Comment changer le monde quand on n’a ni pouvoir ni argent ? Bienvenue dans la Masterclass de la newsletter Les Petites Glo. Pendant sept semaines, Chloé Thibaud va vous expliquer – concrètement – comment passer de l’idée à l’action, de la société de rêve à la réalité (oui, oui), bref, comment devenir un.e activiste. Pour cela, elle sera accompagnée de femmes archi bad ass qui contribuent déjà, chacune à leur manière, à rendre la société plus juste. Alors, prêt.e.s à bouger ? Semaine 6 : Préserver sa santé mentale avec Julia PietriLe 8 mars dernier, pendant que certains de nos supermarchés français étaient occupés à vendre des fers à repasser et des aspirateurs en promo pour célébrer la journée internationale des droits des femmes (coucou @PépiteSexiste), Julia Pietri baladait un clitoris de 5 mètres de haut sur le parvis du Trocadéro, à Paris. Vous ne connaissez peut-être pas son nom, mais vous appréciez certainement son travail, puisque c’est à Julia que l’on doit le célèbre Gang du clito. Depuis plusieurs années, elle dénonce l’inégalité de traitement institutionnel et médical de l’organe du clitoris et milite pour sa (re)connaissance. Récemment, elle a par exemple créé les premiers bonbons en forme de clitoris du monde ! Miam. Et parce qu’elle ne semble jamais s’arrêter et qu’elle travaille en solitaire, j’ai pensé qu’elle serait la personne adéquate pour vous parler de santé mentale, un aspect qu’il ne faut pas négliger dans votre parcours de jeunes militant.e.s. Eh oui, “on peut vite finir lessivée par le militantisme”, m’a-t-elle confié. Alors, comment faire pour éviter l’épuisement et le découragement ? ⚡Faire les choses pour soi “En fait, avant de mener n’importe quelle action, il faut le faire pour soi-même, répond Julia. Moi, j’ai commencé à militer pour ma propre vie, pour mes rêves, pour sortir du moule ‘passe ton bac, fais des études’ et ne pas avoir de patron. C’est une fois que je me suis trouvée que j’ai eu envie d’aller plus loin, de militer pour d’autres gens, vers l’âge de 25 ans.” Selon elle, on ne peut pas vraiment agir de façon globale si on ne commence pas par réaliser un travail individuel. “Si toi tu vas bien, tu changes déjà le monde ! Il faut d’abord réussir à se libérer soi – c’est le parcours d’une vie, je suis d’accord – mais c’est le premier maillon pour y arriver. Savoir ce qu’on veut, quelles sont nos valeurs, tout cela peut évoluer ensuite mais il faut en avoir une idée précise pour pouvoir être en cohérence avec nos actions. Et surtout, c’est essentiel de faire des choses qui nous ressemblent et d’accepter de ne pas plaire à tout le monde.” ⚡Respecter ses limites Une fois que vous savez précisément ce que vous voulez, pour ne pas être submergé.e, vous devez fixer et respecter vos propres limites. “Quand on milite, on peut être tentée de toujours accumuler les actions, de se laisser envahir par les propositions des autres, m’explique-t-elle. Il faut s’écouter, respecter son rythme. Moi, par exemple, j’aime travailler seule la plupart du temps, mais parfois aussi en collectif, donc je varie les projets. Quand on commence, on peut se sentir obligée de parler de tel ou tel sujet, parce qu’on nous demande de le faire. Mais si on ne s’y retrouve pas, il ne faut pas se forcer, mais plutôt faire ce qui nous tient vraiment à cœur. Je dis toujours que si les gens pensent que notre travail n’est pas assez bien, qu’il faut faire ci ou ça, ils n’ont qu’à le faire eux-mêmes !” ⚡Apprendre à se protéger Vous avez peut-être déjà lu des posts de webactivistes expliquant les difficultés auxquelles ils et elles font face. Dans le monde militant et le monde virtuel, la question de la santé mentale est en effet primordiale. Julia a été plusieurs fois victime de cyberharcèlement. Aujourd’hui, elle a le recul nécessaire pour ne plus en souffrir, mais le chemin n’a pas été facile pour en arriver là. “J’ai décidé de ne plus prendre en considération les messages que je reçois et de vraiment faire le tri : je ne lis plus du tout les personnes qui ne me suivent pas ou qui n’ont pas de lien avec mon compte, car je sais qu’elles vont être agressives ou violentes la majeure partie du temps.” La militante insiste sur l’importance de s’autoriser à faire ce qu’on veut. “On a le droit de ne pas répondre. Sur les réseaux, il y a des gens qui ne se rendent pas compte qu’ils sont violents, qui t’attaquent direct – ‘tu ne m’as pas répondu !’ – même s’ils n’ont pas la volonté consciente de nuire, ils nuisent, car le travail que nous faisons sur nos pages est bénévole et dans leur tête on devrait être disponible H24…” ⚡Accepter de faire des erreurs Quand Julia a fait face à sa première vague de cyberharcèlement, elle a cru pouvoir gérer le problème seule. “Je me suis dit que j’étais assez forte pour encaisser, pour répondre, mais j’avais tort.” C’est en se trompant qu’elle a appris à mieux faire face. “Des erreurs, on en fait tous. Il faut en faire, d’ailleurs… Je ne connais aucune personne brillante qui n’a jamais fait d’erreur et ceux qui n’en font pas sont ceux qui ne font rien. La vie, ce n’est pas de la théorie.” Lors de son action au Trocadéro, Julia a d’ailleurs omis quelque chose d’important ! “J’ai oublié de faire une photo de moi avec le clito géant alors que j’aurais dû la faire pour communiquer ensuite… Mais quand t’es dans le feu de l’action, tu dois gérer tellement de trucs, faire en sorte que tout se passe bien… Il y a du stress, tu ne peux pas penser à tout, et c’est ok.” Je lui ai aussi demandé si elle avait déjà regretté un post qu’elle avait publié, une mauvaise formulation. “Tu crains toujours de mal dire, de mal faire. Mais j’ai jamais regretté l’un de mes posts et, même des fois quand c’est mal compris, tant pis. Je me dis que si je ne l’ai pas très bien formulé, c’est toujours mieux d’expliquer mal que de ne pas expliquer du tout.” ⚡Savoir (s’)arrêter Au cours de votre scolarité, vous l’avez sûrement constaté : savoir gérer son temps, c’est la clé de la réussite. “Et la clé de l’indépendance et du pouvoir, ajoute Julia. Il m’est déjà arrivé de me sentir totalement épuisée. Sur les réseaux, la violence des mots finissait par avoir un pouvoir sur moi et, heureusement, j’ai su m’arrêter à temps. Il faut bien choisir le temps qu’on va garder pour soi et celui qu’on va donner aux autres. Je pense qu’il faut encore davantage se protéger quand on est jeune, quand on milite en tant qu’ado. Et surtout se rappeler que tu peux commencer à militer et arrêter au bout de six mois, un an, dix ans si ça ne te rend plus heureuse ! En fait, le secret, c’est qu’il faut vraiment rester à l’écoute de soi.” Concours : gagnez vos places pour le prochain événement du Club des Glorieuses qui aura lieu le mercredi 19 mai de 13h à 14h . Tout savoir sur les coulisses de la Masterclass des Petites Glo « Comment changer le monde quand on n’a ni pouvoir ni argent ? » ! Ce sera l’objet du club de mai des Glorieuses avec Sarah Durieux, Elvire Duvelle-Charles et Chloé Thibaud. Attention horaire exceptionnel spécial « pause déjeuner » de 13h à 14h en zoom. Venez avec votre petite sœur, votre cousine, votre tante, votre mère, votre meilleure amie… on vous fait gagner une place, mais nous ne sommes pas regardantes sur le nombre de personnes derrière l’écran 😇 C’est à vous !Le défi de la semaine était archi difficile ou beaucoup trop facile pour vous ? N’hésitez pas à nous raconter ce que vous avez fait et à partager vos conseils avec les autres Petites Glo en nous écrivant à [email protected] ou en nous contactant directement sur les réseaux sociaux <3 OFFRE SPÉCIALE GAZE x LES PETITES GLOGaze, la revue indépendante géniale de Clarence Edgard-Rosa qui célèbre les regards féminins, est de retour pour un numéro 2 ma-gni-fi-que. Parce que j’adore ce projet et que, chez les Petites Glo, on a toujours envie de vous gâter, vous pouvez pré-commander la revue avant le 15 mai en cliquant sur ce lien. Cela vous permet de bénéficier d’un deal spécial pour les étudiant.e.s : un abonnement d’un an à 30€ (au lieu de 38€ l’abonnement ou 20€ l’exemplaire) ! Les dernières newsletters Gloria MediaPourquoi les hommes sont-ils l’immense majorité des auteurs de violences ? Entretien avec Lucile Peytavin, autrice de l’essai Le coût de la virilité, Les Glorieuses, 5 mai 2021 Masterclass #5 : Entrer dans la sphère politique avec Camille Etienne, Les Petites Glo, 4 mai 2021 ¡Las causales van! Quatre histoires féministes d’Amérique latine, IMPACT, 3 mai 2021 L’entrepreneuriat au féminin, c’est la vie ! (Vraiment ?), Economie, 18 avril 2021 |
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