Plus de lumière, moins de chaleur, une conversation avec la papesse de science-fiction féministe, Naomi Alderman. Cʼest votre première fois ici et vous nʼêtes pas abonné·e ? Vous pouvez vous abonner ici pour la recevoir tous les mercredis (ou presque). Lire la newsletter en ligne ici – https://lesglorieuses.fr/naomi-alderman/ La newsletter du jour est une conversation avec la papesse de la science-fiction féministe, Naomi Alderman – que vous pouvez retrouver au festival AMERICA ce week-end en conversation avec Megan Clement. Cette conversation a eu lieu sur WhatsApp durant ces derniers jours, elle sʼest déroulée en anglais et je lʼai éditée pour plus de clarté. Vous pouvez dʼailleurs avoir accès à la version originale de cette conversation en bas de cette newsletter. Si le genre littéraire vous intéresse, la science-fiction féministe jʼentends, vous avez sûrement lu son livre, Pouvoir (Calmann-Lévy, 2018) ou vu lʼadaptation sur Prime. Elle a également écrit Désobéissance, adapté au cinéma, avec Rachel Weisz et Rachel McAdams. Son nouveau roman, Le Futur, se situe à la fin de notre décennie. Rien ne va : entre intelligence artificielle omniprésente et déraillement climatique, le monde panique. Sauf trois milliardaires, fans de la philosophe Ayn Rand, qui ont tout prévu pour le jour où lʼhumanité viendrait à sʼeffondrer. Alors que ce jour approche, une jeune influenceuse, Lai Zhen, se met en tête de reprendre le contrôle du futur et de mettre à mal le plan des ultra-riches. Le roman a été traduit en français par Jessica Shapiro. Si vous souhaitez le gagner (il y a donc TROIS concours dans cette newsletter), vous pouvez répondre à cet email avec la phrase de cet entretien que vous préférez. « Les grands systèmes puissants peuvent avoir tendance à faire en sorte que les personnes les moins puissantes en leur sein se battent entre elles pour des miettes. » Rebecca Amsellem Vos livres, comme vous lʼavez dit un jour, peuvent être caractérisés par ces mots : « Courage. Curiosité. Intérêt pour la façon dont fonctionnent les systèmes de pouvoir. » Quʼest-ce-qui vous attire dans les mécanismes du pouvoir ? Trouver un moyen de les démanteler ? Naomi Alderman Il me semble quʼil sʼagit dʼune façon de sʼéloigner des petites choses horribles de votre vie pour être capable de comprendre quelles sont en réalité les grandes forces systémiques à lʼœuvre qui provoquent ces choses. Les grands systèmes puissants peuvent avoir tendance à faire en sorte que les personnes les moins puissantes en leur sein se battent entre elles pour des miettes. Et en France, vous pouvez bien être sensible à lʼidée qui était, par exemple, la façon dont fonctionnait la vie à la cour lorsquʼil y avait encore un roi, que le roi faisait se battre les messagers entre eux parce que leur pouvoir ne pouvait alors être attaqué. Des choses similaires continuent de se produire, quelle que soit la structure du pouvoir. Ainsi, celui qui a le plus dʼinfluence aimera faire se battre les petites gens entre eux. Quand nous examinons les problèmes de notre vie et que nous nous demandons si nous nous battons pour obtenir des ressources gouvernementales, pour avoir la liberté de vivre, pour avoir de lʼespace et du temps pour être entendus, pour avoir notre propre maison, nous regardons ce que certaines personnes ont et ce que nous avons de peu, alors nous pouvons être tentés de penser : « Oh, peut-être quʼil se passe quelque chose ici qui est plus grave que se battre avec mon voisin pour savoir lequel dʼentre nous recevra lʼaide gouvernementale pour le logement supplémentaire », et plutôt se demander pourquoi cette aide est distribuée de cette façon. Cela sʼapplique à tout. Cela sʼapplique au pouvoir entre les sexes, au pouvoir entre les riches et les pauvres, aux situations entre différents groupes raciaux et à la façon dont fonctionne le racisme. Cela sʼapplique aux différentes religions. Cela sʼapplique entre les personnes valides et les personnes en situation de handicap. Cʼest un élément fondamental de la façon dont les êtres humains fonctionnent. Le pouvoir tend à sʼaccroître à moins que nous ne lʼarrêtions. Si nous ne lʼarrêtons pas, cela signifie que de plus en plus de personnes puissantes nous poussent à nous battre pour de moins en moins de choses. Je suppose que la réponse est que cʼest la chose à laquelle nous pensons le plus. Ce qui compte, cʼest le comportement des gens, pas leurs opinions. Rebecca Amsellem Votre premier roman, Désobéissance, qui a ensuite été adapté au cinéma, est une histoire dʼamour entre deux femmes vivant dans la communauté juive orthodoxe de Londres. Vous y écrivez sur les nombreuses similitudes entre le fait dʼêtre gay et dʼêtre juive – en particulier avec cette phrase : « Jʼai réfléchi à deux états dʼêtre – être gay, être juive. Ils ont beaucoup en commun. On ne le choisit pas, cʼest la première chose. […] Chaque fois que vous rencontrez quelquʼun de nouveau, cʼest une décision. Vous avez toujours le choix de pratiquer ou non. Pratiquer, bien sûr, signifie beaucoup de choses différentes. Probablement quelque chose de différent pour chacun. Vous pouvez pratiquer tous les jours, ou juste de temps en temps. Mais si vous ne pratiquez jamais, vous ne saurez jamais ce que cela aurait pu signifier pour vous. Vous ne saurez jamais qui vous auriez pu être. Si vous ne pratiquez pas, vous vous sentirez probablement mal à lʼaise de revendiquer cette identité : si elle nʼa aucune fonction dans votre vie, à quoi bon la dire ? Bien sûr, cʼest toujours là. Cela ne partira jamais. Mais si vous ne pratiquez pas, cela ne pourra jamais changer votre vie. » Si vous avez été élevée dans un environnement très intellectuel mais très orthodoxe, vous pratiquez aujourdʼhui le judaïsme dʼune manière différente. Quʼavez-vous gardé de cette période ? Naomi Alderman Jʼai certainement gardé pas mal de mes valeurs et lʼidée que la vie consiste fondamentalement à vivre en accord avec ses valeurs. Il y a une très bonne pensée du Rabbin Hillel, qui a été adoptée plus tard par Jésus, qui est : « Tout ce qui vous est haïssable, cʼest-à-dire tout ce que vous nʼaimez pas que les gens vous fassent, ne le faites pas aux autres. » Et cela me semble toujours être le cœur, la pièce maîtresse dʼune morale solide : ne laissez pas les autres fixer les conditions de votre comportement. Je me comporte de la manière que je pense être juste et non pas dans une course vers le bas : tout ce que font les autres, je fais la même chose. Plus largement, je pense que ce qui me reste de mon enfance en tant que juive orthodoxe, cʼest la capacité de combler les fossés, de voir plus loin que mes propres opinions et croyances. Jʼai toujours de bons amis qui sont juifs orthodoxes. Jʼai toujours de la famille qui est juive orthodoxe. Je ne suis pas quelquʼun qui insiste pour que tout le monde autour de moi croie la même chose que moi. Mes amis et ma famille juifs orthodoxes étaient prêts à mʼaccompagner dans un voyage où jʼai arrêté de vivre comme on mʼavait appris à vivre. Et pourtant, ils mʼaimaient toujours, se souciaient de moi, me voulaient dans leur vie. Ayant vécu cela, je veux offrir cela aux autres. Nous vivons maintenant dans un monde plein de guerres culturelles, etc. Je nʼai pas tendance à croire que vous devriez nécessairement cesser dʼêtre ami avec quelquʼun à cause de ses opinions. Ce qui compte, cʼest la façon dont il ou elle se comporte, sʼil ou elle est toujours aimant·e et gentil·le. Quoi dʼautre ? Je me souviens dʼen avoir discuté avec une thérapeute une fois, et elle mʼa dit : « Oh, vous avez pris des boutures dʼun arbre. » Jʼai pris des morceaux de branches ou de tiges de la plante et leurs racines croissent dans ma propre vie. Rebecca Amsellem Avec votre quatrième roman, Pouvoir, vous avez donné aux femmes ce que très peu de gens ont fait – ou devrais-je dire non – vous leur avez donné de lʼélectricité, un pouvoir qui leur a donné un rôle totalement différent dans la société. « On vous a appris que vous êtes impurs, que vous nʼêtes pas saints, que votre corps est impur et ne pourrait jamais abriter le divin. On vous a appris à mépriser tout ce que vous êtes et à ne désirer quʼêtre un homme. Mais on vous a appris des mensonges. » Jʼimagine que vous avez reçu des milliers de messages de femmes. Y en a-t-il un qui vous a émue/secouée plus que les autres ? Naomi Alderman Oui, jʼai reçu beaucoup de messages, ce qui est toujours merveilleux. Jʼai reçu des messages de femmes afghanes, même si pas récemment, qui me disaient à quel point elles enviaient ce pouvoir et pensaient à ce qui arriverait dans leur monde si les femmes avaient le pouvoir dʼélectrocuter les gens. Je suis incroyablement triste de ce qui arrive aux femmes en Afghanistan, et jʼaimerais tant pouvoir leur donner ce pouvoir. Je pense quʼen tant que femmes du monde libre, il nous incombe de ne pas nous permettre dʼoublier les femmes que les talibans veulent nous faire oublier. Les messages les plus émouvants viennent souvent de jeunes femmes qui mʼont dit que le roman les avait aidées à penser différemment à leur propre corps. Jʼai adoré quand quelquʼun mʼa envoyé un message disant : « Pourquoi est-ce que je me sens si sexy en lisant ce livre ? » Et jʼai répondu en disant que la raison est que vous imaginez ce quʼil se passerait si vous pouviez éprouver du désir sexuel pour les hommes, les regarder et flirter avec eux sans jamais avoir à vous inquiéter que cela se termine par une agression sexuelle. Ce qui est une manière différente de vivre la sexualité, et les femmes nʼont pas tendance à la vivre de cette façon. © Annabel Moeller « Nous nous accrochons à un fait que nous connaissons avec certitude, puis nous rejetons tout ce qui pourrait nous donner une vision différente des choses » Rebecca Amsellem Votre nouveau livre, Le Futur, parle, selon vos propres mots, « de milliardaires de la technologie, de leurs assistantes et de leurs ex-femmes qui se décident à les détruire ». Vous avez créé un avenir qui peut être certainement aujourdʼhui, ou un temps proche. Lʼun des personnages, Albert Dabrowski, dit : « Le seul problème étant quʼelle est comme la révolution de lʼimprimerie de Gutenberg, qui a été suivie de quatre cents ans de guerre sanglante. Soudain, les gens se sont retrouvés exposés à plus dʼinformations que jamais auparavant. Ils ne disposaient pas de systèmes pour les traiter ou distinguer la vérité des mensonges. Ils étaient dépassés. On en est au même point. Et lʼhumanité nʼa pas le temps de subir quatre cents ans de guerre sanglante en ce moment. » Pensez-vous que la quantité écrasante dʼinformations que nous consommons chaque jour est lʼune des principales raisons pour lesquelles les défis liés à la survie ne sont pas pris au sérieux ? Naomi Alderman Jʼai réalisé une émission pour la radio BBC sur ce que jʼai appelé « la crise de lʼinformation » que nous traversons en ce moment, qui est une période de débordement en termes dʼinformations que nous recevons. Nous sommes tous dépassés. Ce débordement nous rend anxieux et en colère. Il nous fait peur. Nous avons tendance à nous replier sur nos certitudes. Nous nous accrochons à un fait que nous connaissons avec Rebecca Amsellem Vous avez travaillé en étroite collaboration avec une autre papesse de la science-fiction féministe, Margaret Atwood, que vous considérez comme votre mentor. Vous avez dit dans une interview quʼelle vous avait recommandé de lire des livres qui ont fini par vous faire changer dʼavis. Je suis juste curieuse ici – quels livres vous a-t-elle recommandés ? Comment ont-ils changé votre façon de penser ? Naomi Alderman Elle mʼa recommandé des livres dʼE. O. Wilson. Elle mʼa recommandé beaucoup de choses à lire sur lʼenvironnement, sur le monde naturel, dont elle est une experte, sur les sacrifices humains comme The Highest Altar, sur lʼHolocauste, une biographie de Dieu. Margaret est aussi quelquʼun qui a tendance à recommander tout ce qui attire son attention. Nous avons beaucoup de conversations sur des choses religieuses étranges. « Je dois travailler à me souvenir de ressentir mes émotions au lieu dʼessayer de les réprimer en utilisant lʼintellect » Rebecca Amsellem Vous avez mentionné que vous étiez très intellectuelle lorsque les choses tournaient mal. À un moment de votre vie, vous avez même pensé que vous pourriez traverser votre vie « en faisant juste du latin et de la philosophie ». Parce que cela vous donne la capacité dʼéteindre vos émotions. Comment le fait dʼêtre intellectuelle est-il un mécanisme de défense, un « superpouvoir » ? Naomi Alderman Je suis très intellectuelle. Que puis-je y faire ? Cʼest qui je suis. Quand je me distrais des choses difficiles, je passe un nouveau diplôme ou jʼapprends une nouvelle langue. Et cʼest la raison pour laquelle jʼai beaucoup de diplômes et que je connais beaucoup de langues. Ce nʼest pas comme prendre de lʼhéroïne, de lʼalcool ou jouer pour se distraire des problèmes de la vie, cʼest plus fonctionnel que ça. En revanche, il est toujours extrêmement important dʼapprendre à ressentir réellement ses émotions. Je dois travailler à me souvenir de ressentir mes émotions au lieu dʼessayer de les réprimer en utilisant lʼintellect. Il sʼavère que tout sentiment que vous pouvez ressentir, vous vous en sortirez bien et rien de mal ne se produira si vous le ressentez. Ce sera juste très intense pendant quelques instants, puis cela passera. Mais je dois toujours me le rappeler et toujours essayer de me convaincre que cʼest normal de ressentir ce sentiment à un certain moment. Rebecca Amsellem La question de lʼutopie / de la révolution par lʼimagination – Je nʼai jamais posé cette question à la papesse de lʼutopie féministe mais voilà – Vous, en tant quʼécrivaine féministe, essayez de construire un tout nouveau monde, en lʼimaginant. Un monde dans lequel les hommes et les femmes sont vraiment égaux. Imaginez que vous vous réveilliez un jour dans ce genre de monde après vous être endormie dans le nôtre – quel est le détail qui vous frappe et qui vous fait comprendre que nous vivons dans cette nouvelle société ? Cela peut être un sentiment, quelque chose à lʼintérieur ou à lʼextérieur de votre maison, une pensée aussi… Naomi Alderman Jʼadore le mot « papesse ». Si jʼai changé aussi, ce serait un sentiment de liberté, ou plutôt une absence dʼun certain sentiment. Le monde suit lʼhistoire de lʼincroyablement courageuse Gisèle (Pelicot, NDRL), qui participe au procès de son ex-mari pour ses crimes horribles. Toutes les femmes qui ont vu cette histoire se sont dit : « Mon Dieu, ce nʼest pas seulement le mari, combien dʼautres hommes ont participé ? », cʼest horrible. Vivre dans ce monde (utopique) impliquerait de vivre ce sentiment de « je nʼai vraiment rien à craindre », ce serait un soulagement instantané qui se ressentirait sur vos épaules et autour de vos bras. Liste de choses que je recommande Si vous avez quelque chose à me recommander, une recette de cuisine, un endroit pour aller faire un jogging, un livre à lire, nʼimporte quoi : je suis preneuse, il suffit de répondre à cet email ! Les Glorieuses au festival AMERICA ce week end – La newsletter est partenaire du festival qui a lieu à Vincennes. Je vous encourage à aller voir Megan Clement animer ces deux tables rondes : Si vous voulez gagner deux invitations pour le festival, vous pouvez répondre à cette newsletter en précisant votre livre / chanson / compte Instagram américain préféré 🙂 Le harcèlement en ligne a des conséquences graves : sur la santé mentale des victimes, sur la parole des femmes dans lʼespace public et sur la… démocratie. Cʼest lʼenquête menée par Josephine Lethbridge pour notre newsletter sur les sciences sociales : La Preuve. « Si les femmes tweetent moins, elles deviennent moins visibles, leurs voix sont moins entendues », y explique la chercheuse Luise Kochl. « La misogynie en ligne nʼest pas seulement un problème individuel – plus largement, elle met en péril la démocratie, en réduisant les femmes au silence. » Au procès Pelicot, lʼaccusatrice accusée : « Je comprends que les victimes de viol ne portent pas plainte. » sur Le Monde. Je suis intervenue sur le sujet sur la BBC Radio Scotland ici *** Concours en partenariat avec Les Editions du Seuil *** Gagnez Un désir démesuré d’amitié d’Hélène Giannecchini (rentrée littéraire) Comment vivre ensemble ? En revenant à Roland Barthes, raconte Hélène Giannecchini sur France Culture. Cette réponse est à la mesure de son essai, Un désir démesuré d’amitié, dans lequel elle interroge la place de l’amitié dans notre société. Au travers de cette enquête, parfois photographique, Hélène Giannecchini propose une alternative à la généalogie biologique, familiale, au coeur des représentations contemporaines – cette alternative, c’est la généalogie choisie – comment intègre-t-on à notre Panthéon intellectuel celles et ceux qui n’existent pas au regard de l’imaginaire collectif. « Maintenant je sais que des récits se fabriquent entre les grandes voix de la mémoire majoritaire. Je suis allée chercher mon histoire pour me la donner ». S’il vous intéresse, vous pouvez tenter de gagner en répondant à cet email et en précisant une citation qui vous a, un jour, rendue joyeuse ou joyeux (je me permettrai peut-être de la reprendre un jour en haut de la newsletter) et le fait que vous jouez pour gagner ce livre car il y a deux concours dans la newsletter du jour 🙂 Un désir démesuré d’amitié d’Hélène Giannecchini est paru le 30 août dernier aux Editions du Seuil. (c) Rebecca Amsellem Conversation avec Naomi Alderman, en langue originale Rebecca Amsellem Your books, as you once said, can be characterized with these words “Courage. Curiosity. An interest in the ways that systems of power work”. What attracts you in the mechanisms of how power works ? Find a way to dismantle them ? Naomi Alderman It seems to me it’s a way of taking yourself out of the small, awful things in your life to be able to understand what is actually the big systemic forces at work that are causing those things to happen. So I think that there can be a tendency for big, powerful systems to make the less powerful people within them fight each other for scraps. And in France, you may well be sympathetic to the idea that was, for example, how courtly life works when there was still a king, that the king gets the couriers to fight amongst themselves because then their power cannot be assailed. Some similar things continue to happen, whatever the structure of power is. So whoever has the most influence will like to get the little people fighting amongst each other. When we look at the problems in our lives and we look at perhaps how little we might be fighting over in terms of government resources, in terms of ability to have freedom in our own lives, in terms of fighting for space and time to be heard, fighting for the ability to own our own house, we look at how much some people have and how little we have, then we may be tempted to think, “Oh, maybe something is going on here that is bigger than I need to fight with my neighbor about which one of us gets the government grant for the extra housing”, and more needs to look at why is this distributed in this way. That applies to everything. It applies to power between the sexes, it applies to power between the rich and the poor, it applies to situations between different racial groups and the way that racism works. It applies between different religions. It applies between able-bodied and disabled people. It’s a fundamental part of how human beings work. Power tends to accrue more power unless we stop it. If we don’t stop it, that means that more and more powerful people squeeze the rest of us into fighting over less and less. I guess the answer is that it seems like the top thing we’re thinking about.. Rebecca Amsellem Your first novel, Disobedience, which was later turned into a movie, is a love story between two women living in the Jewish Orthodox community in London. You write about the many similarities between being gay and being jewish in it – especially with this sentence « I have been thinking about two states of being- being gay, being Jewish. They have a lot in common. You don’t choose it, that’s the first thing. […] Every time you meet someone new, it’s a decision. You always have a choice about whether you practice. Practise, of course, means a lot of different things. Probably something different to everyone. You can practice every day, or just once in a while. But if you don’t ever practice, you’ll never know what it could have meant to you. You’ll never know who you might have been. If you don’t practice you’ll probably ever feel awkward claiming that identity: if it has no function in your life, what’s the point of saying it? It’s still there of course. It’ll never go away. But if you don’t practice, it can never change your life ». If you were raised in a very intellectual yet very orthodox environment you are now practicing Judaism in a different way. What did you keep from this time ? Naomi Alderman I certainly kept quite a lot of my values and the idea that what life is about fundamentally is living in accordance with your values. There’s a very good thought from Rabbi Hillel, which was later adopted by Jesus, which is “whatever is hateful to you, that is to say, whatever you don’t like people doing to you, don’t do to other people”. And that seems to me still like very much the heart, the centrepiece of a good solid working morality: don’t allow other people to set the terms of how you behave. I behave in the way that I think is right and not some race to the bottom : whatever other people do, I do the same. On a broader scale, I think something that I still have with me from having grown up as an Orthodox Jew is the ability to bridge divides, to look wider than my own opinions and beliefs. I still have good friends who are Orthodox Jews. I still have family who are Orthodox Jews. I’m not somebody who ever insists that everybody around me has to believe the same thing as me. My Orthodox Jewish friends and family were willing to go on a journey with me where I stopped living in the way that I’d been brought up to live, And yet they still loved me, cared about me, wanted me in their lives. Having lived through that, I want to offer that to other people. We’re in a world now full of culture wars and so on. I don’t tend to believe that you should necessarily stop being friends with somebody because of what their views happen to be. It’s about how they behave, whether they’re still loving and kind. What else? I remember discussing this with a therapist once, and she said, “Oh, you’ve taken cuttings from a tree”. I’ve taken pieces of branches or stems from the plant and their growing roots in my own life. Rebecca Amsellem With your fourth novel, Power, you gave women what very few people did – or should I say non – you gave them electricity, power which gave them a totally different role in society. “You have been taught that you are unclean, that you are not holy, that your body is impure and could never harbour the divine. You have been taught to despise everything you are and to long only to be a man. But you have been taught lies.” I can imagine you received thousands of messages from women – was there one that moved / shocked you more than the others ? Naomi Alderman Yes, I have had a lot of messages, which is always wonderful. I have had some messages from women in Afghanistan, although not very recently, about how powerful they found it and thinking about what would happen in their world if women had the power to electrocute people. I’m incredibly sad about what is happening with women in Afghanistan, and I wish I could give the power to all of them. I think as women in the free world, it is incumbent upon us not to allow ourselves to forget the women that the Taliban want us to forget, which is all of them. The most moving ones often are from young women who have told me that the novel helped them to think differently about their own bodies. I loved it when somebody sent me a message saying, “Why am I feeling so sexy whilst I’m reading this?” And I said, “Well, the reason is that you are imagining what it would be like if you could experience sexual desire for men and look at them and flirt with them without ever having to worry that this would end with sexual assault”, which is a different way to experience sexuality, and women don’t tend to get to experience it that way. Rebecca Amsellem Your new book, The Future, is, in your own words, “about tech billionaires, and their assistants and ex-wives who decide they’re going to have to destroy them.”. You created a future that can definitely be today, or a nearby today. One of the characters, Albert Dabrowski, says “The only thing it’s like is the Gutenberg print revolution and that was followed by four hundred years of bloody war. Suddenly, people were exposed to so much more information than ever before. They had no systems to process it or to tell truth from lies. They were overwhelmed. That’s where we are. And humanity doesn’t have time for four hundred years of bloody war right now. There are so many emergencies to deal with.” Do you think the overwhelming quantity of information we consume every day is one of the core reasons why life saving challenges are not taken seriously ? Naomi Alderman I’ve actually made a programme for the BBC radio about what I’ve called the information crisis that we’re living through right now, which is a time of tremendous overwhelm in terms of the information that we’re all receiving. We are all overwhelmed. That overwhelm makes us anxious and it makes us angry. It makes us frightened. We tend to retreat into our certainties. We grab on to a fact that we know for sure, and then we push away everything else that might seem to give us a different view about things. We can become very blind, very insular, start believing all sorts of strange, weird conspiracy theories. We can tend to get involved in fights over small things rather than big things, which I was talking about earlier on the question of systems of power. It’s a bad time for that to have happened. It is contingent, I think that it didn’t necessarily have to happen at the same moment that we’re living through this enormous environmental crisis. But the fact that we’re living through this environmental crisis at the same time, it’s a really bad conjunction. It means that whilst we’re in this very frightening situation in terms of what’s happening to the planet, we’re perhaps less able to talk to each other than we have been for a long time, which is not to say that there’s not a lot of communication happening, but the communication that’s happening is not very helpful, constructive, thoughtful. We have an expression in English that something Rebecca Amsellem You worked closely with another popess of feminist sci-fi, Margaret Atwood, whom you consider your mentor. You said in an interview that she recommended you to read books that ended up changing your mind. Just being curious here – what books did she recommend ? How did they / it change the way you were thinking ? Naomi Alderman She recommended me books by E. O. Wilson. She’s recommended me a lot of things to read about the environment, about the natural world, which she’s quite an expert in, about human sacrifice like The Highest Altar, about the Holocaust, a biography of God. Margaret is also somebody who will tend to recommend anything that catches her eyes. We have lots of conversations about weird religious things. Rebecca Amsellem You mentioned being very keep on going intellectual when things turn bad. At some point in your life you even thought that you could get through my life “just doing Latin and philosophy.” Because it gives you the ability to switch off your emotions. How is going intellectual a defense mechanism, a “superpower” ? Naomi Alderman I am very intellectual, what can you do? That’s how I am. When I’m distracting from difficult things, I go and take an extra degree or learn a new language. And that’s why I have lots of degrees and lots of languages. So it’s not like using heroine or alcohol or gambling to distract yourself from life’s problems. It’s much more functional than that. However, it is still extremely important to learn how to actually feel and experience your feelings. I have to work on remembering to feel my feelings instead of trying to suppress them using intellect. It turns out that any feeling that it’s possible for you to feel, you’ll be fine, and nothing bad will happen if you feel it. It will just be very intense for a few moments, Rebecca Amsellem The utopia / Revolution by the imagination question- I have never actually asked this question to the popess of feminist utopia but here we go – You are, as a feminist writer, trying to build a whole new world, by imagining it. A world in which men and women are truly equals. Imagine you wake up one day in this kind of world after falling asleep in ours – what is the one detail that strikes you which makes you understand we live in this new society ? It can be a feeling, something inside or outside your house, a thought also… Naomi Alderman I love “popess”, by the way. If I am changed too, then it would be a sense of freedom, or rather an absence of a certain feeling. The world is following the story about the amazingly courageous woman Gisèle (Pelicot NDRL), who is participating in the trial of her ex-husband for these horrific crimes. Every woman who has seen that story, has thought to herself, “God, it’s not just the husband, how many other men participated ?”, it’s horrific. Coming from that (utopian) world is a feeling of “I have really nothing to worry about”, it’s not to say that men don’t have anything to worry about, but I think you would feel it immediately as a lifting off of a painful compression on your shoulders and around your arms.
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