La première fois que j’ai entendu parler de plaisir féminin, c’était dans les journaux d’Anais Nin. Elle y parle d’un autre livre, « Dans les éroticas, j’ai écrit avant tout pour divertir, poussée par un client qui désirait que je laisse de côté la poésie. Je croyais que mon style était plus ou moins emprunté aux ouvrages écrits par des hommes sur ce sujet. Pour cette raison, j’ai longtemps cru que j’avais compromis ma véritable féminité dans ces textes. Et je les ai mis de côté. En les relisant, bien des années plus tard, je m’aperçois que ma propre voix n’a pas été complètement étouffée. Dans de nombreux passages, de façon intuitive, j’ai utilisé le langage d’une femme, décrivant les rapports sexuels comme les vit une femme. J’ai finalement décidé de publier ces textes érotiques, parce qu’ils représentent les premiers efforts d’une femme pour parler d’un domaine qui avait été jusqu’alors réserve aux hommes. »
Le plaisir masculin, lui, est légitimé en soi dans une société qui le place même sur un piédestal. Saviez-vous qu’aux États-Unis, le Viagra en remboursé dans nombre d’états alors que l’avortement et les contraceptifs féminins ne le sont pas toujours ? Le message est clair : le plaisir masculin est bien plus important que la santé des femmes.
Dans la même veine, j’ai récemment appris à quoi ressemblait un clitoris. Oui, je savais que ça existait mais c’est tout. Je pensais que c’était un bouton et que, lorsqu’on le touchait de manière un peu maladroite et bien c’était sympa. Cela ne fait que quelques
années que nous savons à quoi ressemble un clitoris (enfin presque). Odile Fillod est une chercheuse qui a réalisé une impression 3D de cet organe consacré au plaisir. Le clitoris, loin d’être un “petit bouton” sur lequel il faut appuyer, est en fait un organe beaucoup plus large constitué d’une double-arche, et de corps caverneux mesurant 12 à 15 centimètres et qui entourent le vagin. Le plaisir féminin a l’air d’être un vaste champ brumeux dont on connait à peu près l’existence mais on est loin de comprendre ce que ça implique.