« Je ne suis pas satisfaite de ce qu’ils appellent les nouveaux produits car ils sont encore plein de résidus de plastique », me dit l’activiste kényane Scheaffer Okore. Ils ? C’est la marque Always. Les produits ? Des serviettes menstruelles. Cela fait plus d’un an que Scheaffer Okore se bat pour que les serviettes Always proposées sur le marché kényan soient de meilleure qualité. C’est le combat derrière le hashtag #MyAlwaysExperience dont Scheaffer Okore est l’une des instigatrices. Les serviettes vendues dans les pays du Sud ne sont pas de la même qualité que celles vendues dans les pays du Nord. « C’est un problème racial », me dit-elle. #MyAlwaysExperience ressemble à un slogan créé par une bande de publicitaires pensant sincèrement pouvoir encourager les femmes à raconter la beauté des crampes menstruelles et l’esthétique des culottes tachées via le prisme d’un regard masculin. Et pourtant, c’est tout le contraire. Le hashtag #MyAlwaysExperience est né sur « le Twitter kényan » en février 2019. Il a été créé par des activistes kényanes et il permet aux femmes africaines de raconter leurs expériences d’utilisation des serviettes menstruelles Always. Entre autres : inconfort, sensations de brûlure ou encore éruptions cutanées. L’activiste Scheaffer Okore fut l’une des premières à raconter son expérience des serviettes menstruelles Always et à encourager les autres femmes à faire part de la leur. « Les serviettes Always provoquent une transpiration excessive, les serviettes ne respirent pas, développent des éruptions cutanées douloureuses, la peau en contact avec la serviette démange abondamment, une sensation de brûlure sévère apparaît lorsqu’on marche et le gel produit une odeur désagréable », avait-elle publié à l’époque sur Twitter. Photo de Scheaffer Okore. Pourquoi ? Okore a une réponse : « Le problème de la qualité [des serviettes menstruelles] est un problème racial. Les femmes des pays du Sud ont des serviettes de qualité inférieure tandis que les femmes en Europe, en Amérique et au Royaume-Uni reçoivent des serviettes de qualité de la part de la même marque. » « Le problème principal, me décrit Okore, est l’utilisation de film polyéthylène dans la fabrication des serviettes hygiéniques. » Ainsi, Scheaffer Okore et les autres activistes affirment que la marque propose sur le marché africain des produits de moins bonne qualité que dans d’autres pays en dehors du continent africain. Dès janvier 2019, Okore tweetait : « Je suis vraiment prête à savoir pourquoi le marché kényan est inondé de serviettes hygiéniques avec une doublure en plastique qui irrite la peau des femmes alors que les mêmes marques dans d’autres pays sont de si haute qualité ? Qui est responsable du contrôle qualité, etc., dans cette entreprise ? » « Au Pakistan aussi », a affirmé une autre utilisatrice. Puis d’autres voix se sont élevées, au Maroc par exemple. « Le problème principal, décrit Okore, est l’utilisation de film polyéthylène dans la fabrication des serviettes hygiéniques. » Fait notable, les symptômes décrits par les utilisatrices ne sont pas nouveaux. En 1996 déjà, une étude canadienne publiée dans le journal médical Canadian Medical Association Journal démontrait le lien entre l’utilisation des serviettes Always et la dermite de contact (sorte de réaction cutanée due au contact avec des substances allergènes), comme le rapporte Quartz Afrique. Dans cette étude qui date de plus de vingt ans, 26 des 28 femmes utilisant les serviettes Always et ayant des dermites sur la vulve et autour ont témoigné qu’elles n’avaient plus d’irritation après avoir arrêté d’utiliser ces produits. Pourquoi, vingt ans plus tard, des utilisatrices font l’expérience des mêmes symptômes ? La marque ne répond pas directement. Les serviettes menstruelles Always vendues sur le marché africain sont-elles différentes, de moins bonne qualité qu’en Europe, Asie ou en Amérique du Nord ? Ce n’est pas clair. Un.e représentant.e de la marque a déclaré à Teen Vogue : « Les produits Always que nous vendons partout dans le monde, y compris dans différents pays d’Afrique, répondent aux mêmes normes de sécurité et de qualité rigoureuses et internationalement reconnues que les produits vendus dans l’UE, en Amérique du Nord et dans le monde. » Ce n’était pas assez pour les activistes derrière le hashtag #MyAlwaysExperience, alors la marque est allée plus loin. Avec un soupçon d’émotion dont les publicités Procter et Gamble ont le secret, la branche kényane de Always a réalisé un spot diffusé largement depuis janvier dernier. « Vous avez parlé. Nous avons écouté. Nous nous sommes améliorés ». Vraiment ? Pas vraiment selon Okore. Les produits sont encore composés de film polyéthylène, ils ne sont pas adaptés aux climats humides, et la marque propose encore des serviettes parfumées. #MyAlwaysExperience n’est que la partie immergée du « Mon objectif est de mettre la menstruation à l’ordre du jour de l’agenda des politiques de santé. Je veux encourager les femmes à parler de leurs corps, sans honte ni stigma. Je veux encourager l’adoption de politiques menstruelles non biaisées pour en faire un droit. J’exige […] la fin de la précarité menstruelle pour que les femmes saignent dignement. » Comment les féministes en France pourraient aider dans ce combat ? À l’approche de la journée internationale de la santé menstruelle, le jeudi 28 mai, Okore est claire. « Ce serait merveilleux qu’elles se joignent à nous en utilisant leurs voix et leurs plates-formes pour partager ce hashtag #MyAlwaysExperience. Qu’elles tweetent et qu’elles écrivent sur la différence de qualité des serviettes menstruelles destinées aux Kényanes et aux femmes des pays du Sud. » À nos hashtags. 1/ Bonne nouvelle. Les femmes de la génération Y sont deux fois plus susceptibles que leurs mères de gagner plus d’argent que leurs partenaires. Qu’implique ce phénomène?Réponses avec Sibylle Gollac, co-autrice du « Genre du capital », interviewée par Arièle Bonte dans la newsletter #5Novembre16h47. 2/ « Je suis l’ambassadrice de moi-même. Je ne représente pas le Nigéria; il y a des choses au Nigeria que je n’aime pas, mais en même temps je suis très très fière de mon identité nigériane ». Dans 3/ « Fuck the Bread. Le pain est fini. » La poétesse américaine Sabrina Orah Mark raconte dans The Paris Review comment elle était à deux doigts d’avoir le boulot de ses rêves. 4/ « Nous ne serons plus jamais les bonnes petites soldates de vos guerres » Dans 5/ « Génération Ocasio-Cortez – Les nouveaux activistes américains » de Mathieu Magaudeix entre dans ma bibliothèque de livres indispensables pour faire la révolution. Au même titre que la théorie du tube de dentifrice (Editions Goutte d’Or) et « How to be an activist ». On y apprend que le terme d’activiste par exemple est aujourd’hui galvaudé et les acteurs et actrices du changement lui préfèrent celui d’« organizers ». Celles et ceux qui organisent. On y apprend l’intérêt du « snowflake model » pour les campagnes présidentielles et celui du pouvoir narratif, on nous confirme que les mouvements et les idées les plus intéressantes sont créées et portées par les personnes queers et les femmes racisées. Ils et elles ont toutes en commun une forme de radicalité, définie par Ella Baker comme le fait « d’aller à la racine, comprendre la cause. C’est à dire se confronter à un système qui ne se pliera pas à vos 6/ « Je tombe d’épuisement pendant qu’il regarde des séries » : le confinement a aggravé les inégalités hommes-femmes. A lire sur Le Monde. 7/ Les femmes ont plus de bleus que les hommes. Il y a une raison hormonale à cela. 8/ Julie Marangé et Cécile Fara, qui ont créé les visites féministes de Paris, se sont lancées dans une version en ligne. Je recommande. 9/ Etre en couple ne signifie plus forcément vivre ensemble. Et c’est peut-être mieux. 10/ Se séparer peut être dur. Très dur. Et notamment en ce moment. |
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