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Les événements du Club sont de retour ! RDV le 26 septembre à 19h au Bar à Bulles pour parler utopies avec les autrices de la série d’été des Glorieuses. La soirée sera animée par Kiyemis. Si vous ne pouvez pas vous rendre pour des raisons financières, envoyez-nous un mail, l’important c’est que vous soyez là.
« Libérons-nous du mythe de la perfection » par Rebecca Amsellem (pour la suivre sur Twitter c’est ici et sur Instagram, c’est là)
Mercredi 18 septembre 2019
Cela faisait une heure que je marchais dans Paris à la recherche du « parfait » café pour y écrire. Un endroit lumineux mais où on peut s’assoir à l’intérieur sans devoir porter des lunettes de soleil. Suffisamment grand pour laisser son regard vagabonder sur les autres client·e·s sans être inquiétée de passer pour une fausse agente secrète, mais pas trop bruyant. Et où
la caféine coule à flot. Il y avait toujours quelque chose qui ne me convenait pas. A un endroit, un bruit de gouttes d’eau émanait de la machine à café. A un autre, c’était ce serveur qui se plaignait tellement que j’avais envie de lui proposer d’organiser une manif pour l’après-midi. Je n’avais que faire de l’heure ou de la douleur que je commençais à ressentir dans les genoux (vous allez voir si ce n’est pas encore le cas, la trentaine c’est génial), je voulais absolument ce « parfait » café. Comme je voulais cette robe « parfaite », cuisiner cette ratatouille « parfaite », faire ces études « parfaites ». A croire que le surnom « Madame Parfaite » ne m’avait pas été donné pour rien par ma mère. Oui, j’étais CE genre d’enfant. Qui souriait tendrement la tête sur le côté pour montrer le joli 10/10 pour avoir bien écrit « maison ». Et je pense que j’étais loin d’être la seule. Surtout chez les filles.
Ce syndrome de la bonne élève a ses revers. Combien d’entre nous ont eu peur de lever la main à l’école de peur de poser une « question stupide » ? Combien d’entre nous ont levé la main en précisant que c’était une « question probablement stupide » ? Combien d’entre nous n’ont finalement jamais levé la main pour ne pas paraître stupide ? Beaucoup, sûrement. Moi la première. Pourquoi avions-nous si peur ? Car, dès notre enfance, nous visions la perfection ou rien. « Rien de moins que la perfection fera l’affaire. » disait l’essayiste Susan Sontag. Et cela ne s’est pas
arrêté en grandissant. Une culture obsédée par la perfection des femmes est une culture qui empêche les femmes de créer, de s’émanciper. Car la création est par définition imparfaite. Dès lors qu’on expose cette création au monde – que ce soit ce dessin quand on est enfant ou ce tweet qu’on publie – on s’expose à ce diktat de la perfection féminine.
Je ne vais pas vous cacher la vérité plus longtemps : nous serons toujours perdantes au jeu de la perfection. Car la perfection n’existe pas mais surtout parce que nous ne faisons pas partie des prescripteurs qui définissent ce qui est parfait et ce qui ne l’est pas. Ainsi, dès que nous atteignons cette perfection illusoire, il se trouvera toujours quelqu’un pour affirmer qu’on peut faire encore mieux. Et regardons les choses en face, c’est vrai. On aurait pu faire mieux. Quelqu’un·e qui écrira mieux ce sujet que moi, quelqu’un·e qui chantera mieux cette chanson que moi (ça ce n’est vraiment pas compliqué), quelqu’un·e qui cuisinera mieux cette
ratatouille (ça j’en doute un peu plus). Je ris toujours quand je lis des articles ou que j’écoute des conférences de personnes qui urgent les femmes de « prendre un siège à la table des négociations » pour s’imposer, de « lever la main pour poser des questions », d’ « avoir davantage confiance en nous ». Comme si, cette peur de ne pas avoir une attitude parfaite était inscrite dans notre ADN. Ce diktat de la perfection est un construit sociétal, c’est un moyen de nous empêcher d’essayer – et donc potentiellement d’y arriver.
Cette quête de la perfection est illusoire et cache une volonté de contrôler les femmes. Pour adapter les propos de Naomi Wolf, qui décrit elle l’obsession de la société pour la minceur des femmes, une culture fixée sur la perfection des femmes n’est pas une obsession pour la perfection de ces dernières mais pour leur obéissance. La recherche de la perfection est l’un des plus puissants sédatifs politiques dans l’histoire des femmes. Si les femmes ne gagneront jamais au jeu de la perfection, elles peuvent choisir une tangente bien plus révolutionnaire – et aisée à prendre. Décider que ce « parfait » café n’existe pas. Savoir que ce « parfait » article non plus. Et tant mieux. L’acte le plus provocant est donc de ne plus aspirer à cette perfection mais de déterminer ses propres règles, ses propres désirs. Nous montrerons alors que nous n’avons que faire de la légitimité de nos aspirations et nous serons libres. Libres de créer nos propres idéaux, avec toutes leurs imperfections.
1/ 55 jours de grève pour les femmes de chambre de l’hôtel IBIS. Que fait le gouvernement ? 2/ Les Petites Glo’ nous encouragent à créer des Clubs féministes à l’école (et on peut fortement s’en inspirer pour faire la même chose au boulot). 3/ 106ème féminicide, ce lundi 16 septembre. Soit une augmentation de 20% par rapport à l’année dernière. 4/ Le concept de blanchité n’a rien à voir avec la couleur de peau. 5/ #5Novembre16h37 nous apprend pourquoi il faudrait qu’on crée des syndicats de femmes. 6/ “Rien ne s’avèrera pérenne en manière d’émancipation et d’égalité tant qu’il ne s’agira pas d’abord d’un héritage entre les mères et les filles. » – Interview de Axelle Jah Njiké 7/ La colossale différence de salaires entre hommes et femmes à Hollywood. 8/ Un bel exemple s’il en est « d’effet Matilda » – ce phénomène consistant à minorer l’apport des femmes à l’histoire des sciences – : le travail d’Ada Lovelace, la pionnière de l’informatique. 9/ Les hommes, pour des raisons culturelles, économiques ou sociales, sont de plus en plus nombreux, au détriment des femmes. Une évolution qui pourrait conduire, à terme, à une catastrophe démographique. 10/ WhatsGood nous explique pourquoi prendre soin de soi est indispensable pour cette rentrée.
Le retour du Club des Glorieuses, c’est pour bientôt : à cette occasion, nous aurons un programme autour de la thématique de l’édition d’été des Glorieuses, les utopies féministes animé par la poétesse et activiste Kiyemis Jeudi 26 septembre 2019 à partir de
19h.
Nous avons le plaisir de vous inviter à notre soirée de rentrée, animée par Kiyemis, le jeudi 26 septembre de 19h à 20h30 à Paris au Bar à bulles. Certaines des autrices de la série d’été, dont Caroline de Haas, Julie Bernier, Ouafa Mameche, Elisa Rojas ou encore Patricia Louizor, viendront déclamer leur texte. La soirée sera introduite par la spécialiste des utopies Sandrine Roudaut, qui nous expliquera comment faire d’une utopie, une réalité.
Infos pratiques Horaires : 19h à 20h30 Lieu : BAR A BULLES – Espace HALL – au rez de chaussée, 90, Bd de Clichy 75018 Paris Gratuit pour les membres du Club – 15 euros pour les autres. Prendre sa place ici. L’événement Facebook.
// Pour les entrepreneures // Goldup est un programme dédié aux femmes pour les aider à lancer leur business en ligne. 50 participantes se retrouvent à The Family Paris, tous les samedis de 9h à 16h pour apprendre les
bases d’une boite. Plus de 10 intervenant·e·s entrepreneur·e·s ou expert·e·s sont là pour les faire progresser. La prochaine session de Goldup aura lieu tous les samedis du 28 septembre au 26 octobre, elle coûte 900 euros.
Celle qu’on reçoit le lundi, deux fois par mois.
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