalement contre les violences sexistes et sexuelles (retrouvez ici la carte des collectifs de collages). “L’idée initiale était de reprendre le pouvoir sur la rue, un espace où les femmes et les minorités de genre n’ont pas leur place”, m’explique Noémie, 24 ans. C’est à elle que je me suis adressée pour cette troisième étape de notre Masterclass car elle est chargée des réseaux sociaux et de la communication de Collages Féminicides Paris. Alors autant vous dire qu’elle sait comment s’y prendre pour marquer les esprits du plus grand nombre de personnes. ⚡Trouver un nom Les Petites Glo, nommer votre action est désormais capital. Mais dans une époque où tout le monde ne jure que par les punchlines et les hashtags qui font le buzz, c’est beaucoup de pression et réussir à vous démarquer peut vous sembler impossible. “C’est un apprentissage, rassure Noémie. Selon moi, il ne faut pas forcément chercher un truc poétique, un super jeu de mots, mais plutôt quelque chose d’hyper évocateur. Tu vois ‘Collages Féminicides Paris’, je sais pas si c’est très beau mais on saisit tout de suite de quoi on parle. Même si on ne nous connaît pas, on se dit ‘ah, ça doit être les gens qui collent sur les murs’. Il ne faut pas faire un truc alambiqué mais plutôt aller à l’essentiel, comme ‘Youth for climate’, par exemple !” ⚡Choisir ses messages Maintenant que vous connaissez précisément la cause que vous souhaitez défendre et l’objectif que vous voulez atteindre, il est temps de choisir les messages que vous allez transmettre. Qu’ils soient inscrits sur des pancartes, des tee-shirts, des posts Instagram ou directement sur les murs, l’idée reste la même : impacter. “Le plus fort, c’est un message qui te parle à toi et que tu aurais eu envie d’entendre, détaille la militante. Il est important que tu t’exprimes en ton nom, par rapport à ce que tu as vécu, et non pas que tu imagines ce que les autres pensent quand ils ont vécu tel ou tel événement. Sinon, tu peux aussi relayer la parole des victimes ou écrire quelque chose comme ‘victime, tu trouveras toujours notre soutien’, ça peut paraître bateau mais pas du tout, ça parle vachement aux gens.” Et si vous vous sentez un peu perdu.e, en manque d’inspiration, rappelez-vous que “c’est en agissant qu’on apprend à mieux agir”. En clair, si vos premières tentatives ne sont pas les plus pertinentes, ce n’est pas grave. Vous allez vous perfectionner au fur et à mesure ! ⚡Définir son identité visuelle Le principe des collages est simple mais vraiment percutant. “C’est pas tout mignon, tout discret, c’est brut, insiste Noémie. Aujourd’hui, quand on croise des lettres noires sur fond blanc, on sait que c’est nous.” À vous, les Petites Glo, de trouver comment vous démarquer visuellement. “Des sommes d’individus, on en voit partout. Mais quand tu mènes une action, il faut faire corps, être identifiable en tant que groupe. Je conseille de réfléchir à un code vestimentaire cohérent avec ce que tu dénonces (j’éviterais le rose, par exemple, c’est cliché et saoulant). Quand on pense à Nous Toutes, on sait directement que leur couleur est le violet ; il y a aussi eu des militantes qui étaient habillées en bleu de travail avec des gants jaunes et des bandanas rouges, comme l’ouvrière de l’affiche ‘We can do it’. Tout ça permet d’attirer l’attention des gens pour qu’ils s’intéressent ensuite à ton message, même s’ils n’y connaissaient rien avant.” Noémie se souvient également d’un cortège auquel elle a participé et où chaque militante tenait une pancarte avec le nom d’une victime de féminicide. “Toutes les pancartes étaient différentes mais faisaient partie d’un même ensemble. C’était hyper fort. En fait, il faut unifier au maximum votre groupe, en termes de message comme de tenue.” ⚡Mettre son action en images Qu’on s’en réjouisse ou qu’on déteste ça, nous vivons dans un monde d’images. Pour mobiliser l’ensemble de l’espace public, il faut donc penser en ce sens. “Est-ce que l’action en question va bien rendre en photo ? Est-ce qu’elle va marcher esthétiquement ? C’est pas péjoratif, c’est central.” Là encore, n’hésitez pas à observer ce que font les militant.e.s que vous admirez ou même celles et ceux que vous détestez… de l’autre côté, il y a aussi – et malheureusement – de bonnes idées. “Quand on fait partie des sphères militantes, on est dans une bulle et on oublie parfois que tout le monde n’a pas la même conception des choses que nous. Rappelle-toi qui est ta cible et réfléchis à comment ton action va être perçue par ces personnes-là. Est-ce que tu veux créer une image qui montre une opposition, une démesure des forces ? Être hyper choquante peut aussi être un choix. De ce côté-là, je pense bien sûr à Iréné qui montre son sang pour lutter contre le tabou des règles.” ⚡Savoir s’entourer L’image, ça s’apprend. Vous n’avez peut-être jamais tenu un appareil photo entre vos mains et, de toute façon, avec tout le travail d’organisation que vous avez, vous n’allez sûrement pas avoir le temps de jouer ce rôle-là. “C’est une très bonne initiative de collaborer avec des photographes, des graphistes, des gens qui ont une appétence pour l’image, conseille Noémie. On ne vous demande pas ensuite de vous mettre en scène, mais de réfléchir à une action qui soit aussi efficace que ‘belle’.” ⚡Utiliser les réseaux sociaux Sur ce point, je ne vous apprends rien : aujourd’hui, (presque) tout passe par les réseaux sociaux, d’autant plus quand on est ado ! Une fois que vous aurez trouvé votre nom, votre identité visuelle et constitué votre équipe de choc, créez la page ou les pages Instagram/Twitter/Facebook/TikTok de votre mouvement. “Faire des actions et les montrer, c’est ce qui marche !”, conclut-elle. Et Noémie de rappeler : “Toutes les personnes qui militent ont commencé avec 50 followers. Moi, sur mon compte personnel, je n’ai que 150 abonnés. Il ne faut pas s’empêcher de faire les choses parce qu’on n’est pas très suivi.e. Si chacun.e repartage un post lié à votre action, ça permet d’informer quelqu’un d’autre et de convaincre. Petit à petit, en vous impliquant dans des mouvements, en rejoignant des communautés, les abonnements vont croître.” Surtout, rappelez-vous que ce n’est PAS pour ça (ça = la fame) que vous vous engagez. C’est à vous !Le défi de la semaine était archi difficile ou beaucoup trop facile pour vous ? N’hésitez pas à nous raconter ce que vous avez fait et à partager vos conseils avec les autres Petites Glo en nous écrivant à [email protected] ou en nous contactant directement sur les réseaux sociaux <3 Rendez-vous – Le prochain Club des Glorieuses aura lieu le jeudi 22 avril 2021 de 18h30 à 19h30. Il s’agira d’une conférence en ligne avec Lucile Peytavin, historienne, spécialiste du travail des femmes dans l’artisanat et le commerce. Le Coût de la virilité (éditions Anne Carrière) est son premier essai. L’accès est à 15 € et gratuit pour les membres. Les dernières newsletters Gloria MediaL’entrepreneuriat au féminin, c’est la vie ! (Vraiment ?), Economie, 18 avril 2021 Fifi l’anarchiste, Les Glorieuses, 14 avril 2021 Masterclass #2 : Savoir s’organiser avec Caroline De Haas, Les Petites Glo, 13 avril 2021 Dix ans après le printemps arabe, les Tunisiennes poursuivent la lutte / Tunisie Impact, 2 avril 2021 |
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