Chères Glorieuses, Le titre est effectivement très séduisant. « Qu’ont en commun les pays ayant les meilleures réponses face au coronavirus? Des femmes leaders » (Forbes). La photo qui l’illustre l’est tout autant : un patchwork de portraits des cheffes du gouvernement ou Présidentes de l’Allemagne, Taiwan, la Nouvelle Zélande, l’Islande, la Finlande, la Norvège et le Danemark. Que des femmes. Le postulat est aussi agréable à lire : les pays dirigés par des femmes ont mis en place des politiques publiques efficaces qui ont permis de freiner la propagation du virus dans les différents pays. En somme, Forbes nous dit que les femmes sont meilleures que les hommes. Mais l’argumentaire de l’article est une catastrophe. Trois qualités – inhérentes aux femmes apparemment – auraient permis à ces femmes politiques de réussir là où leurs collègues masculins ont l’air d’échouer : l’honnêteté, l’esprit de décision et … l’amour (je me permets de mettre la « tech » de côté car ce n’est pas présenté comme une « qualité »). La première qualité est illustrée par la chancelière allemande qui prévient le peuple allemand qu’il s’agit d’un sujet sérieux. La seconde qualité – la plus convaincante des trois – est la mise en oeuvre de mesures avant même que la pandémie fasse des victimes. Et la troisième qualité est l’amour. On parle de la Première Ministre norvégienne, Erna Solberg, qui parce qu’elle est une femme et parce qu’elle est empathique et parce qu’elle est une femme, a décidé de tenir une conférence de presse destinée aux enfants, au sein de laquelle aucun adulte n’était convié. « L’empathie et l’attention que toutes ces femmes dirigeantes ont communiquées semblent provenir d’un univers différent de celui auquel nous nous sommes habitué·e·s » commente la journaliste. Je ne remets pas en cause le constat. Ces pays ont effectivement mis en place une réponse efficace permettant à leurs habitants de ne pas rester confiner pendant deux mois (ça fait mal d’écrire « deux »). C’est d’ailleurs le même constat que « This week in Patriarchy », la newsletter féministe du Guardian : « les femmes leaders font un travail exceptionnel ». Sauf qu’Arwa Mahdawi, la rédactrice de la newsletter, l’explique différemment. Il n’est pas question d’amour, d’empathie ou de soin mais d’achats de masque, de taille de pays (la Nouvelle-Zélande compte moins d’habitants que New-York), de généralisation des tests ou encore du large nombre de lit en réanimation. J’ajouterais que certains de ces pays ont vu la crise arriver dans d’autres pays avant le leur et ont choisi d’adapter leur réponse en fonction (coucou Emmanuel Macron et l’Italie). Collage par moi-même, parce que ça détend vachement de découper des choses. Arwa Mahdawi précise que corrélation ne veut pas dire causalité. Ce n’est pas parce qu’elles ont des ADN de femmes – et les qualités qui vont avec – qu’elles ont eu des réponses appropriées. Ces femmes font un travail exceptionnel parce qu’elles ont dû travailler bien davantage pour atteindre ces positions et qu’elles sont sur-qualifiées pour le « job ». Christiane Taubira a apporté un autre éclaircissement permettant de s’éloigner de l’explication essentialiste. « Je pense sincèrement que des femmes dans des positions d’autorité ou de pouvoir auraient abordé les choses différemment. Plutôt que d’avoir recours à ce corpus viril, martial, elles auraient vu plus facilement que ce qui fait tenir la société, c’est d’abord une bande de femmes : elles sont majoritaires dans les équipes soignantes, même si nous soignons aussi avec autant de gratitude les hommes ; elles sont majoritaires aux caisses des supermarchés, dans les équipes qui nettoient les établissements qui travaillent encore… Tout ce qui tient la société, qui nous permet d’inscrire une temporalité dans nos têtes, de nous projeter, ce sont les femmes qui le font. Depuis longtemps, ce sont les femmes qui portent les métiers de soin en général. » (France Inter). Ainsi, les femmes sont de meilleures dirigeantes dans ce contexte de crise sanitaire non pas parce que ce sont des femmes ni parce qu’elles font preuve de qualités « féminines » mais parce qu’elles ont les compétences nécessaires pour diriger un pays. Il n’est donc pas temps d’élire davantage de femmes comme le dit la conclusion de l’article de Forbes. Il est temps d’élire davantage de personnes qui ont les qualifications nécessaires pour être des dirigeant·e·s. 1/ Pourquoi est-ce aux femmes de donner du blé quand les hommes ont tout dépensé ? Dans la newsletter éco des Glorieuses, orchestrée brillamment deux fois par mois par Arièle Bonte, on explore un phénomène pas du tout nouveau. Les femmes donnent plus que les hommes alors qu’elles gagnent moins d’argent. POURQUOI ? Et il existe une version anglophone de cette newsletter si vous voulez l’envoyer à votre ancienne correspondante. 2/ Cette semaine, j’ai appris que 27% des français·e·s passaient ce confinement seul·e et cela m’a fait pensé à cet article. Rainesford Stauffer a mis sa vie sociale entre parenthèses pendant un an et a appris beaucoup. Ce n’est pas un article à la « Eat, Pray, Love » mais plutôt une analyse sur comment on peut passer d’un état où on « subit » une vie sociale à celui on la « choisie’. 3/ Sur Instagram, j’ai fait une compilation de mes séries préférées au monde, si quelqu’un est à la recherche de moyens pour que ce confinement passe un chouillou plus vite.. Oui, Fleabag est dedans. Non, je n’ai pas mis Friends. Oui, j’ai oublié de mettre Girls. #autopromo 4/ Les millenials n’ont vraiment pas de chance. Dépeinte comme fainéante ou superficielle par leurs aîné·e·s, cette génération est entrée sur le marché du travail à un moment où l’état de l’économie était plus problématique que pendant la Grande Dépression. Et au moment où leur carrière est censée décoller (maintenant) et alors qu’elle a des enfants en bas âge, elle va subir une seconde crise. Un exemple : au même âge, la génération qui la précède avait quatre fois plus d’assets financiers et deux fois plus d’épargne. 5/ « Je pense sincèrement que des femmes dans des positions d’autorité ou de pouvoir auraient abordé les choses différemment. Plutôt que d’avoir recours à ce corpus viril, martial, elles auraient vu plus facilement que ce qui fait tenir la société, c’est d’abord une bande de femmes ». Si vous avez besoin de respirer, fermez les yeux trente minutes et écoutez parler Christiane Taubira en imaginant que c’est la Présidente de la République. 6/ Alors que nous sommes dans notre cinquième semaine de confinement, on demande sur Twitter quel est le meilleur livre à lire après une rupture. En tête de liste, on retrouve les incontournables « La vie devant soi » de Romain Gary ou encore « Le Pouvoir » de Naomi Alderman. Je conseille « Heartburn » de Nora Ephron sans aucun doute. Testé et approuvé. 7/ Tanzina Vega venait d’accoucher quand la quarantaine a été décrété. Et si elle savait que ce serait dur d’être toute seule avec son bébé, elle ne savait pas à quel point. 8/ Cette femme raconte mon pire cauchemar : elle apprend que son mari la trompe alors qu’elle est enceinte de sept mois. Comme Nora Ephron avant elle, elle devient l’héroïne de cette histoire. 9/ La femme sur le pont. C’est l’histoire (vraie) d’une femme qui saute d’un pont parce que son fiancé la trahit. Sauf que cette trahison est encore plus grave que ce qu’il lui a dit. Je n’en dis pas plus, cette histoire est hallucinante. C’est écrit en anglais mais ça vaut le coup de lire la traduction Google de la page. 10/ Alors que l’envoi de « nudes » se multiplie en période de confinement… le « revenge porn » continue de faire des ravages. Pourquoi est-ce que cette |